Le jour de la marmotte, version Alcoa

Publié le 22/05/2016 à 15:30

Le jour de la marmotte, version Alcoa

Publié le 22/05/2016 à 15:30

Imaginez que Sydney Crosbie, P.K. Subbban ou Alexander Ovechkin menacent d’aller voir ailleurs, malgré des contrats dûment signés, si on ne renégocie par leurs salaires quand ils viennent de connaître une bonne saison?

Les directeurs-généraux des équipes concernées leur diraient probablement, « le contrat vous protège aussi si ça va moins bien, et qui plus est, vous l’avez signé en toute connaissance de cause ». À la limite, on finirait par s’entendre en contrepartie de quelques garanties, genre, « en échange, on s’attend à ce que tu hausses ton niveau de jeu et que tu te défonces pour l’équipe. »

Un contrat est un contrat. C’est pourquoi la toute dernière offensive d’Alcoa apparaît offensante. Elle demande, et va probablement bientôt exiger, une diminution des tarifs d’électricité pour son aluminerie québécoise de Bécancour.

On a probablement dû se dire, chez Alcoa, « ça a fonctionné une première fois pour Baie-Comeau, pourquoi ne pas recommencer avec le même genre d’arguments ? » Et c’est ainsi que la géante de l’aluminium monte de nouveau au front et demande à Hydro-Québec de revoir les tarifs qu’elle paie pour Bécancour, même si l’entente en cours est vieille de deux ans à peine.

Alcoa ne le dit pas explicitement, mais aucun scénario ne serait écarté si elle n’obtient pas les aménagements demandés, comme ceux qu’on lui a consentis il y a quelques années pour son usine de Baie-Comeau après des menaces qui ne lui ont pas fait honneur. Ça revenait à ceci : « Diminuez vos tarifs ou on ferme ». Ce n’est pas encore aussi clair pour Bécancour mais le ton est le même. Disons que ça commence à bien faire… C’est le jour de la marmotte, version aluminerie.

Oui, il est possible que l’environnement de l’énergie en Amérique du Nord ait changé avec la chute du prix des hydrocarbures, pétrole et gaz naturel, qui alimentent un grand nombre de centrales thermiques aux Etats-Unis. Le prix de l’électricité est en baisse et les consommateurs en profitent, autant les ménages que les entreprises.

Mais il y a deux ans, rien n’était moins sûr. C’est quand même à ce moment qu’Alcoa a obtenu la renégociation – à la baisse – des tarifs d’Hydro-Québec pour son aluminerie de Bécancour. Elle se donnait ainsi une marge de sécurité qui lui aurait servi si les prix s’étaient par la suite envolés.

Ils demeurent encore bas mais la tendance est à la hausse parce que la demande augmente à travers la planète. La carrosserie du Ford F 150, le véhicule le plus vendu en Amérique du nord, est maintenant en aluminium. Plus léger, moins énergivore… D’autres vont suivre.

Tranquillement, le prix de l’aluminium remonte. Après avoir touché un creux récent de 1 400 dollars la tonne métrique en novembre 2015, il se situe maintenant à 1 600 dollars. Le portrait s’éclaire.

Et c’est à ce moment qu’Alcoa débarque avec ses gros sabots ?

Alors qu’on rêve de voir de développer un véritable écosystème avec liens plus intenses entre producteurs et transformateurs d’aluminium au Québec, au-delà de cet asticotage récurrent sur les tarifs d’électricité ?

Au moins, la réaction de ses employés syndiqués avec la FTQ, elle, est rafraîchissante. Leurs dirigeants ont fait savoir, avec raison, que la sortie d’Alcoa allait mettre de la pression et de l’inquiétude sur les travailleurs qui n’en ont pas besoin. Et que, si jamais il y avait une nouvelle entente sur une baisse (encore) des tarifs d’électricité, Alcoa devrait au moins s’engager sur deux fronts : maintenir le niveau d’emplois et continuer à investir dans l’usine pour qu’elle demeure concurrentielle.

PLUS : Le syndicat d'Alcoa à Bécancour déçu de la stratégie de la multinationale

Ce serait la moindre des choses. Le syndicat des travailleurs a bien raison. Est-ce que Québec saura se tenir debout si le ton monte avec Alcoa ?

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