Il y a moyen de s'entendre sur les régimes de retraite


Édition du 17 Mai 2014

Il y a moyen de s'entendre sur les régimes de retraite


Édition du 17 Mai 2014

Les employés de l'État réclament une hausse salariale annuelle de 4,5 % pour les trois prochaines années, au moment où le gouvernement Couillard dit vouloir s'engager dans une politique d'austérité. Ça sent l'affrontement.

Le ton monte également entre les administrations municipales et leurs employés quant à l'avenir des régimes de retraite. On pressent une empoignade.

C'est une autre version de la fièvre du printemps, et on ne parle pas de celle du hockey des séries éliminatoires : les relations redeviennent tendues entre les différents gouvernements et leurs syndiqués. Comme un feu qui couvait depuis un bon moment et qui risque aujourd'hui de se développer. À cet égard, si le passé est garant de l'avenir, ce n'est guère réjouissant.

La question des négociations sur la rémunération vient tout juste d'être soulevée, mais le débat sur les régimes de retraite, lui, est lancé depuis un bon moment. Alors qu'il semble donner lieu à un dialogue de sourds, qui pourrait entraîner l'adoption d'une loi contraignante, il est bon de souligner que des compromis sont toujours possibles. Les cols bleus de Montréal en ont fait la preuve.

Les cols bleus ? Oui, ceux qui n'ont pas toujours agi de façon exemplaire. Pourtant, voici un exemple qui pourrait bien en inspirer d'autres.

Rappel des faits : à l'automne 2012, par une écrasante majorité (95,4 %), quelque 3 000 cols bleus montréalais ont entériné un changement important dans leur régime de retraite après que la Ville eut fait savoir qu'elle voulait réduire de près de 7 millions de dollars ses versements dans leur caisse. Il a fallu de longues discussions, mais les deux parties sont parvenues à s'entendre sur une solution originale : l'établissement d'un fonds de stabilisation qui réduit la pression sur les finances municipales.

Quelle en est la nature ? En plus des cotisations habituelles, les employés versent maintenant des fonds à même leur salaire dans une caisse distincte appelée Fonds de stabilisation et qui sert de réserve. Si de mauvais rendements causent des déficits dans la caisse principale, on peut aller puiser dans le Fonds pour éviter que la Ville n'ait à combler elle-même le trou. En revanche, si tout va bien et que ledit Fonds accumule des surplus au-delà d'un niveau préétabli, on peut le mettre à contribution pour bonifier l'indexation des retraites des employés. Dans un cas comme dans l'autre, il allège le risque financier que doit assumer la Ville.

Au bout du compte, le partage des cotisations se rapproche dorénavant du principe de moitié-moité réclamé par bien des administrations municipales. Montréal verse 55 % des fonds, les employés 45 %. C'est déjà un relèvement de la participation des syndiqués, entériné par les cols bleus après des pourparlers en bonne et due forme. L'enjeu final visait la pérennité du régime sur lequel s'accumulaient, et s'accumulent toujours, des pressions. Rien n'est acquis. Mais on vient de se donner une meilleure marge de manoeuvre.

«C'est une merveilleuse formule, appropriée pour la gestion de risques», dit Claude Lockhead, associé exécutif au bureau montréalais d'Aon Hewitt, dont il est le chef de la pratique retraite. Il a suivi de près le dossier, puisqu'il siégeait lui-même à la table des négociations au nom de la Ville. «Il convient de féliciter les deux parties, ajoute-t-il, en particulier le syndicat qui a accompli un travail colossal pour informer et éduquer ses membres quant aux changements qui étaient proposés.»

Il reconnaît que, par le passé, les gestionnaires de caisses de retraite ont péché en ne constituant pas de réserves suffisantes. Puisque les rendements étaient bons, qui allait se soucier de la suite des choses ? Les chocs subséquents ont fait mal. De là l'importance de jouer de prudence. Mais sans doute peut-on y parvenir sans devoir imposer ses vues. «En tout cas, dit Claude Lockhead, c'est là une mécanique qui pourrait être avantageusement reprise ailleurs, tant dans le secteur public que dans le secteur privé.»

Des baby-boomers soucieux

On en parle souvent comme d'un groupe homogène, mais dans les faits, les baby-boomers plus jeunes se distinguent de leurs aînés à bien des points de vue, notamment quant à leur rapport avec l'argent. Une étude fouillée montre qu'à cet égard, ils sont nettement moins optimistes.

Cette conclusion est tirée d'un livre blanc, Les baby-boomers et l'argent, que vient de produire CROP pour le compte de la firme Capital One. Le fiscaliste Luc Godbout et le politologue Jean-Herman Guay y ont également contribué.

On y apprend que ceux qui travaillent encore craignent en majorité de ne pas avoir assez d'argent pour leurs vieux jours et qu'ils pensent devoir chercher des revenus même une fois retraités. Ces soucis expliquent peut-être pourquoi ils ne sont pas portés à laisser un héritage : à peine 32 % d'entre eux disent vouloir léguer des biens à leurs descendants, comparativement à 68 % chez leurs aînés. Et ils sont également en train de repenser leurs habitudes de consommation : 71 % déclarent avoir aujourd'hui moins envie d'acheter qu'avant. Ce n'est pas encore le règne de la simplicité volontaire, mais si la tendance à la «déconsommation» se confirme, ce sera l'occasion de repenser notre économie qui repose sur les dépenses sans fin...

Marché du travail

Ça se présente mal pour les 250 000 emplois

Une hirondelle ne fait pas le printemps, et un mois d'avril misérable ne fait pas l'année. Mais disons que le gouvernement Couillard aurait préféré commencer son mandat sur une note plus joyeuse. Selon Statistique Canada, le Québec a perdu 32 000 emplois en avril, dont 23 000 à temps plein. En fait, les données sont même pires, puisque le bilan comprend une perte de 26 200 postes dans le secteur privé, ce qui est plus qu'inquiétant, et un recul de 9 100 dans le secteur public. Oui, il y a eu la météo désolante de ce satané début de printemps, qui n'a pas aidé. Les secteurs de l'hébergement et de la restauration en ont souffert. Mais il n'a pas fait plus beau en Ontario, qui s'en tire avec un gain de 17 600 emplois.

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