Bombardier : après les soupirs, enfin des sourires


Édition du 07 Mai 2016

Bombardier : après les soupirs, enfin des sourires


Édition du 07 Mai 2016

[Photo : Bloomberg]

En quelques décennies, le Québec a bâti une solide grappe industrielle dans le secteur de l'aérospatiale. Celle-ci regroupe environ 200 sociétés, selon le Répertoire des entreprises aérospatiales du Québec, établi par le ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation.

La majorité d'entre elles accompagnent les grands donneurs d'ordres qui fixent le ton. Comme Bombardier. Au-delà de tous les débats sur le statut de l'entreprise, la structure de son actionnariat ou le bras de fer avec les autres grands constructeurs, la réalité demeure : étonnamment, le Québec est devenu une puissance dans cette industrie de pointe, parce que de grands acteurs y ont trouvé un terrain d'éclosion.

Étonnamment, parce qu'avec huit millions d'habitants, la population totale du Québec équivaut grosso modo à la moitié de celle de la ville de New York ! La population de l'ensemble du Canada n'atteint même pas celle de la Californie. Les autres géants de l'industrie, les Airbus, Boeing et Embraer, se sont développés dans des États nettement plus peuplés que le nôtre. Qu'une entreprise ayant vu le jour ici dans le garage de Joseph-Armand Bombardier puisse leur tenir tête relève de l'exploit.

Cela dit, CAE n'a pas eu besoin de Bombardier pour s'imposer mondialement avec ses simulateurs de vol et pour investir ensuite d'autres domaines comme celui de la médecine. Pratt & Whitney s'est fait connaître pour ses moteurs d'avion bien avant que Bombardier ne se lance dans le secteur aérospatial. Et c'est sans compter Messier-Dowty, Héroux-Devtek (concepteur des pattes du module lunaire d'Appolo XI en 1969) et les autres...

Mais Bombardier est un symbole, ne serait-ce que par sa position de pointe dans l'industrie.

Se lancer avec le CSeries à l'assaut des marchés dominés par les géants était risqué. Mais qui n'avance pas recule. À se cantonner dans son terroir, on finit par perdre du terrain. C'est probablement ce qui a inspiré le lancement de cette gamme d'avions qui vient enfin de recevoir le coup de pouce nécessaire pour prendre son envol, avec la commande ferme de 75 appareils, évaluée à 5,6 milliards de dollars américains, que vient de passer Delta Air Lines. Astucieux, le transporteur américain s'est rendu compte qu'il profitait d'un bon rapport de forces et il a pris son temps avant de s'engager. De ce fait, il payera probablement ses avions moins cher que leur prix de revient, théoriquement de 75 millions de dollars. Mais Delta servira en même temps de vitrine aux appareils CSeries dans le monde. Certains transporteurs en prendront note.

Montréal en profitera, mais d'autres régions aussi. Près de 20 % des entreprises aérospatiales sont établies à l'extérieur de la région métropolitaine, de Saint-Jean-sur-Richelieu à Saint-Félicien, en passant par Granby, Sherbrooke, Québec, Gatineau, Drummondville...

Toutes ne travaillent pas avec Bombardier, mais elles sont quand même plus d'une centaine à citer son nom parmi leurs clients, telles que Placeteco (Shawinigan), Queloz (Québec), Placage Granby (Granby) et d'autres principalement établies dans la région de Montréal...

Maintenant, Bombardier n'a plus le choix. Elle doit absolument livrer les appareils à temps. Tout retard lui ferait très mal. Un des obstacles à l'aide si attendue du gouvernement fédéral vient du courroux des dirigeants de la Ville de Toronto, impatients de recevoir les tramways commandés à Bombardier, qui arrivent au compte-gouttes en raison de toutes sortes de problèmes de production qui finissent par nuire à la réputation de l'entreprise québécoise.

Pour satisfaire Delta - et les clients qui suivront -, Bombardier aura tout intérêt à miser sur l'écosystème québécois de l'aérospatiale en distribuant les mandats. En retour, les PME qui en profiteront pourront affiner leurs pratiques et conquérir ensuite d'autres marchés. De là l'importance des leaders comme Bombardier, Pratt & Whitney, CAE et tous les autres qui permettent à l'ingéniosité québécoise de se faire valoir à l'échelle mondiale.

Un grand brassage d'idées

Il y a une dizaine de jours, nous avons eu la chance de nous entretenir avec les dirigeants de quatre des plus importantes et des plus influentes organisations actives sur le terrain de l'économie du Québec. Étaient présents, lors de cette discussion exceptionnelle, les présidents d'Investissement Québec (Pierre Gabriel Côté), du Fonds de solidarité FTQ (Gaétan Morin), de la Banque de développement du Canada (Michael Denham) et de SSQ Groupe financier (Jean-François Chalifoux).

Imaginez le feu roulant d'observations sur l'état de l'économie québécoise, les bonnes et les moins bonnes tendances, nos forces et nos faiblesses, les scénarios pour la suite des choses... Pendant plus de deux heures, ils nous ont fait part de leur vision et de leurs espoirs.

Mon collègue Matthieu Charest a participé avec moi à ce brassage d'idées. Son compte rendu vous sera présenté dans le prochain numéro de Les Affaires. C'est à ne pas manquer !

De mon blogue

Ressources naturelles

Les nouveaux visages du Plan Nord

Conclure que les rêves de mise en valeur du Nord ont tourné au cauchemar, c'est un raccourci que prennent bien des commentateurs. Dès qu'on prend la peine de s'informer, force est de constater qu'on s'active d'un bout à l'autre du Nord québécois, même si les projets ne sont pas toujours aussi grandioses que prévu [...] À moyen terme, le chantier le plus prometteur reste celui de Nemaska Lithium, pour lequel les planètes viennent enfin de s'aligner. Il profitera à plus d'une région au Québec lorsque la mine sera pleinement active en 2018. Le président de Nemaska Lithium, Guy Bourassa, était à la fois soulagé et enthousiasmé lorsqu'il a présenté son projet aux quelque 200 personnes présentes à la conférence Objectif Nord, organisée par le Groupe Les Affaires, le 26 avril, à Québec.

À la une

Bourse: Wall Street craint une escalade au Moyen-Orient

Mis à jour le 15/04/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. Toronto a perdu près de 160 points, plombé par la faiblesse des actions du secteur de l’énergie.

À surveiller: Quincaillerie Richelieu, Cogeco Communications et Constellation Brands

15/04/2024 | Jean Gagnon

Que faire avec les titres de Richelieu, Cogeco et Constellation Brands ? Voici quelques recommandations d'analystes.

Bourse: les gagnants et les perdants du 15 avril

Mis à jour le 15/04/2024 | LesAffaires.com et La Presse Canadienne

Voici les titres d'entreprises qui ont le plus marqué l'indice S&P/TSX aujourd'hui.