Marchandisation de l'éducation ? Quelle marchandisation ?

Publié le 09/04/2012 à 13:47, mis à jour le 09/04/2012 à 20:53

Marchandisation de l'éducation ? Quelle marchandisation ?

Publié le 09/04/2012 à 13:47, mis à jour le 09/04/2012 à 20:53

Blogue. Dans la contestation étudiante actuelle coexistent bon nombre de revendications hétéroclites.

Certaines portent sur la hausse des frais de scolarité. On peut apprécier ou non mais elles demeurent légitimes.

D’autre englobent toutes sortes de perceptions tordues du milieu de l’éducation, qui se traduisent, par exemple, par des pancartes qui portent sur l’abominable « marchandisation de l’éducation ». C’est aussi ce qui nous vaut des discours étranges sur le fait que la politique de hausse des frais s’accompagne d’une volonté rampante de subordonner l’université aux grand capital.

Et vous voudriez que le public s’y retrouve ? Qu’il se range massivement derrière des protestations aussi éclatées ?

Permettez-moi vous raconter une histoire qui remonte aux années 1960, à l’Université Laval, à Québec.

À l’époque, on voulait y construire un pavillon dédié aux services aux étudiants mais les fonds faisaient défaut. Les dirigeants ont donc fait appel à la communauté pour obtenir des dons. Une personne est alors arrivée avec un chèque d’un million $, une somme considérable qui couvrait l’ensemble des coûts de construction. En contrepartie, elle demandait que ledit pavillon porte son nom. Une requête raisonnable, même si encore inhabituelle à ce moment-là.

Il y avait cependant un os. La personne en question était Maurice Pollack, un riche commerçant qui possédait de grands magasins à rayons à Québec et à Sherbrooke…et qui était juif. On le sait, dans la communauté juive existe depuis longtemps ce réflexe de redonner à son milieu. Il y avait d’autres gens fortunés à Québec. Lui seul s’était avancé.

Je ne sais pas si c’est vrai, mais l’histoire veut que cette proposition ait provoqué une commotion au sein de la bourgeoisie de Québec. Pensez, une université catholique – c’était dans sa charte – affichant en son sein un patronyme juif !

L’histoire veut aussi que le recteur de l’époque, Mgr Parent se soit impatienté. Ce monseigneur Parent était le même personnage éclairé dont le fameux rapport allait inspirer quelques années plus tard la création du réseau des cégeps au Québec. Confronté à la possibilité de perdre cette importante donation, il aurait dit à ses administrateurs bien-pensants : « Y en a-t-il un autre parmi vous qui soit prêt à verser 1 million à l’université ? Non ? Eh bien taisez-vous et allons chercher le chèque avant que Monsieur Pollack ne change d’idée ! » Ce qui fut fait. Et une fois complété, le nouvel édifice fut baptisé – pardon, nommé – Pavillon Pollack.

Imaginez, mêler l’éducation catholique à un commerçant juif, c’était presqu’un péché. Avons-nous tellement évolué ? Aujourd’hui, parmi ces manifestants aux causes éparpillées, certains protestent contre le fait que des pavillons universitaires portent le nom d’entrepreneurs donateurs, Coutu (pour la faculté de pharmacie de l’UdM), ou Lassonde (pour l’École Polytechnique…) Scandale !

Qui plus est, ces édifices bénéficient alors de meilleurs équipements, les diplômés ont de meilleures chances de réussite et toute la société en profite.

Mais j’oubliais, c’est de la vulgaire marchandisation… Au fond, les contestataires d'aujourd'hui font penser à ces bourgeois bien-pensants d'il y a un demi-siècle : mieux vaut se priver que d'accepter la générosité de ceux et celles qui ont réussi. Et qui sait, peut-être qu'une « marchandisation » bien menée pourrait aider à réduire les hausses de frais de scolarité ?

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