Le réseau de mentors québécois, une force réelle et originale


Édition du 30 Janvier 2016

Le réseau de mentors québécois, une force réelle et originale


Édition du 30 Janvier 2016

Antoine Najjar est arrivé au Québec en provenance du Liban en 1986, à 39 ans. Il était déjà en affaires chez lui, il a remis ses habits d'entrepreneur et a rapidement monté une société d'importation de literie haut de gamme, en s'adaptant aux goûts d'ici.

Son entreprise, Jonatex Canada, a compté jusqu'à 400 points de vente, tels des noms bien connus comme Simons et Linen Chest. Mais il a dû un jour passer la main à la relève.

Un homme comme lui ne pouvait pas s'imaginer jouer au golf ou partir en croisière jusqu'à la fin de ses jours. Il est alors devenu un mentor pour la relève. Ses connaissances, son expertise et son flair allaient servir à d'autres. Depuis 2012, il a aidé cinq jeunes entrepreneurs, ses mentorés, et travaille encore avec certains d'entre eux.

Antoine Najjar est un digne représentant d'une des grandes forces du Québec en affaires, dont le réseau de mentors sert d'exemple partout dans le Canada. Au 31 mars 2015, on dénombrait 1 900 mentors au Québec, qui accompagnaient 3 780 jeunes entrepreneurs. Ces mentors sont regroupés au sein du Réseau M, de la Fondation de l'entrepreneurship, pour qui c'est devenu la principale activité au fil du temps.

«Il existe bien des façons de concevoir le développement économique et d'y participer, mais pas beaucoup sont aussi simples, efficaces et si peu coûteuses que le mentorat», dit Pierre Duhamel, notre ancien collègue chez TC Media, maintenant directeur général de la Fondation. Peu coûteuse parce que, faut-il le préciser, les mentors sont tous bénévoles. «Et ces jeunes entreprises ont ainsi plus de chances de réussir et de croître en bénéficiant de la sagesse et de l'expérience de leurs aînés aguerris», ajoute-t-il.

Comment en arrive-t-on aux bons maillages entre les uns et les autres ? Il faut d'abord recruter des mentors, des gens d'affaires expérimentés qui disposent de temps libre et qui sont enclins à épauler de plus jeunes entrepreneurs. Ces volontaires doivent ensuite être formés. On ne les envoie pas dans le trafic tout de go. Ils doivent apprendre à agir, à ne pas se mettre à faire le travail eux-mêmes ni à conseiller à outrance, mais doivent plutôt aider les jeunes entrepreneurs à réfléchir et à considérer les différentes solutions.

«Les entrepreneurs se retrouvent souvent isolés. Le seul fait de les inciter à prendre un temps d'arrêt et de réfléchir à voix haute est utile», dit Pierre Duhamel.

Une fois l'étape d'apprentissage terminée, les mentors reçoivent leur certification du Réseau M, en plus d'une couverture par une police d'assurance responsabilité civile... parce qu'on ne sait jamais ce qui peut arriver, si les choses tournent mal et que l'entreprise dérape. Mieux vaut se protéger.

Les mentorés, eux, sont recommandés, ou ils peuvent s'inscrire sur le site de la Fondation. Celle-ci est en relation avec 76 organismes porteurs - conseils de développement économique ou autres -, qui connaissent leurs candidats et repèrent ceux qui auraient besoin d'un coup de main. La Fondation s'occupe ensuite du maillage.

Il y a quelques semaines, elle annonçait justement une entente importante avec le gouvernement du Québec, qui devrait notamment lui permettre de mettre au point une plateforme technologique pour favoriser ce réseautage.

Finalement, précise Pierre Duhamel, on veille à ce que mentorés et mentors n'appartiennent pas au même secteur d'activité, de manière à éviter tout conflit d'intérêts. On veut aussi, de cette façon, élargir encore plus les horizons.

C'est exactement ce qu'Antoine Najjar a mis en pratique. Comme mentor, il a vécu différentes situations au fil du temps. En outre, il a facilité un transfert d'entreprise en servant d'intermédiaire entre un fils et son père qui, en cherchant à s'entendre, étaient en train de devenir en froid. De plus, le père voyait au départ d'un mauvais oeil l'arrivée d'un étranger dans leurs affaires.

Mais l'entregent et les compétences évidentes de M. Najjar ont aplani les difficultés, et la transmission a fini par se réaliser à la satisfaction de tous.

Un bel exemple de renfort venu d'ailleurs

Aujourd'hui, M. Najjar consacre une bonne partie de son travail de mentor à aider une jeune entreprise à caractère social, Prima Danse, un organisme à but non lucratif. Déjà bien établie à Montréal, elle cherche à étendre son réseau vers l'Est du Québec, avec une première antenne à Québec. Sa mission ? Agir auprès des jeunes, surtout en milieu défavorisé, en proposant un mode de vie sain grâce à la danse.

Jusqu'à maintenant, Prima Danse a offert quelque 700 ateliers dans des écoles et attiré environ 10 000 participants.

Généreux de son temps, Antoine Najjar m'avait demandé en contrepartie de dire un mot sur cette jeune entreprise aux belles ambitions. Voilà qui est fait. Il veille bien sur ses jeunes, M. Najjar...

Si je peux me permettre, au-delà de la célébration du rôle et de la contribution des mentors en affaires, il illustre par son seul exemple l'importance pour l'avenir du Québec du renfort venu d'ailleurs.

De mon blogue

Péréquation

Le beurre et l'argent du beurre, version Québec

La Communauté métropolitaine de Montréal vient de rejeter le projet de pipeline Énergie Est de la société TransCanada [...]. Nous pouvons poser des conditions au développement que d'autres ne posent pas. C'est concevable. Mais le Québec ne peut pas bloquer systématiquement les projets qu'on lui présente en invoquant une part de risque. Le risque zéro n'existe pas. Ou bien, pour être conséquent, il devra consentir à une réduction des paiements de transfert. C'est la vieille histoire du beurre et de l'argent du beurre. On ne peut pas avoir les deux. Il faut prendre fait et cause pour le développement, un développement réfléchi et ordonné, mais un développement réel. Et cesser de faire la fine bouche en nous remettant aux autres pour nous faire vivre.

Suivez René Vézina sur Twitter @vezinar

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