Est-ce la fin de l'Europe as We Know It (and I Don't Feel Fine) ?

Publié le 26/06/2016 à 14:37

Est-ce la fin de l'Europe as We Know It (and I Don't Feel Fine) ?

Publié le 26/06/2016 à 14:37

(Photo: 123rf.com)

C’est ce que chantait R.E.M. à la fin des années 1980, avec un titre réaménagé à ma façon pour illustrer mon état d’esprit.

Pourquoi devrait-on se soucier de la suite des choses ?

Parce que ce qui vient d’arriver au Royaume-Uni représente «le plus grand risque politique au monde depuis la crise des missiles de Cuba en 1962». Rien de moins. Le monde était alors passé à deux doigts d’un affrontement entre les États-Unis et l’URSS.

Celui qui l’affirme n’est pas un deux de pique. Le politologue Ian Bremer dirige l’Eurasia Group, un Think Thank basé à New York, dont les analyses sont régulièrement reprises un peu partout sur la planète. Il est lui-même venu à quelques reprises à Montréal lors de conférences internationales.  Et son avertissement donne froid dans le dos.

Ce qu’il dit? Essentiellement, que l’onde de choc va s’amplifier. Le Royaume-Uni est en voie de se désintégrer avec la sécession maintenant probable de l’Écosse, «et les pays membres de l’Union européenne vont lui faire la vie plus dure possible pour montrer à quel point toute autre tentative de sortie de l’UE serait hasardeuse», a-t-il déclaré sur le site du Business Insider.

Mais l’impact potentiel est bien plus vaste, parce que les possibles dissensions qui risquent de suivre vont miner les fondements mêmes de cette alliance transatlantique qu’est l’OTAN, «le plus important partenariat d’après-guerre», a-t-il ajouté.

Il en beurre un peu épais? Peut-être. Mais il n’a pas la réputation d’une tête brûlée ni celle d’un prophète de l’Apocalypse. J’ai lu plusieurs de ses rapports et je ne l’ai jamais vu aussi inquiet.

À ses yeux, la tentation sera forte de revenir aux politiques du genre «chacun pour soi», sans qu’un leadership collectif ne puisse émerger. Ce serait alors le retour des tensions et des méfiances, ce qui se répercuterait inévitablement sur la santé des économies nationales.

Est-ce vraiment ce qui nous attend si les parties se braquent? Souhaitons évidemment que non. Mais déjà, les discours triomphalistes des politiciens eurosceptiques, à la Marine Le Pen, ne présagent rien de bon, d’autant plus que c’est en bonne partie la peur des réfugiés qui a propulsé le vote pro Brexit, et cette peur existe bien au-delà de la Manche. On ne jouera pas sur les sentiments les plus nobles pour faire avancer ce genre de cause, c’est déjà entendu.

Oui, c’est vrai que les normes édictées parfois de haut par le Parlement européen ont hérissé bien des sensibilités locales. Je me rappelle avoir entendu pester un éleveur de moutons du sud de la France à cause des règlements qui rendaient sa production de fromage de brebis toujours plus compliquée. Quand les contrariétés atteignent votre vie quotidienne, c’est bien difficile de les ignorer au nom du grand projet collectif.

Mais il ne faut pourtant pas oublier que l’Europe, globalement, ne s’entredéchire plus comme elle en avait malheureusement l’habitude. Des conflits sanglants ont éclaté mais ils n’ont pas atteint l’amplitude des guerres continentales.

On ne doit pas redouter pareille issue mais il est certain que cette première brèche risque d’en provoquer d’autres. Et il n’existe pas de scénario clair pour encadrer les prochains épisodes. Ce sera forcément approximatif, donc incertain, avec des partisans du pragmatisme d’un bord et des tenants de la ligne dure de l’autre. Et les malaises à venir ne nous épargneront pas alors même que nous cherchons à diversifier nos marchés au-delà des Etats-Unis.

Il ne reste à espérer que le bon sens l’emporte et que tout le monde baisse le ton en décidant de composer avec les circonstances. À défaut de la meilleure option, mieux vaut choisir la moins mauvaise.

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