Le sort incertain des immigrants, entre lune de miel et anxiété


Édition du 04 Juin 2016

Le sort incertain des immigrants, entre lune de miel et anxiété


Édition du 04 Juin 2016

[Photo : Shutterstock]

Il se passe rarement une journée au Québec sans qu'on discute d'immigration. Un des thèmes récurrents a trait au déploiement des immigrants en région, alors que la majorité d'entre eux choisissent toujours de s'installer à Montréal et dans ses environs. Mais pas tous...

La région de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine compte 90 000 personnes. De ce nombre, 1 200 seraient des immigrants de première génération, appartenant à 53 nationalités. C'est déjà plus que ce qu'on aurait pu imaginer, mais les communautés, là-bas, souhaitent en accueillir davantage.

C'est ce que m'ont confié la semaine dernière les responsables du kiosque de cette région, au cinquième Salon de l'immigration et de l'intégration au Québec, qui se tenait au Palais des congrès de Montréal.

Le Salon regroupait cette année un nombre record de 186 exposants représentant des institutions d'enseignement, des métiers, des services d'accueil et d'accompagnement, ou d'autres régions et municipalités telles que la Côte-Nord, le Lac-Saint-Jean, Drummondville, et même les Territoires du Nord-Ouest ainsi que le village atikamekw de Manawan, dont le dépliant touristique était rédigé en français, en anglais et en allemand !

Au-delà des débats politiques existentiels, la réalité est simple : les immigrants sont convoités dans toutes les régions du Québec, qui ont besoin de renfort. Des régions, des entreprises ou des corps de métier combattent déjà une pénurie de talents qui freine leur développement. Mais dans certains coins de pays, la demande est pressante alors que plane le spectre de la dévitalisation. On y a autant besoin de nouvelles familles que de nouveaux entrepreneurs capables de reprendre les commerces de proximité menacés de fermeture, faute de relève.

Est-il naïf de penser que les immigrants qui arrivent au Québec choisiront de s'installer loin des grands centres ? Les occasions sont belles en région, mais comme l'évoque le nom de ce salon, ce n'est pas tout d'immigrer, encore faut-il parvenir à s'intégrer. Et c'est un terme lourd de sens, puisqu'il touche tant à la culture qu'à la langue, au marché du travail, à l'éducation et à beaucoup d'autres aspects de la vie.

Voilà pourquoi on retrouvait pendant ces deux journées plusieurs organismes qui se consacrent à bien encadrer les nouveaux arrivants. Avec des moyens de fortune mais beaucoup de bonne volonté, ces personnes qui agissent sur le terrain remplissent un rôle essentiel en prenant le relais des officines gouvernementales souvent débordées par l'ampleur de la tâche.

Immigrant Québec, qui organise ce salon, publie chaque année le guide «Immigrer au Québec», qui comprend des témoignages, des renseignements pratiques, une présentation des différentes régions et de leurs caractéristiques, des renseignements sur le milieu du travail... et des rappels à la réalité.

Ainsi, dans l'édition 2016, on y trouve une section intitulée «Bien vivre le changement en immigration», sous la plume d'une coach professionnelle, Céline Labbé. Voici comment elle décrit le parcours parfois éprouvant que traversent beaucoup d'immigrants avant de décrocher leur place au soleil.

Au départ, c'est tout nouveau, tout beau. Ils vivent une lune de miel. Vient ensuite l'étape de la prise de conscience, avec les difficultés qui surgissent alors qu'ils cherchent leur voie. Puis survient le moment décisif : celui où il faut choisir sa route en avançant prudemment. Si l'immigrant s'y prend bien, il s'adaptera résolument à son nouvel environnement. Et la réussite - l'adaptation - se concrétisera au bout de cette démarche plus ou moins consciente.

Pas toujours évident, vous en conviendrez. Oublions les notions abstraites : il s'agit d'hommes, de femmes et d'enfants qui rêvent simplement d'une vie meilleure. Bravo à tous ceux qui contribuent ici à réaliser ces rêves !

Leur intégration au marché du travail

L'immigration n'est pas une solution au vieillissement de la population au Québec, mais elle représente certainement un moteur de croissance démographique. C'est la conclusion apparemment paradoxale à laquelle en arrive Thérèse Laflèche, consultante en économie, dans un des chapitres d'un récent recueil, Maximiser le potentiel économique du Québec, publié sous la direction de l'économiste Mario Lefebvre, aux Presses de l'Université Laval.

Ce n'est pas une solution, avance-t-elle, «parce que le flux d'immigration est faible en proportion de la population».

Par contre, sans l'apport de l'immigration, la population du Québec est appelée à diminuer. C'est elle qui fait pencher, même légèrement, la balance du côté de la croissance démographique. «C'est donc en bonne partie grâce à l'immigration que la population active a continué à augmenter ces dernières années», écrit-elle.

Malgré tout, on ne peut pas en conclure que ce renfort permettra de résoudre les problèmes anticipés de pénurie de main-d'oeuvre. Pourquoi ? Parce que le Québec parvient mal à intégrer les immigrants au marché du travail. En 2014, leur taux de chômage atteignait 11 % comparativement à 7 % pour les «natifs».

Il s'agit vraiment d'un enjeu de société important pour le Québec.

De mon blogue

Créativité

Pour que C2 Montréal ne devienne pas C3 Montréal

Cette année ? C'était plus mince, dirais-je, et pas seulement parce que je pourrais être blasé, avoir une impression de déjà vu (been there, done that). Comme si on nous disait qu'on en avait eu pour notre argent les dernières années et qu'il était légitime de rouler sur l'erre d'aller. Ah oui, l'argent. Assister à C2 Montréal coûte cher : environ 3 500 $ pour les trois jours [...] C'est là une observation, pour ne pas dire un reproche, qu'on entend autant chez les participants à l'événement que parmi d'autres qui disent passer tout droit faute de moyens. Comme une des intentions de l'événement est de mettre en contact de jeunes créateurs avec des gens plus expérimentés, il y a là une dissonance agaçante.

À la une

Bourse: nouveaux records pour le Dow Jones et le S&P 500 à Wall Street

Mis à jour le 28/03/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto est en hausse et les marchés américains sont mitigés.

À surveiller: Microsoft, Apple et Dollarama

28/03/2024 | lesaffaires.com

Que faire avec les titres de Microsoft, Apple et Dollarama? Voici quelques recommandations d’analystes.

Bourse: les gagnants et les perdants du 28 mars

Mis à jour le 28/03/2024 | LesAffaires.com et La Presse Canadienne

Voici les titres d'entreprises qui ont le plus marqué l'indice S&P/TSX aujourd'hui.