On ne doit pas s'inquiéter de la dette du Québec, vraiment ?

Publié le 16/06/2010 à 18:06

On ne doit pas s'inquiéter de la dette du Québec, vraiment ?

Publié le 16/06/2010 à 18:06

Blogue.

Les syndicats sont en négociation serrée avec le gouvernement du Québec, qui vient de dire dans son budget que sa situation financière est serrée et qu’il n’a pas les moyens d’être généreux. Si on peut démontrer que ses finances ne sont pas en si piteux état, peut-être pourrait-on obtenir quelques concessions ?

C’est dans ce contexte, je pense, que l’on doit comprendre la riposte qu’ont présentée, mardi, les dirigeants syndicaux québécois accompagnés de quelques économistes, dont Louis Gill, professeur de l’UQAM à la retraite, qui monte régulièrement aux barricades sur ce sujet. Deux arguments principaux : la dette doit être mise en relation avec la croissance économique et sa proportion du PIB est moins désastreuse qu’on le prétend.

PLUS : Dette publique : plusieurs comparaisons ne tiennent pas la route, selon des économistes et des syndicats

Disons que je dois 50 000 $ et que mon salaire est de 60 000 $, Si ma dette grimpe à 60 000 $ alors que mon salaire, lui, monte à 75 000 $, ma situation ne s’est pas détériorée. Théoriquement. Mais il me faut prendre la pari que je serai plus riche d’année en année. C’est faisable.

Sauf qu’il arrive des imprévus, des crises, des récessions…et c’est là que le poids de la dette peut devenir intenable. Les banquiers choisissent habituellement ce moment pour appeler, qu’il s’agisse d’individus ou d’organisations. Miser sur la croissance pour faire contrepoids à la dette demeure risqué.

La proportion au PIB, maintenant. Est-elle de 94 %, comme certains l’ont soutenu récemment (en incluant notamment la portion de la dette fédérale qui revient au Québec, sur une base per capita) ? Non, dit Louis Gill, qui soutient qu’elle serait plutôt de 60 %, parce que le Québec n’aurait pas à répondre de décisions qui ont été prises à une autre niveau…

Cet argument est encore plus mince. Cette dette fédérale existe parce qu’Ottawa rend d’autres services, reliés à l’économie, aux relations internationales et compagnie. Qu’on le veuille ou non, qu’il y ait duplication ou non, ces services profitent à l’ensemble du pays… dont le Québec. On ne peut pas simplement dire : « Ça ne nous regarde pas ». Si c’était le cas, il faudrait soustraire du PIB québécois toutes les activités qui sont liées, ici, à l’exercice fédéral : les postes, les centres de recherche, les contrats pour CAE… ce qui réduirait d’autant ce fameux PIB et ferait de toute façon grimper cette fameuse proportion.


Désolé. Qu’on la regarde sous toutes les coutures en tentant de l’amoindrir, notre dette est hautement préoccupante, et elle va s’aggraver mécaniquement avec les inévitables hausses de taux d’intérêt à venir. Prétendre le contraire relève d’un jovialisme idéologique.

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