La relance de la mine du Lac Bloom confirme la vitalité du Plan Nord


Édition du 25 Novembre 2017

La relance de la mine du Lac Bloom confirme la vitalité du Plan Nord


Édition du 25 Novembre 2017

Au départ, on avait peine à y croire, mais les sceptiques ont été confondus. Le mercredi 15 novembre, la mine de fer du Lac Bloom, près de Fermont, a été officiellement relancée, trois ans après que l'ancien propriétaire, Cliff Natural Resources, a décidé de la fermer. Le plus étonnant, c'est que le rédémarrage soit l'oeuvre d'une PME, Champion Iron, qui prend ce risque après avoir racheté la mine pour ce qui est, dans ce milieu, l'équivalent d'une bouchée de pain. Faisons un retour en arrière.

À l'hiver 2011, en pleine relance du prix du minerai de fer, l'américaine Cliff Natural Resources, de Cleveland, achète la minière québécoise Consolidated Thompson et sa mine du Lac Bloom pour un montant astronomique de 4,9 milliards de dollars... mais le potentiel, semble-t-il, explique la facture.

Le changement de propriétaire n'affecte pas les activités de la mine. Au contraire, Cliff entend doubler sa production. C'est vers ce moment, en 2012, qu'une mission pilotée par Les Affaires se pose à Fermont, une étape avant sa destination finale, la mine de nickel de Canadian Royalties, dans le Grand Nord. Une trentaine d'entrepreneurs en font partie, intéressés à proposer leurs services en tous genres, autant environnementaux qu'industriels ou financiers. Les retombées éventuelles d'une participation au Lac Bloom sont prometteuses. L'avenir est souriant. C'est alors que le prix du fer s'effondre.

Les plans de Cliff se refroidissent rapidement. Le premier signe en est la fermeture de son usine de boulettage à Sept-Îles, en 2013. L'année suivante, c'est la mine elle-même qui passe au tordeur. Elle cesse ses activités et 400 personnes perdent leur emploi. Elle devient ainsi une sorte de symbole des ambitions apparemment perdues du «Plan Nord».

À Fermont, cet échec est durement ressenti. Après les années de vaches grasses où l'expansion de l'industrie minière se traduisait par des défis liés à sa croissance - où loger et satisfaire tout ce monde ? -, le recul fait très mal. Il reste toujours Arcelor Mittal et ses imposantes mines de Mont Wright et de Fire Lake, dans les environs, mais elle-même envoie des signaux inquiétants.

C'est alors que, en 2016, Champion Iron, de Vancouver, surprend en entrant en jeu. Personne n'a jamais mis en cause la qualité du minerai de fer du Lac Bloom. C'est le prix mondial déprimé et les coûts de production qui ont entraîné la chute de la mine.

Pour 10 millions de dollars, Champion met la main sur l'actif délaissé par Cliff, qui l'avait acheté juste cinq ans plus tôt presque 500 fois plus cher ! C'est une aubaine... pourvu qu'on puisse arriver à en tirer quelque chose. Cependant, si une multinationale a rendu les armes, comment une société qui commence pourrait-elle espérer réussir ? La commande paraît si grosse que beaucoup se demandent si l'idée n'est pas simplement de faire un peu d'argent en soldant ce qui reste des équipements et du site. Un an plus tard, force est de constater que les plans de Champion Iron étaient sérieux, assez, en tout cas, pour lui permettre de recueillir le financement nécessaire à la relance de la mine.

La plus grosse injection de fonds est arrivée en juillet, lorsque Minerai de fer Québec, la filiale de Champion Iron, a conclu un emprunt de 180 M $ auprès de la Caisse de dépôt et placement du Québec, alliée à la firme Sprott Resource Lending, après une étude de faisabilité qui signalait que le projet de relance était viable. Québec a aussi grandement contribué à l'aide d'une série d'investissements qui totalisent 51 M $, ce qui lui procure une participation de 36,8 % dans la mine.

Ainsi, le 15 novembre, on confirmait la réussite de tout ce montage financier et le redémarrage officiel des activités, prévu pour mars 2018. Entretemps, 450 emplois bien payés auront été créés. Si le prix du minerai de fer peut se maintenir au-dessus de 55 dollars la tonne, le pari du retour à la rentabilité sera tenu. À noter, Champion Iron fait également partie du groupe de cinq sociétés qui ont investi dans le quai multi-usager de Pointe-Noire, à Sept-Îles, une infrastructure capable d'accueillir les plus grands minéraliers du monde.

Sur un plan plus large, la relance de la mine du Lac Bloom s'ajoute à d'autres développements pour ce qu'on appelait le «Plan Nord» qui, contrairement à la rumeur, n'était pas mort...

La mine de diamants Renard, de Stornoway, veut embaucher 50 nouveaux travailleurs alors qu'elle passe d'une exploitation à ciel ouvert à une exploitation souterraine. Parallèlement, elle pense pouvoir résoudre le problème de bris de diamants, lors de leur extraction, qui a affecté sa rentabilité.

Si les projets de la mine de lithium Nemaska et de son usine de transformation sont retardés d'un an, comme le rapportait plus tôt notre collègue François Normand sur le site de lesaffaires.com, ceux de Mason Graphite, au nord de Baie Comeau, en revanche, progressent comme prévu.

La grande mine d'or Eleonore, en Jamésie, fonctionne à plein régime depuis plus de deux ans et emploie, aussi bien directement qu'indirectement, quelque 1 200 personnes. De son côté, la minière Tata Steel a repris au printemps ses activités à Shefferville, avec 450 travailleurs, dont 150 issus des Premières Nations.

D'autres projets, solides, sont également en cours.

Oui, le potentiel minier du Québec demeure bien réel. Pour autant qu'on puisse trouver le personnel pour poursuivre sa mise en valeur...

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