Pense-t-on, au Québec, que le gouvernement doit s’occuper de tout parce qu’on paie assez de taxes et d’impôts ? C’est la question qui se pose avec la publication des données les plus récentes sur les dons de charité et le bénévolat à travers le Canada.
Encore une fois, le Québec est à la traîne, selon Statistique Canada qui faisait paraître le bilan pour 2010 il y a quelques jours. À travers le pays, et c’est une constante, nous nous classons bons derniers pour ce qui est du don annuel moyen : 208 $, moins du double de la moyenne nationale, 446 $. C’est dans l’Ouest du pays que les gens sont les plus généreux. Et qu’on ne vienne pas dire que c’est une question de richesse : au Nouveau-Brunswick, qui n’est pas réputé pour être particulièrement fortuné, la moyenne est de 380 $.
D’accord, il se peut que les Québécois ne réclament pas tous leurs reçus et qu’ils ne soient pas très portés à faire valoir leurs dons. Une simple question de négligence, en somme. Désolé, mais l’explication ne tient plus dès qu’on considère l’autre volet des résultats de Statcan : le bénévolat.
So-so-solidarité ? Non. Ici aussi, nous sommes bons derniers au pays. Un taux moins élevé de bénévoles, qui donnent moins d’heures en moyenne que les autres : 128 par rapport à la moyenne nationale de 156. Ce n’est pas que le dévouement désintéressé soit absent de notre culture. Il est tout simplement plus aléatoire.
Et après ça, on se fendra de grands discours enflammés sur le sens civique des gens d’ici par rapport à ces matérialistes du reste du pays, qui ne pensent qu’à eux-mêmes… Sommes-nous donc si égoïstes, dans les faits ? En partie. Mais je dirais plutôt que nous avons pris l’habitude de nous en remettre au gouvernement, qui est supposé s’occuper de tout, et l’engagement personnel en souffre. À la longue, cette dépendance envers l'État devient même infantilisante.
En tout cas, la prochaine fois qu’un bien-pensant se vantera de la proximité québécoise et de notre propension à nous entraider, nous, les latins plus détachés de biens de la terre, vous pourrez toujours rappeler où nous nous situons réellement : dans la cave.
