La relève entrepreneuriale, de Paris à Mont-Louis


Édition du 07 Décembre 2013

La relève entrepreneuriale, de Paris à Mont-Louis


Édition du 07 Décembre 2013

BLOGUE. Après plus de 20 ans en affaires, James Atkins voulait passer à autre chose. Cofondateur d'Atkins et frères, de Mont-Louis, il avait travaillé ferme pour assurer la notoriété de ses produits de la mer, des poissons fumés appréciés des connaisseurs. L'heure était maintenant venue de passer le relais.

Mais voilà : les repreneurs ne pleuvent pas, en Gaspésie du Nord, une région où la population est particulièrement vieillissante. Qu'à cela ne tienne : il est allé dénicher le sien à... Paris.

C'est ainsi que, depuis la fin de novembre, Guillaume Thibault est devenu, à 32 ans, le nouveau propriétaire de l'entreprise créée au début des années 1990. Et il s'est établi avec sa petite famille à Mont-Louis.

En fait, celui-ci connaissait déjà Atkins et frères, puisqu'il y avait séjourné comme stagiaire, il y a une dizaine d'années, avant de repartir en Europe. Mais il s'entendait bien avec James Atkins, qui est allé le rechercher à Paris pour l'engager comme directeur de production. Chemin faisant, il a commencé à participer au capital de l'entreprise, dont il est maintenant le seul maître à bord. Une vingtaine d'emplois permanents sont aujourd'hui sécurisés, d'autres pourraient s'ajouter au fur et à mesure qu'on réussira à développer de nouveaux marchés. Ça devrait fonctionner : on gagne à les connaître, les délicieux produits signés Atkins et frères.

Le chapitre se termine bien. C'est loin d'être toujours le cas.

Un feu rouge

Un récent sondage réalisé par la firme CROP pour le compte de Raymond Chabot Grant Thornton révèle d'ailleurs que l'immense majorité des entrepreneurs interrogés (94 %) déplorent l'absence d'une relève pour les PME québécoises, y voyant un danger réel pour l'économie. Qui plus est, ils sont nombreux (30 %) à envisager la retraite d'ici 10 ans ; et la moitié de ceux-ci déclarent que ce sera alors la fin de leur entreprise. Ils ne chercheront même pas à la vendre.

Est-ce parce qu'il se disent que la transmission serait de toute façon problématique ? En tout cas, ce scénario fait peur, surtout quand on se rend compte que 60 % des emplois, au Québec, dépendent des PME.

Heureusement, les entrepreneurs immigrants peuvent contribuer à dénouer l'impasse, et pas seulement en Gaspésie... D'ailleurs, la proportion d'entrepreneurs est significative parmi les immigrants. Par exemple, au Centre local de développement de Québec, on a calculé que la part de ces entrepreneurs venus de l'étranger, pour l'ensemble de la région, est passée de 3 %, en 2004, à 15 %, en 2009 ! Et ce, alors que les immigrants ne représentent que 4,5 % de la population de l'agglomération de Québec.

Mais si se lancer en affaires est déjà compliqué quand on est enraciné ici, imaginez les embûches pour un aspirant entrepreneur immigrant !

C'est l'intérêt du guide Entreprendre au Québec, version 2014, que viennent de lancer les Éditions Néopol à l'intention des immigrants : il présente un tableau clair de l'environnement d'affaires québécois, avec de très nombreuses références, tout en donnant la parole à des entrepreneurs qui ont réussi après bien des efforts à se faire une place au soleil.

On peut y lire, par exemple, le témoignage de Sabiha Merabet, algérienne d'origine, qui a travaillé ferme avec l'appui de l'organisme Compagnie F pour parvenir à concocter un plan d'affaires, puis des pâtisseries orientales qu'elle vend maintenant au marché Saint-Jacques, à Montréal. Son entreprise s'appelle Les Aliments Mansoura. Ou celui de Susa Bernard, originaire de Finlande et maintenant installée à Québec, qui a créé Susa English Lessons pour aider ses clients à devenir bilingues.

Transmettre le flambeau

Il n'est évidemment pas question ici de multinationales, mais bien de PME, pour l'instant modestes ; mais elles ont été imaginées par des gens qui se sont dit qu'il valait mieux prendre leur destinée en main. Petit à petit, ces entreprises grandiront, embaucheront d'autres personnes et participeront à leur manière à la prospérité du Québec.

Encore faudrait-il qu'on reconnaisse la qualité de leur apport et qu'on leur donne une chance de se mettre en valeur. Il y a de plus en plus d'organismes, publics ou sociaux, qui s'activent à leur venir en aide, mais on doit mettre en place les réseaux, solidifier les contacts, amadouer les banquiers... Ce n'est pas toujours évident.En tout cas, à Mont-Louis, Atkins et frères vient de survivre à une étape souvent funeste au Québec, le passage à une deuxième génération d'entrepreneurs. Le saumon fumé n'en sera que plus savoureux.

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