Embarrassée, la France parle de sanction... tout en armant la Russie

Publié le 30/07/2014 à 11:55

Embarrassée, la France parle de sanction... tout en armant la Russie

Publié le 30/07/2014 à 11:55

Les grands discours vertueux et la froide réalité économique ne font pas toujours bon ménage.

Parlez-en à la France. Alors que l’Union européenne alourdit les sanctions contre la Russie, le gouvernement Hollande demeure étonnamment discret.

Évidemment, quand un contrat de plus d’un milliard d’euros est en jeu, on y pense à deux fois avant de monter le ton.

Voici l’affaire. En 2011, le gouvernement français (alors dirigé par Nicolas Sarkozy) s’entend pour vendre à la Russie quatre porte-hélicoptères d’une valeur globale d’un milliard d’euros. L’accord prévoit aussi la formation et l’entraînement de 400 marins russes à Saint-Nazaire, pas très loin de Nantes, là où seront construits les navires. La commande est ferme pour deux porte-hélicoptères alors que la livraison des deux autres demeure optionnelle.

N’empêche : le chantier de Saint-Nazaire est en difficulté depuis plusieurs années et ce contrat assure le maintien d’un millier d’emplois pendant quatre ans

Pour l’économie de la région, c’est un baume. Pour les Russes, eux, l’acquisition de ces navires est perçue comme un pas important dans la modernisation de ses forces navales. Selon des experts cités par Le Monde, ce navire, appelé Mistral, est la « pièce manquante de l’armée russe ». Un « bijou » militaire capable de transporter 450 marins et 16 hélicoptères.

Oui mais… c’était avant l’Ukraine, et avant que les relations ne se détériorent entre l’Ouest (et le Japon) et la Russie. Depuis, les Français se gardent bien de dénoncer trop ouvertement Vladimir Poutine, ce qui irrite évidemment ses alliés, à commencer par les États-Unis et le Royaume-Uni, qui qualifie d’«impensable » cette vente. La présidente lituanienne, toujours selon Le Monde, compare l’attitude française à celle qui prévalait dans les années 1930 face à la montée du nazisme.

Les Français ne baissent pas la tête et traitent carrément d’hypocrites les Britanniques, puisqu’il est bien connu que Londres abrite un important contingent d’oligarques russes archi riches, dont la présence consolide naturellement l’économie de la City. Et malgré les dérapages de la politique russe, on les tolère. Devinez pourquoi.

Pendant ce temps, certains, plus pessimistes évoquent même le retour des tensions du temps de la Guerre froide. Pensez-vous que la France aurait armé l’URSS du temps de Brejnev ? Probablement pas. Mais c’était avant la détente et les réalités du commerce international. Quand on a besoin d’argent, il n’a pas d’odeur.

Lorsque les politiciens se fendent d’avertissements solennels tout en encaissant les chèques que leur tendent les délinquants, ils alimentent en même temps le cynisme des populations concernées. La realpolitik n’est pas toujours jolie.

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