Regain de vie chez les PME manufacturières québécoises


Édition du 19 Mai 2018

Regain de vie chez les PME manufacturières québécoises


Édition du 19 Mai 2018

Ce n’est pas une illusion: tout le monde cherche du monde. [Photo: 123RF]

La vie n'est pas toujours facile dans le secteur manufacturier, et par le passé, bien des PME québécoises ont mangé leur pain noir. Mais, pour paraphraser l'expression célèbre de Mark Twain, les annonces de leur mort ont été très exagérées. Les plus récents indicateurs montrent que l'emploi manufacturier affiche depuis plusieurs mois une vigueur renouvelée au Québec.

La toute dernière édition du Baromètre industriel québécois, produit par l'association Sous-traitance industrielle du Québec (STIQ), revient avec des données éloquentes à cet égard. L'analyse montre que, dans l'ensemble, le secteur manufacturier a connu une bonne croissance en 2017 : les deux tiers des PME ont connu une augmentation notable de leur chiffre d'affaires et 40 % en ont profité pour augmenter d'au moins 5 % leur nombre d'employés.

Vrai, la plus récente enquête de Statistique Canada sur l'état de la population active laisse planer quelques doutes. L'emploi manufacturier a fait du surplace en avril au pays. Mais sur un an, le nombre de personnes actives dans la fabrication de biens a quand même progressé de 38 000.

Il serait téméraire de tenir ces progrès pour acquis, notamment en ce qui concerne les PME québécoises. Encore et toujours, des incertitudes demeurent quant à leur capacité à surmonter les obstacles qui se dressent sur leur route et qui menacent leur durabilité.

Mon collègue Pierre Théroux y revient d'ailleurs plus loin dans le journal (page 52) en signalant notamment les réticences trop fréquentes à investir pour améliorer la productivité, une constatation qu'on retrouve dans le Baromètre. C'est vrai qu'au départ, il arrive que la facture paraisse imposante, mais les PME qui recourent à la R-D et aux technologies de l'information et de la communication (TIC) sont plus nombreuses à voir leurs affaires décoller, selon les données recueillies par STIQ.

On peut débattre longtemps de la question à savoir s'il est vraiment opportun, à un stade donné de son développement, de s'engager dans de nouvelles dépenses. Tout dépend du contexte. Il y a cependant un autre souci encore plus embêtant qui n'épargne pratiquement personne : la difficulté de recruter le personnel nécessaire à la poursuite, voire à la croissance de ses activités.

Ce n'est pas une illusion : la proportion d'entreprises qui disent éprouver des problèmes de recrutement des employés spécialisés est en hausse constante et marquée ces dernières années.

En 2013, elle était de 66 %, pour bondir à 73 % en 2015 et à 82 % en 2017. La tendance est la même pour ce qui est de la rétention de ces employés. Il ne s'agit pas seulement de les trouver, il faut ensuite les garder !

Or, ces employés spécialisés se font de plus en plus rares et sont de plus en plus convoités. Les foires d'emplois - où on courtise des candidats - se multiplient d'un bout à l'autre du Québec. Le rapport de force est en train de s'inverser. Ce sont désormais les employeurs éventuels qui doivent se montrer persuasifs et signaler qu'ils sont les meilleurs. De manière à attirer chez eux les talents recherchés.

Il arrive toutefois que de toute façon, la main-d'oeuvre en demande ne suffise pas.

Les acteurs de la grappe québécoise de l'aéronautique en savent quelque chose. Début mai, leur forum, Aéro Montréal, lançait une vaste campagne de promotion pour inciter les jeunes et les moins jeunes à envisager un avenir dans l'aéronautique. Nom de code : Ose créer l'avenir.

C'est un milieu paradoxal que celui-ci : il fait régulièrement les manchettes quand il va mal et qu'on doit licencier des travailleurs, mais moins souvent quand il s'envole et a besoin de renfort. Au final, le message est évidemment mal perçu. Avec comme résultat qu'il est en manque chronique de travailleurs spécialisés, qui pourrait atteindre 30 000 personnes d'ici 10 ans en comptant les départs à la retraite.

Les très grandes entreprises comme Bombardier, CAE, Pratt & Whitney et les autres vont certainement passer le râteau et ramasser tout ce qui bouge.

Or, dans cet écosystème aéronautique, on trouve aussi des dizaines de PME sous-traitantes, dont la capacité à produire est vitale pour les grands donneurs d'ordres. Elles n'ont pas les mêmes moyens, et, souvent, ne peuvent pas offrir les mêmes conditions d'emploi. Si la base s'affaiblit, faute de ressources, les entreprises au sommet risquent elles aussi de s'affaiblir.

Le secteur manufacturier de l'aéronautique est un exemple frappant, mais il n'est pas le seul. C'est pareil en TIC autant que dans l'agroalimentaire. Tout le monde cherche du monde. Et la cannibalisation entre entreprises proches, malheureusement, n'est pas exceptionnelle.

Si, au moins, on pouvait réaliser, comme société, que l'industrie manufacturière ne se limite plus aux filatures de jadis et autres du même genre. Cette image d'un passé révolu handicape encore le secteur dont la seule mention est associée par certains à des usines insalubres assorties d'emplois mal payés.

Il en reste encore des relents. Tout n'est pas parfait. Il serait toutefois important de comprendre que les PME modernes qui soutiennent ce vaste secteur contribuent directement à créer de la plus-value, donc à notre prospérité collective. Il ne faudrait surtout pas sous-estimer leur contribution.

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