Pourquoi ? Parce que même si, globalement, l'économie canadienne souffre de l'écroulement du prix des ressources, l'économie américaine, elle, file pleins gaz, bien que le rythme débridé de la croissance du troisième trimestre (5 %) se soit adouci au quatrième (2,6 %). Les Américains ont beau redevenir protectionnistes, ils restent nos principaux clients. En outre, avec une différence du taux de change qui atteint maintenant 25 %, les exportateurs québécois aventureux et efficaces auront beau jeu.
Autrement ? «L'économie mondiale sera sous le signe de la morosité», souligne François Dupuis. La déflation s'installe en Europe, ce qui n'augure rien de bon. On présente maintenant des obligations à taux négatif en Allemagne... parce qu'on craint que les prochaines à être offertes sur le marché soient encore plus minimes. C'est dire d'une économie réputée pour être la plus solide en Europe. De plus, en raison de l'effritement des cours du brut, il faut s'attendre à des tensions géopolitiques un peu partout dans le monde, avertit-il.
Sébastien Lavoie, à qui on avait demandé de regarder de plus près l'économie canadienne, est clair : elle sera à la remorque de l'économie américaine. Il a d'abord évoqué une «collision» entre les économies de l'ouest et de l'est du pays, reconnaissant un renversement du rapport de forces. Reste que l'excellent momentum observé aux États-Unis se reflètera chez nous, croit-il, même s'il prévoit un redressement progressif de la devise canadienne à 85 cents par rapport au dollar américain, alors que la firme Goldman Sachs, elle, le voit glisser jusqu'à 71 cents d'ici la fin de 2016.
Et le Québec ? «Ce sera une bonne année pour les manufacturiers», dit d'entrée de jeu Stéfane Marion. On n'avait jamais vu ça : la baisse du dollar canadien a atteint plus de 20 % en 24 mois. En même temps, il souligne des enjeux propres au Québec : la forte proportion d'employés liés aux secteurs public et parapublic (26 %), les immigrants dont nous avons absolument besoin et qui peinent à trouver du travail (taux de chômage à 25 %), la fiscalité globale pour les entreprises, plus lourde que n'importe où au pays... Rien n'est gagné.
Des nuages, donc, mais aussi des éclaircies. Saurons-nous profiter des percées de soleil ?