La pilule risque d’être amère pour Pfizer si AstraZeneca continue de repousser ses avances.
Lundi, la multinationale américaine a subi une autre, et peut-être ultime, rebuffade de la proie qu’elle convoite, la britannique AstraZeneca. Même dans l’univers des pharmaceutiques géantes, habituées aux gros chiffres, l’offre était titanesque : 106 milliards de dollars. Pour vous donner une idée, c’est pratiquement deux fois les revenus annuels du Québec.
La direction d’AstraZeneca a fait savoir que cette offensive était « opportuniste », et qu’elle comportait « de graves conséquences pour l’entreprise, nos employés et la science ».
C’est le dernier point qui devrait mériter notre attention et nous inciter à nous ranger dans le camp d’AstraZeneca plutôt que dans celui de Pfizer, au-delà des intérêts immédiats des actionnaires. Encore que ce n’est pas la vertu seule qui guide les décisions de la britannique : on laisse entendre que si l’offre était de nouveau bonifiée, peut-être qu’on se laisserait attendrir…
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Il faut souhaiter que non. Le sort d’importantes recherches est en jeu.
Pfizer est aux abois. La société est en train de perdre l’exclusivité de certaines de ses médicaments vedettes (dont le Viagra), dont les brevets vont ou sont déjà devenus caducs. Elle risque d’en pâtir, et sévèrement. En revanche, AstraZeneca est en plein développement de prometteurs médicaments de pointe, notamment en oncologie. Dans les faits, à défaut d’inventer les siens, Pfizer voudrait surfer sur ceux-ci.
Ce n’est pas inhabituel. Mais le président de Pfizer a peut-être été trop candide en admettant que pour rentabiliser la transaction, il passerait à la moulinette les dépenses en R-D d’AstraZeneca. Du coup, il a jeté une grosse ombre sur ses intentions réelles.