La fierté encore au menu des Mercuriades cette année


Édition du 28 Mai 2016

La fierté encore au menu des Mercuriades cette année


Édition du 28 Mai 2016

[Photo : Shutterstock]

Le mois de mai marque - habituellement - le retour du printemps... et celui de plusieurs grands galas d'affaires durant lesquels on salue des entreprises particulièrement méritantes.

C'est le cas, notamment, du gala Dominique-Rollin, de la Chambre de commerce et d'industrie de la Rive-Sud, du gala Arista, de la Jeune Chambre de commerce de Montréal (mais qui couvre pour l'occasion tout le Québec) et, surtout, des Mercuriades, de la Fédération des chambres de commerce du Québec.

Pourquoi «surtout» ? Parce que Les Mercuriades sont devenues au fil des années la célébration ultime de l'excellence, tant dans les grandes entreprises que dans les PME du Québec. Et même si la soirée est devenue plus imposante avec le temps, elle donne toujours lieu à des élans de spontanéité qui montrent que les gens d'affaires restent sensibles aux honneurs que leurs pairs leur décernent.

Le 36e gala des Mercuriades s'est tenu le 16 mai à Montréal, et la soirée a encore fourni des moments revigorants. Par exemple : «C'est capoté d'être rendu ici !» comme l'a lancé avec enthousiasme sur la tribune Serge Lavallée, président du conseil et cofondateur de Jobillico, une PME de Québec récompensée pour la mise au point d'une technologie Web et mobile. Jobillico travaille à faciliter le recrutement de talents en ligne et sert déjà 6 000 clients ainsi que 150 000 candidats.

C'était rafraîchissant d'entendre cette exclamation, tout comme ce l'était de constater que le bassin d'entreprises novatrices et ingénieuses continue de croître au Québec. Les Mercuriades servent en quelque sorte d'antidote à la morosité trop souvent présente chez nous.

Le concours a d'ailleurs été institué dans un contexte particulièrement difficile, où les occasions de réjouissance étaient rares. Retour historique. À la fin des années 1970, l'inflation et le chômage sont en hausse en Amérique du Nord. On craint une récession. Les entreprises sont sur la défensive, ce qui accroît le malaise. La crise paraît imminente.

C'est Marcel Baril, nouvellement élu président de la Chambre de commerce du Québec (comme on l'appelait alors), qui lance en novembre 1979 l'idée d'un concours panquébécois.

À l'époque, m'a-t-on confié plus tard, il se sentait frustré de la façon dont le gouvernement de René Lévesque traitait le milieu des affaires. C'est vrai qu'il n'y avait pas beaucoup de personnalités sensibles aux entrepreneurs dans les premiers cabinets du Parti québécois, jusqu'à ce que Rodrigue Biron soit nommé ministre de l'Industrie et du Commerce en avril 1981. Néanmoins, les relations entre les deux groupes étaient plutôt fraîches, et Marcel Baril s'en désolait.

Il donne alors au regretté Marcel Côté le mandat de mettre sur pied un concours pour célébrer l'excellence en affaires. Le temps de préciser les objectifs, les catégories et les critères, Les Mercuriades prendront finalement leur envol en 1981... en pleine récession. «Petit à petit, j'ai vu se développer un esprit positif à l'égard des entreprises», me dira plus tard Marcel Côté.

Un autre artisan de la première heure avait lui aussi senti le vent tourner. À l'époque, Serge Saucier, alors président et chef de la direction de Raymond Chabot Grant Thornton, était omniprésent dans les milieux d'affaires québécois. «On était en pleine éclosion du Québec inc., et les succès commençaient à poindre, mais il fallait les signaler à l'attention du public», avait-il rappelé en 2005 au journal Les Affaires. «Le besoin de fierté était dans l'air. On l'a tout de suite constaté : les entreprises qui recevaient un trophée des Mercuriades le plaçaient en évidence dans leur hall d'entrée !»

Les grands lauréats des premières années n'étaient pas encore tous très connus du public, mais le palmarès se révèle aujourd'hui impressionnant : la Compagnie d'assurance Desjardins-Laurentienne, en 1981, puis le Groupe DMR, Bombardier Division Transport, Lévesque Beaubien Geoffrion, Cascades, la Banque Nationale, IBM Canada, le Groupe Transcontinental... On peut dire que le tableau d'honneur des Mercuriades est devenu avec le temps une sorte de who's who du milieu des affaires au Québec.

D'ailleurs, dès ses tout débuts, l'initiative a aidé à réchauffer les rapports entre le milieu des affaires et le gouvernement du Parti québécois : en 1982, l'invité d'honneur des Mercuriades était nul autre que... René Lévesque !

La tradition d'excellence, de diversité et d'innovation au sein de l'entrepreneuriat québécois est encore bien vivante. Les lauréats de cette 36e édition le montrent bien.

Par exemple, plus de 600 personnes travaillent pour Chocolats Favoris, de Québec, qui a obtenu l'un des prix dans la catégorie «Entrepreneuriat Raymond Chabot Grant Thornton», tandis que la banque alimentaire Moisson Montréal a été choisie pour son engagement en matière de développement durable. Une vingtaine d'autres entreprises ont ainsi été couronnées.

Ah oui : le prix le plus convoité, celui de l'entreprise de l'année, a été attribué à Optel Vision, de Québec (encore !). Son président, Louis Roy, ému, en a rappelé la mission ; celle-ci consiste à faciliter la traçabilité des médicaments pour éviter que des contrefaçons néfastes n'envahissent le marché. «Notre modèle socioresponsable aide à protéger la vie des enfants», a-t-il affirmé.

Le monde a changé depuis 1981, mais la fierté, elle, se maintient.

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