Le Quartier de l'innovation fait un pas de plus


Édition du 21 Octobre 2017

Le Quartier de l'innovation fait un pas de plus


Édition du 21 Octobre 2017

La course est officiellement commencée pour l'obtention des supergrappes industrielles, programme de près d'un milliard de dollars lancé en mai par Ottawa afin de soutenir l'innovation en misant sur un rapprochement entre le milieu de la recherche et celui des affaires.

Ici, le terme «grappes» éveille quelques souvenirs, puisqu'il nous rappelle un lancement quasi similaire en 1991, au Québec, du temps de Robert Bourassa, sous l'impulsion de son ministre de l'Industrie et du Commerce qui s'appelait... Gérald Tremblay, élu plus tard maire de Montréal. Le principe était essentiellement le même : réunir les acteurs dominants dans un secteur clé pour constituer une masse critique et accélérer ainsi son développement.

Cependant, l'initiative fédérale se distingue par au moins deux aspects : le budget qu'on lui alloue est important, encore qu'on se demande comment il sera distribué, et l'accent est mis impérativement sur la mise au point d'innovations de haut niveau, réalisables et en mesure de s'imposer commercialement à l'échelle mondiale.

C'est pourquoi les enchères étaient élevées : des dizaines de projets soumis, seuls neuf ont été retenus en présélection, dont deux nichés au Québec, sur l'intelligence artificielle et la mobilité dans les transports (aériens et terrestres). Au terme du processus, cinq recevront finalement l'imprimatur.

Une première initiative vient d'être incluse dans la courte liste des neuf : une supergrappe axée sur tout ce qui touche l'économie océanique, pilotée par un consortium de Halifax. Le lien avec l'environnement des Maritimes est évident. Encore faut-il que l'offre se démarque par rapport aux autres.

On verra la suite. Le ministre de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique du Canada, Navdeep Bains, a rappelé qu'il ne s'agissait pas d'attribuer à chaque région du pays une supergrappe, mais bien de retenir les meilleures, où qu'elles se situent. Le choix final devrait être connu au début de 2018. Les enjeux sont énormes, les projets retenus pouvant se réverbérer partout dans le monde. C'est le but. Fort bien.

Toutefois, l'idée même d'innovation fait son chemin au jour le jour, indépendamment des décisions gouvernementales, parce que les institutions, les entreprises et les individus ont compris que c'était le passage obligé pour des lendemains qui chantent.

Le travail a déjà débuté. De là, à Montréal, la mise en place du Quartier de l'innovation, dans le secteur de Griffintown, même s'il compte entre autres sur la participation de l'Université McGill, et depuis peu, de l'UQAM et de l'Université Concordia. Griffintown, c'est ce milieu historiquement industriel et ouvrier, à forte composante irlandaise, situé au sud-ouest du Centre Bell, dans l'environnement de l'École de technologie supérieure (ÉTS). Un milieu en ébullition se caractérisant par une forte activité de construction résidentielle, mais aussi par l'émergence de start-up qui y trouvent un terreau fertile.

Encore faut-il lui donner une personnalité. On a donc formé, en 2013, un organisme sans but lucratif qui en gère et en coordonne les activités. Une des plus intéressantes a vu le jour en juin dernier : avec ses partenaires ÉTS, Vidéotron et Ericsson, le Quartier de l'innovation a mis en place le Laboratoire à ciel ouvert de la vie intelligente.

Qu'y fait-on ? D'abord, on y teste des innovations applicables dans la vie de tous les jours pour rendre les villes plus intelligentes et conviviales. Par exemple, pourquoi ne pas placer des antennes dans les candélabres (les «lumières de rue») afin de faciliter l'accès au Wi-Fi partout dans la cité ? Comment accélérer la domotique ? Comment fournir aux citoyens une meilleure information en temps réel ? Réponse : avec - et c'est ce qui caractérise le Laboratoire - des volontaires pour essayer les prototypes et relayer leurs commentaires, par exemple des étudiants qui logent à proximité dans les résidences de l'ÉTS.

Beau programme, qui devient aujourd'hui plus accessible : le 12 octobre, on lançait le portail labvi.ca (Laboratoire à ciel ouvert de la vie intelligente).

«Ce que nous proposons, c'est un vrai terrain de jeux pour tester des projets et, éventuellement, les intégrer dans la ville», dit Damien Silès, directeur général du Quartier de l'innovation. L'invitation est ainsi lancée à tous - chercheurs, entreprises et citoyens - de déposer un projet lié à l'idée de ville intelligente, avec l'objectif ultime d'améliorer la qualité de vie. Un comité formé de représentants de partenaires sera chargé de la sélection, et les lauréats profiteront au départ d'un appui logistique solide.

Initiative essentiellement montréalaise, ce Quartier de l'innovation et son Laboratoire ? Pas tout à fait. Dans les bureaux de l'organisme qui le gère, on trouve Neoshop, une vitrine qui offre toute une gamme de produits innovateurs : un canapé gonflable, des vêtements anti-UV, des stations de recharge pour téléphones intelligents, un système pour transformer un vélo en triporteur... et l'offre ne cesse de s'accroître.

Dans quelques mois, l'équipe du Quartier de l'innovation va prendre la route du Québec pour faire valoir ces produits parfois intrigants, toujours accrocheurs. C'est une vitrine mobile, en somme... Et si en chemin on lui propose de nouveaux produits, tant mieux !

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