Il y a indignés et indignés.
En Espagne et en Grèce, là où le taux de chômage chez les jeunes dépasse maintenant 53 %, on peut comprendre l’impatience qui gagne tout un pan de la population qui perd espoir. Toute une génération est en train de faire les frais de l’incurie des dirigeants passés. Mais ici ?
Les plus récents chiffres sur l’emploi, publiés en avril, montrent que le taux de chômage chez les jeunes Canadiens atteint maintenant 13,9 %. C’est déjà trop. Mais au moins, l’espoir demeure. La situation de l’emploi s’est stabilisée au cours des derniers mois, au point où plus de Canadiens sont revenus sur le marché parce que les chances de trouver du travail leur semblent meilleures.
En Europe, l'économie est encore en crise. La Grèce est à deux doigts de déclarer faillite et de sortir – ou de se faire expulser – de la zone euro, l’Espagne et l’Italie s’administrent un remède de cheval pour tenter de revenir sur pied, les Allemands sont te plus en plus exaspérés… le pronostic européen n’est pas joli.
Il se peut que dans trois ou cinq ans, la médecine d’austérité ait fait effet et que les gouvernements concernés aient repris le contrôle de leurs finances publiques. En attendant, la population souffre. À qui la faute ? Au fond, pendant des décennies, tout le monde a été trop content de fermer les yeux et de pelleter le problème par en avant. La stratégie ne fonctionne plus quand on atteint le cul-de-sac.
Nous n’en sommes pas là, pas encore. Et notre situation n’est pas aussi désespérée. Il nous reste des recours. Voilà pourquoi il est insensé de comparer « notre » indignation à la leur, comme d’autres ont eu la prétention de comparer le « printemps arabe » à la crise sur les frais de scolarité.
Dans le fond, certains aimeraient bien dire que ça va aussi mal ici qu’ailleurs. Ça servirait leur cause. Le grand soir serait tout proche... Désolé, ça ne colle pas. Et comptons nous bien chanceux de ne pas être aussi mal en point. Ceux et celles qui ont traversé des malheurs de cette envergure vous diront que ça n’a rien, mais vraiment rien d'exaltant.
