Comment soutenir la vraie croissance entrepreneuriale


Édition du 11 Novembre 2017

Comment soutenir la vraie croissance entrepreneuriale


Édition du 11 Novembre 2017

[Photo : 123RF]

C'est une des remarques les plus éclairantes qu'il m'ait été donné d'entendre depuis un bon moment sur les défis qui se posent aux PME québécoises. Le 25 octobre se tenait la conférence Croissance PME, organisée par les Événements Les Affaires et que j'animais. L'honneur, ou la tâche de lancer les discussions d'e l'après-midi revenait à Marc Dutil, président du Groupe Canam. Pas précisément une PME... mais il connaît leur réalité, et il demeure étroitement associé à l'École d'entrepreneurship de Beauce, dont il a directement contribué à la mise sur pied.

Si vous avez déjà eu l'occasion de l'entendre, vous avez pu constater qu'il ne recourt jamais à la langue de bois. Mieux, il sait interpeller et toucher son auditoire. Voici, entre autres, ce qu'il nous a lancé ce jour-là. En substance. «Quand il est question de la croissance des entreprises, on confond souvent grossir et grandir. Or, ce sont des orientations bien différentes. Si tu as un restaurant de poutines et que tu en ouvres 10 autres dans ton environnement, tu grossis. C'est déjà bien. Mais si tu mets au point d'autres menus, que tu diversifies ton offre, que tu étends tes activités au-delà de ton territoire naturel, tu grandis. C'est moins facile, mais la vraie croissance, c'est ça.»

Bien dit. Mais comment y parvenir ? Surtout, comment surmonter les obstacles qui se dressent inévitablement sur son chemin ? Et ils sont nombreux, comme le révèle notre Grande consultation sur l'entrepreneuriat, qui fait l'objet d'un reportage en page 20. Parmi les obstacles, cette incessante recherche de financement. Combien d'entrepreneurs ont dû réhypothéquer leur maison ou compter sur l'appui sonnant de leurs proches (le love money) pour passer le cap des premières années ?

Par exemple, Louis Garneau racontait que c'est le soutien de sa famille élargie qui lui avait permis de persévérer. D'autres, comme Judith Fetzer, présidente de Cook It (et paneliste lors de la conférence du 25 octobre), se sont privés de salaires pendant de longs mois pour ne pas plomber les finances de leur entreprise émergente. Cook It est maintenant sur une belle lancée, compte plus de 30 employés, et sa présidente peut aujourd'hui se payer, mais cette satanée question du financement demeure entière.

Nouveau : 500 millions de dollars pour les PME

Ce problème explique l'intérêt des nombreuses et récentes initiatives lancées par autant d'institutions financières à l'endroit des PME : le Fonds de solidarité, la Caisse de dépôt, la BDC, les fonds de capital de risque, sans oublier les anges investisseurs et le financement participatif qui gagne en popularité... le robinet est désormais ouvert.

L'enjeu demeure entier pour les «jeunes pousses» qui peinent encore et toujours à attirer l'attention, mais elles peuvent au moins espérer le coup de pouce, impensable encore récemment.

Voici que le Mouvement Desjardins lance une nouvelle offensive, qui s'ajoute à celle de Capital régional et coopératif Desjardins, lancé en 2002 pour soutenir les PME régionales et qui dispose aujourd'hui d'un actif d'environ 1,8 milliard de dollars.

Le nouveau fonds, baptisé Desjardins Capital PME, disposera de 100 millions de dollars dès sa première année, montant qui pourrait être quintuplé au cours des quatre années suivantes. Avec un coffre de guerre d'un demi milliard, le Mouvement se dote de solides munitions pour soutenir la croissance des entreprises québécoises, même les plus petites, puisque le minimum de mise de fonds sera de 100 000 dollars.

À mes yeux, c'est l'élément le plus intéressant de cette nouvelle initiative.

On a entendu bien des fois le même refrain : dès qu'une PME prend son envol, tous les fonds lui courent après. C'est même la surenchère. Encore faut-il toutefois qu'elle survive, et que de l'émergence, elle parvienne au stade de la croissance.

Ses premiers mois d'existence, voire ses premières années, sont souvent laborieuses.

De ce fait, les jeunes pousses se butent régulièrement au scepticisme des investisseurs ou des prêteurs. Qui prendra le risque, sachant que leurs chances immédiates de survie sont douteuses ?

Parallèlement, on se désole collectivement, à grand coup de déclarations émotives, du transfert de «fleurons» vers des mains étrangères.

Pour être conséquent, il faudrait agir sur deux plans.

D'abord, établir un protocole par lequel on détermine des entreprises clés dont l'actionnariat institutionnel québécois est important (Caisse, Desjardins, Fonds, etc.) et dont la propriété ne devrait pas basculer vers l'extérieur.

Ensuite, à l'autre bout du spectre, travailler à soutenir le développement de jeunes entreprises prometteuses, dûment reconnues comme telles du fait de leur potentiel. Avec un soutien financier réel qui dépasse les belles paroles.

Le nouveau programme de Desjardins va dans cette direction. Par ailleurs, on attend toujours des nouvelles d'autres initiatives conçues pour propulser les PME québécoises, une privée, Adrenalys, l'autre gouvernementale, PerforME. L'une et l'autre poursuivent le même objectif. Quoiqu'il en soit, on réalise aujourd'hui qu'il est grandement temps de soutenir l'éclosion de nouveaux «fleurons». La création du Régime d'épargne-actions (REA), en 1979, sous l'impulsion de Jacques Parizeau, a largement contribué à la naissance de ce qu'on appelle le «Québec inc.»

Pourquoi pas maintenant un Québec inc. 2.0 ?

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