Si le Plan Nord finit un jour par livrer ses promesses, on pourra remercier bien des acteurs de soutien, y compris ceux qui gravitent autour de la future stratégie maritime du Québec. Et inversement, la réussite de cette stratégie dépend en partie de la vigueur des futurs développements dans le Nord.
Ce sont là des liens inattendus dont l'importance a été révélée lors de la dernière édition d'Objectif Nord, cette série de conférences présentées par Les Affaires et qui en était à sa septième mouture, le mardi 28 avril, à Québec.
Une vérité essentielle a alors été soulignée : la mise en valeur des ressources du Nord dépasse les clichés et les préjugés habituels. Oui, le prix des métaux de base est déprimé et l'industrie minière - concentrée sur le fer et le cuivre - est sur la défensive. Elle espère ardemment que le cycle repartira à la hausse, comme l'ensemble des parties prenantes engagées dans le Nord québécois : au lieu des développements attendus, on a plutôt encaissé des revers, ces derniers temps, comme la fermeture de la mine de fer du lac Bloom, de Cliffs Natural Resources, près de Fermont.
Mais les rêves inspirés par le Nord vont bien au-delà du raffermissement des prix. Il y a les avancées de la mine de diamants Renard, loin au nord de Chibougamau ; les espoirs que suscite le projet Nemaska Lithium, dans la région de la baie James ; ainsi que l'immense potentiel de la future mine Royal Nickel, au nord-est d'Amos, en Abitibi. Et c'est aussi la perspective d'une nouvelle offre touristique au fur et à mesure que de vastes territoires deviendront accessibles grâce aux routes qu'il faudra construire pour atteindre les chantiers.
Comment s'intègre le Saint-Laurent dans ce grand ensemble ? Simple. Ce n'est pas tout de mettre en valeur les ressources du Nord. Encore faut-il les transporter, comme il faut transporter tout le matériel nécessaire aux travaux. Saviez-vous que les 13 sociétés membres de l'association Armateurs du Saint-Laurent, établie à Québec, possèdent 130 navires ? Et qu'elles sont en mesure de ravitailler même l'Extrême-Nord du Canada, au-delà du cercle arctique ?
Son président, Martin Fournier, a signalé à l'auditoire que les sociétés membres de son association étaient prêtes à prendre en charge une partie du transport de marchandises qui résultera de la mise en valeur du Nord.
Le ministre responsable de la stratégie maritime, Jean D'Amour, a assuré lors de la conférence que les détails du programme allaient être dévoilés incessamment. Il faut l'espérer, comme il faut espérer qu'il s'agira d'un programme vigoureux qui ira plus loin que les paroles. Le Québec a désespérément besoin d'étincelles pour relancer l'économie. Si les navires de nos armateurs, ainsi que les infrastructures portuaires du Saint-Laurent, peuvent y contribuer, tout le Québec en sortira gagnant.
