L'économie hors normes, plus d'avantages que de désavantages


Édition du 03 Septembre 2016

L'économie hors normes, plus d'avantages que de désavantages


Édition du 03 Septembre 2016

[Photo : Shutterstock]

Un citoyen en convainc 3 711 autres de se joindre à lui pour demander à un constructeur automobile de leur vendre directement des véhicules et ainsi obtenir un meilleur prix que s'ils devaient les acheter chez un concessionnaire.

Plus d'une centaine de personnes, restaurateurs professionnels ou amateurs, convient leurs concitoyens à venir déguster leurs préparations en renouvelant l'expérience de la cuisine de rue.

Un promoteur immobilier bonifie son offre en précisant que la formule de copropriétés qu'il propose permettra expressément des locations de type Airbnb.

Qu'est-ce que ces initiatives ont en commun ?

Un, elles ne correspondent pas aux pratiques commerciales traditionnelles.

Deux, elles font rugir les tenants de ces pratiques établies.

Mais qu'on le veuille ou non, ça ne fait que commencer. Qu'on parle d'économie de partage ou d'économie participative, le mouvement est lancé et on ne pourra pas l'arrêter, même s'il étire parfois le cadre des lois en place en bousculant ceux qui ont pris grand soin de s'y conformer et qui, à juste titre, peuvent s'estimer lésés.

Je propose un autre terme, qui lui donne une nouvelle dimension : l'économie directe.

Elle naît d'un besoin donné et ne prétend pas être immuable. Elle répond simplement à un besoin précis que ne satisfont pas les solutions globales.

Une bonne idée, mais...

Prenez ce résident de Saint-Lazare, Benoît Marcoux, sensible au principe et aux avantages de la voiture électrique, mais qui, comme tant de ses concitoyens, voit dans la facture finale (malgré les subventions gouvernementales) un facteur dissuasif. Il n'est pas le seul : bien des gens s'interrogent encore sur l'autonomie réelle de ces véhicules, dont le prix demeure relativement élevé, au bout du compte.

Benoît Marcoux a donc eu l'idée de mettre en application le vieil adage selon lequel l'union fait la force. Cet été, il est parvenu à regrouper 3 712 personnes (lui compris) qui se disaient prêtes à acheter une Nissan Leaf, et il s'est adressé directement à Nissan. Le mouvement avait démarré lentement, mais grâce au bouche à oreille, il a rapidement pris de l'ampleur. D'autant qu'avec une telle masse critique, on pouvait imaginer que le constructeur serait disposé à consentir un bon rabais du fait qu'on éliminait un intermédiaire : les concessionnaires.

Oui, mais comment expliquer ensuite à ces commerçants qu'ils seront privés des ventes de ces voitures électriques qui, on peut l'imaginer, sont appelées à représenter une part de plus en plus importante de leur chiffre d'affaires ? On comprend qu'ils ont dû protester.

Nissan a fini par dire non.

Ce n'est qu'un exemple de cette déchirure entre les pratiques commerciales en place et les demandes aussi fondées que sensées des consommateurs.

Le Restaurant Day joue dans un registre semblable. L'idée, venue de la Finlande en 2011, consiste à encourager les restaurateurs en tous genres à se faire valoir dans leur environnement le temps d'une journée. En tous genres, puisqu'on peut y trouver indistinctement tant des professionnels de la restauration que de simples citoyens fiers de mettre en valeur leurs talents.

L'idée a fait des petits et a évolué. À l'époque, par exemple, ces fêtes urbaines se tenaient à date fixe. Mais fondamentalement, ne s'agit-il pas de briser les cadres traditionnels ? Désormais, ces journées festives se tiennent donc à des dates aléatoires. Au Québec, en 2016, elles ont eu lieu en mai et en août, essentiellement à Montréal, mais aussi ailleurs, comme à Matane, où ce restaurant éphémère du nom de L'éclaté ! proposait notamment des burritos.

Une autre édition de ce phénomène global aura lieu en novembre.

Tout ce beau monde a-t-il cependant payé les permis de circonstance ? A-t-il alors été soumis à des contrôles sanitaires ? Payera-t-il taxes et impôts ? Et qu'en est-il de cette concurrence, même éphémère, pour les restaurateurs en bonne et due forme qui tirent souvent le diable par la queue ?

Évidemment, les restaurateurs qui n'y participent pas ne sont pas contents. Ils l'ont fait savoir à Montréal en exigeant un resserrement des règles, invoquant des normes alimentaires incertaines et l'absence de permis, surtout pour les restaurateurs d'un jour.

C'est légitime. Les commerçants sont soumis à de nombreuses contraintes. Mais de vous à moi, ne pourrions-nous pas arriver à un compromis ? Cette forme d'économie directe peut aider à dynamiser l'économie tout entière. Elle encourage l'innovation.

Et ce constructeur de Québec qui fait la promotion de son complexe de copropriétés - baptisé LB9 - en précisant qu'elles pourront être louées sous l'égide d'Airbnb, fait lui aussi face à de l'opposition. Il faut encore clarifier la question du zonage dans le quartier en question pour être certain que le tout soit bien légal. L'Association hôtelière de la région de Québec a même déposé une plainte à ce sujet. Clairement, le milieu de l'hôtellerie n'apprécie pas ce nouveau type de concurrence.

Néanmoins, la tendance est bien installée. Le rapport aux affaires est en plein bouleversement. Le génie est sorti de la bouteille, et il sera bien difficile de l'y faire rentrer.

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