Comment le Québec pourrait profiter de la présidence Trump


Édition du 19 Novembre 2016

Comment le Québec pourrait profiter de la présidence Trump


Édition du 19 Novembre 2016

Donald Trump. [Photo : Shutterstock]

La victoire de Donald Trump n'est pas nécessairement porteuse que de mauvaises nouvelles pour l'économie du Québec. Mais pas pour les raisons que certains ont avancées.

Oui, Trump entend dynamiser l'économie américaine en abaissant sensiblement les impôts. Mais le risque de voir la dette américaine - déjà élevée - échapper à tout contrôle est réel. De ce côté, la cause est loin d'être entendue.

Les retombées positives, s'il y en a, dépendront davantage du désenchantement d'entrepreneurs américains innovateurs qui pourraient trouver au Québec un terreau plus fertile pour poursuivre leur travail.

En toute vérité, c'est ce qu'on appelle en anglais un long shot. Parce qu'au départ, les plans du nouveau président ne nous sont pas favorables.

Ses intentions ouvertement protectionnistes compliqueront les discussions déjà pénibles sur le bois d'oeuvre, alors que les producteurs américains accusent leurs vis-à-vis canadiens de profiter d'avantages déloyaux, puisque ces derniers peuvent récolter du bois sur les terres publiques en échange de redevances jugées dérisoires. Et l'entrée en scène de Donald Trump ne facilitera pas les choses.

Dans le même esprit, le président élu veut resserrer les termes de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), sinon l'abolir. Or, de nombreux développements récents au Québec, notamment dans des secteurs de pointe en technologie, reposent sur un accès ouvert au marché américain. Pensez seulement aux percées dans le domaine du jeu vidéo. Les firmes internationales qui se sont implantées au Québec, et qui continuent à y investir, ne visent évidemment pas que le marché local. Établir des barrières tarifaires qui élèveraient le coût de leurs produits aux États-Unis ne les inciterait pas à poursuivre leur développement ici.

Miser sur les technologies propres

Heureusement, les alliés républicains de Trump s'emploient à calmer les ardeurs du président néophyte, dont le ton était déjà plus conciliant au cours des heures qui ont suivi son élection. Mais il est si imprévisible qu'on a toujours de bonnes raisons de se méfier.

Et c'est paradoxalement ce qui pourrait servir notre cause. Le Québec et la Californie, par exemple, partagent des intérêts semblables pour différents enjeux à caractère environnemental, qu'il s'agisse de la tarification du carbone, de l'électrification des transports ou de l'ouverture aux nouvelles sources d'énergie. Le gouvernement Obama avait d'ailleurs mis en place une série d'incitatifs pour soutenir leur émergence.

Donald Trump ne s'en cache pas : à ses yeux, c'est un gaspillage de fonds publics, d'autant plus, dit-il, que la lutte contre les changements climatiques et les mesures qu'on met en place pour y parvenir tirent leur origine de la Chine, qui voudrait ainsi torpiller l'économie américaine pour mieux s'imposer.

C'est vrai que les Américains ont perdu, au profit de pays étrangers, des centaines de milliers d'emplois liés en bonne partie aux industries traditionnelles. Mais imposer des droits de 45 % sur les produits en provenance de la Chine se traduirait par une hausse équivalente sur la facture des consommateurs américains, au premier chef pour cette classe moyenne sensible aux arguments du président élu.

Opération séduction

En même temps, on a vu poindre une myriade d'entreprises innovatrices qui ont créé des milliers d'emplois. Beaucoup en Californie, mais aussi ailleurs au pays. Et si nous les courtisions ? Si nous leur disions, par exemple, que le secteur des technologies propres est en effervescence chez nous et qu'elles seraient bien accueillies ici ?

Déjà, on suggère que les Chinois (encore eux) se frottent les mains : ils espèrent s'imposer comme les leaders mondiaux dans ce domaine en profitant du repli des Américains. Il y a là un marché à conquérir partout sur la planète. Et la récente visite à Montréal d'une importante mission chinoise du secteur, parrainée par Écotech Québec, montre qu'ils sont déterminés à étendre leur rayonnement.

Parfait pour les Chinois, mais c'est maintenant le moment de faire des avances aux entrepreneurs américains. Rêvons un peu : tant qu'à vouloir miser sur l'électrification des transports, pourquoi ne pas faire signe, par exemple, à Tesla et à son président, Elon Musk, qui ne doit certainement pas être ravi de l'issue des élections présidentielles ?

Par contre, on peut entrevoir au moins trois problèmes à cette stratégie.

Le premier, le plus évident, c'est d'imaginer que des entreprises américaines déjà bien installées chez elles songent à déménager chez nous, alors que la prochaine administration Trump leur promet un environnement fiscal beaucoup plus accommodant. Nous devrions à tout le moins nous assurer d'être attrayants.

Le deuxième concerne nos porteurs de ballon. Qui pourrait prendre l'initiative de ces démarches ? Certainement pas des représentants des cercles gouvernementaux. Cela serait immédiatement perçu à Washington comme une forme de maraudage inacceptable, avec représailles à la carte.

Le troisième, et non le moindre, a trait aux humeurs de Donald Trump, capable des réactions les plus intempestives. Ce qui nous ramène aux incertitudes quant à l'ALENA.

Mais ça vaut sûrement la peine d'essayer et de transformer, comme le veut l'expression, un problème en occasion !

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