Guy Savard: la retraite après avoir fait la pluie et le beau temps

Publié le 02/04/2012 à 15:38, mis à jour le 02/04/2012 à 16:09

Guy Savard: la retraite après avoir fait la pluie et le beau temps

Publié le 02/04/2012 à 15:38, mis à jour le 02/04/2012 à 16:09

[Photo : Bloomberg]

BLOGUE. Vers la fin de 1998, on m’avait chargé d’écrire un portrait de Guy Savard pour le magazine Commerce, et le principal défi avait été de trouver un moment pour lui parler, lui qui brassait alors de grosses affaires comme principal dirigeant de Merril Lynch pour le Québec.

Nous nous étions finalement entendus pour nous retrouver en soirée le 23 décembre dans un restaurant de la rue de la Montagne, au centre-ville de Montréal, mais je me disais bien qu’avec tous ses engagements, nous serions tôt ou tard inévitablement dérangés.

Finalement, le repas se déroule plutôt rondement, je suis en train de remplir mon carnet de notes avec ses souvenirs et ses projets en cours lorsque descend soudainement de la salle de réception située à l’étage… le premier ministre Lucien Bouchard, entourés d’amis qui venaient de célébrer son soixantième anniversaire.

Il aperçoit Guy Savard, pas précisément un allié politique, se dirige vers lui, je me demande s’il y aura des étincelles… mais les deux se tendent simplement la main, échangent quelques paroles cordiales et se souhaitent plein de bonnes choses pour le Temps des fêtes. André Bérard, alors président de la Banque Nationale, qui accompagne le premier ministre, en profite pour lancer en boutade à un Guy Savard rayonnant qu’on peut reconnaître les grands de ce monde aux gens importants qui leur rendent hommage…

La scène m’est toujours restée, et je devais me convaincre qu’elle ne pouvait avoir été arrangée avec le gars des vues. Quand même, il avait plus d’un tour dans son sac, Guy Savard, mais de là à concocter une rencontre fortuite avec le premier ministre pour m’impressionner !

C’est dire, tout de même, comment il pouvait être branché, lui qui était réputé être un des plus formidables rainmakers – au cœur d’importantes transactions – dans les années 1990 au Québec.

Associé au parti libéral fédéral, Guy Savard avait ensuite soutenu le retour de Robert Bourassa à la tête du parti provincial après son exil momentané en Europe. On l’avait ensuite nommé à la tête de la Caisse de dépôt, lors d’une pénible direction bicéphale, Jean-Claude Delorme étant l’autre président.

L’arrivée au pouvoir du Parti Québécois l’avait ramené dans le secteur privé, et il s’était mis à l’oeuvre pour ficeler de gros deals chez Merril Lynch : Quebecor-Sun Media, Provigo-Loblaw, Domtar-J.B. Eddy, la mise au monde de Mega Bloks (aujourd’hui Mega Brands) et bien d’autres. Sans compter qu’il aidait à ouvrir des portes dans le milieu financier new yorkais pour bien des joueurs québécois, à commencer par le gouvernement du Québec lui-même.

Pendant un bon moment, Guy Savard a été omniprésent dans le monde des affaires québécois et il a participé de près à son émergence. La maladie l’avait considérablement ralenti ces dernières années et on peut comprendre qu’à la veille de ses 70 ans, il décide de prendre une retraite bien méritée.

Il devait écrire un livre, m’avait-il dit, qui raconterait les coulisses d’événements importants auxquels il avait été mêlé… Pour l’histoire, et pour la connaissance des ces années déterminantes dans l’évolution du Québec moderne, on peut souhaiter qu’il lui reste assez d’énergie pour nous en faire le récit.

 

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