De nombreux projets en vue pour Monique F. Leroux

Offert par Les Affaires


Édition du 02 Avril 2016

De nombreux projets en vue pour Monique F. Leroux

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Édition du 02 Avril 2016

Monique F. Leroux entend intensifier son travail à la présidence du conseil de l’Alliance coopérative internationale. [Photo : Jérôme Lavallée]

Il avait d'abord été convenu de mener l'entrevue à ses bureaux du Complexe Desjardins, à Montréal. Mais la veille, Monique F. Leroux a fait savoir qu'elle préférait s'installer dans l'Espace Desjardins, un nouveau lieu aménagé à l'entrée du Complexe. On y trouve entre autres le Desjardins Lab, qui a ouvert ses portes en décembre dernier. Son objectif est d'encourager et de soutenir l'innovation au sein du Mouvement, sous toutes ses formes, en servant de carrefour de créativité où les inspirations se rencontrent.

Que Monique F. Leroux ait choisi ce lieu pour notre entretien n'a rien de fortuit. À quelques jours de son départ, elle continue d'envoyer des messages. À ses yeux, le Mouvement Desjardins, pour sa pérennité, doit résolument maintenir son parti pris pour l'innovation comme il l'a toujours fait.

«Toute notre histoire a été marquée par la volonté d'innover, à commencer par la décision qu'a prise Alphonse Desjardins de créer la toute première caisse populaire à Lévis», dit-elle. Mme Leroux signale également, au passage, la mise en place du réseau des caisses, puis celui du système inter-Caisses, l'implantation des guichets automatiques (les premiers au Québec), l'offre toujours plus grande d'assurances, de produits financiers...

De là découle aujourd'hui une des initiatives dont elle est fière, le déploiement d'ExcentriQ, une plateforme virtuelle qui permet des échanges entre participants au sein de Desjardins, qui fait jaillir des idées et qui mène - quoi d'autre ? - à des innovations concrètes appliquées sur le terrain. Environ 4 000 employés du Mouvement y adhèrent aujourd'hui, en une sorte de remue-méninges permanent.

«Ça va dépasser les cadres du Mouvement. L'Alliance coopérative internationale pourrait tester ici des projets, le Desjardins Lab peut fort bien s'y prêter», dit-elle. On comprend qu'elle s'intéresse au développement de l'Alliance : elle en préside le conseil d'administration depuis décembre dernier. Et elle a l'intention d'y prolonger son engagement au sein de la grande mouvance coopérative, d'autant plus qu'elle aura désormais plus de temps libre...

Moderniser sans perdre son âme

C'est le 9 avril qu'aura officiellement lieu la passation des pouvoirs chez Desjardins. Après ses deux mandats de quatre ans à la tête du Mouvement, Monique F. Leroux cédera alors la place à Guy Cormier, élu le 19 mars. Elle ne cache pas qu'elle éprouvera un pincement au coeur, se disant sereine, même si ce passage suscite toutes sortes d'émotions. «Présider Desjardins se traduit par un engagement constant, sept jours sur sept. Je savais qu'il y aurait un terme. Mais j'ai adoré», dit celle qui publiera sous peu une autobiographie Ma vie en mouvement, aux Éditions Transcontinental (propriété de TC Transcontinental, comme Les Affaires).

Elle qualifie elle-même son mandat de «porteur et fructueux». Son successeur se retrouve aujourd'hui dans une bien meilleure position que la sienne à son arrivée.

Son entrée en poste s'est faite dans un contexte particulièrement difficile. Elle était à peine installée aux commandes que la terrible crise financière de 2008 éclatait. Partout dans le monde, les institutions financières tombaient comme des mouches. Mais Desjardins n'a pas vacillé, le Mouvement en est même ressorti plus fort, au point que Bloomberg News le classait en 2015 au premier rang nord-américain dans son palmarès des World's Strongest Banks.

Ce statut, Desjardins l'a acquis en s'échinant à augmenter sa capitalisation et à resserrer sa gestion... au prix d'efforts parfois durement ressentis et de sacrifices qui ont touché des communautés qui ne juraient autrefois que par Desjardins. On évalue à quelque 600 le nombre de guichets automatiques qui ont été fermés durant son mandat, et à 210 le nombre de caisses et de points de service qui ont dû abandonner leurs activités de 2010 à 2014, surtout en régions rurales où souvent Desjardins était la seule institution financière présente. Dans bien des cas, ce retrait a été perçu comme une trahison, une mise au rancart de l'idéal coopératif.

Même si la proportion de transactions effectuées en ligne n'a cessé d'augmenter au cours de ces années, les gens de ces régions ont mal accepté ces fermetures. Sans compter les ristournes qui ont fondu, malgré la hausse des excédents. Mais allez expliquer aux sociétaires les détails des exigences réglementaires de l'accord de Bâle III, qui exige une meilleure capitalisation dans le milieu financier.

La grogne s'est quand même fait entendre, parfois de façon abrasive. Claude Béland, lui-même ancien président du Mouvement, a même déclaré que «Desjardins avait perdu son âme».

À cette évocation, Mme Leroux fronce les sourcils. «Notre clientèle est passée de cinq à sept millions de clients. Le nombre de transactions a crû de façon exponentielle. Oui, Desjardins aurait pu demeurer dans ses cuisines et lentement décliner dans un milieu de plus en plus concurrentiel. La réalité, c'est que nous servons plus de monde que jamais, avec de plus en plus de produits adaptés à leurs besoins, et un engagement local et régional à nul autre pareil.»

Toujours le plafond de verre

Se sentant directement touchée par la remarque de son prédécesseur, elle transporte le débat à un autre niveau.

«C'est toujours plus tough pour une femme dirigeante de se faire accepter quand on prend des décisions. Dans les commentaires, le ton n'est pas le même. Il est souvent plus dur que pour les hommes. On ne nous fait pas de cadeaux. Nous ne sommes pas encore nombreuses. Prenez le ski de fond comme comparaison. Le premier, ou la première, qui trace la piste, travaille plus fort. Sauf que ça devient plus facile pour les autres. C'est le cas pour les femmes qui accèdent aux commandes.»

Cela dit, elle réitère avec force son adhésion à ce qu'elle appelle l'ADN de Desjardins, qu'il ne faut surtout pas confondre, d'après elle, avec les guichets ou les points de service.

«Une coopérative comme Desjardins repose sur une association de personnes avec une participation démocratique. Nous étions 1 400 à participer au plus récent congrès, en septembre dernier, là où se prennent les grandes orientations. Notre modèle de propriété collective évite les prises de contrôle comme ce qui vient d'arriver à Rona. Il ne devrait pas y voir d'opposition entre performance et esprit coopératif. Chez nous, l'accent est mis sur les personnes, et le sera toujours.»

Et Desjardins déborde aujourd'hui, et largement, les frontières du Québec. L'acquisition récente des activités canadiennes de l'assureur State Farm consolide sa position d'un océan à l'autre. L'élan se poursuit.

Faire rayonner l'expertise québécoise

Monique F. Leroux a été omniprésente sur la scène publique québécoise. Regagne-t-elle maintenant les coulisses ? Pas vraiment. Au contraire : aujourd'hui, le Québec et le Canada, demain, le monde !

Elle entend intensifier son travail à l'Alliance coopérative internationale. L'automne dernier, elle avait déjà commencé à accepter des offres d'administratrice dans les conseils de sociétés à capital ouvert, comme Alimentation Couche-Tard. Sa nomination au conseil de BCE n'attend que d'être confirmée, et la société Michelin lui a déjà fait signe.

Son implication au sein de l'Alliance coopérative internationale la rend encore plus volubile. En son nom, elle se rendra en Italie en avril, et sa première assemblée a eu lieu à Sydney, en Australie. Elle préside maintenant un groupe de travail au sein du Groupement des banques coopératives pour intervenir en leur nom auprès des grandes agences, comme la Banque mondiale... Elle n'aura pas le temps de s'ennuyer.

De plus, elle participera à l'organisation du troisième Sommet international des coopératives en octobre prochain à Québec, une imposante conférence d'envergure mondiale, dont les retombées sont tout aussi importantes.

Elle rêve en outre à la création, à Montréal, d'un centre mondial des coopératives, qui s'appuierait sur l'expérience et l'expertise de la coopération à la québécoise, et qui lui permettrait de rayonner dans le monde.

Ce ne sont pas là des projets banals, mais dans l'immédiat, Monique F. Leroux doit quand même tourner la page sur ce qui a occupé les huit dernières années de sa vie professionnelle.

Son dernier commentaire, en fin d'entrevue ? «Desjardins est et demeure un grand Mouvement», affirme-t-elle.

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