Pour un job: «Go East, young man!»

Publié le 11/01/2016 à 09:57

Pour un job: «Go East, young man!»

Publié le 11/01/2016 à 09:57

(Photo: Shutterstock)

La fin d’année n’aura pas été glorieuse pour le marché de l’emploi au Canada, et elle perd encore un peu plus de son lustre quand on va au-delà des chiffres bruts.

Donc, selon le relevé mensuel effectué par Statistique Canada, quelque 23 000 emplois supplémentaires sont apparus en décembre. Apparemment pas si mal, mais dans les faits, ce gain est essentiellement dû à l’arrivée sur le marché de 40 000 travailleurs autonomes, alors que 17 000 emplois salariés ont été perdus, moitié moitié par les secteurs public et privé.

Qui plus est, c’est le travail à temps plein qui a le plus souffert.

Pas de quoi pavoiser… de toute évidence, la situation de l’emploi demeure fragile au pays. Souvent, se déclarer comme travailleur autonome revient  à reconnaître qu’on n’a pas vraiment le choix, et non pas à choisir de se débrouiller par soi-même.

Un autre élément vient renforcer l’impression d’une économie poussive.

Tant en décembre que pour l’ensemble de l’année, c’est surtout aux hommes et les femmes de 55 et plus que les nouveaux emplois ont été attribués (+ 220 000 sur 12 mois). Mais encore une fois, les plus jeunes, eux, ont souffert : on signale une perte de 48 000 emplois chez les 15-24 ans en 2015.

Et une cassure se confirme entre l’Ouest et l’Est du pays.

Au centre, l’Ontario a bien fait en gagnant 35 000 emplois en décembre : le portrait est encore plus encourageant si on considère le bilan détaillé, une progression de 42 000 postes à temps plein qui s’accompagne d’un recul de 7 000 à temps partiel.

Aucune des provinces situées à l’ouest n’a affiché de bilan positif. Toutes ont vu leur effectif glisser.

Le Québec ne s’en tire pas si mal, même s’il demeure affligé de ce mal récurrent qu’est une dépendance aux emplois à temps partiel: +22 400 en décembre, alors que quelque 10 000 emplois à temps plein se sont évaporés, pour un solde final positif de près de 13 000.

Et dans l’Atlantique, on note peu de mouvements, bien que le marché reste instable à Terre-Neuve, où la faiblesse des cours du pétrole fait mal, proportionnellement autant qu’en Alberta.

Autrement dit, on doit maintenant s’en remettre aux deux grandes provinces manufacturières, Québec et surtout Ontario, pour mener la charge, en autant que l’avantage d’un huard souffreteux se fasse sentir et profite aux exportations, comme le souhaite le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Polosz.

Mais le pays ne pourra rouler indéfiniment avec des cylindres en moins. L’année 2016 risque à son tour d’être blême en terme de performance économique globale pour le pays. Et le nouveau gouvernement libéral aura fort à faire pour ne pas voir sombrer les finances du pays dans l’encre rouge foncée, d’autant plus que la réalisation de ses nombreuses promesses sera coûteuse.

En passant, au dernier décompte, seules deux provinces ne tomberont pas en déficit en 2015-2016 : la Colombie-Britannnique, qui profite de quelques années passées plus vigoureuses, et le Québec, qui cherche à maintenir le cap de la rigueur dans les dépenses. Mais si la situation d’ensemble ne s’améliore pas, si l’économie canadienne continue de s’enfarger, si les paiements de transfert en souffrent… il faudra ici se croiser les doigts et se souhaiter bonne chance pour la suite. 

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