Bilan mi-année des prévisions économiques

Publié le 23/06/2014 à 11:29

Bilan mi-année des prévisions économiques

Publié le 23/06/2014 à 11:29

Déjà la mi année. Il est toujours utile et instructif de revenir sur certaines des grandes prévisions économiques qui circulaient en janvier et qui recevaient alors l'assentiment général.

 1.La croissance économique américaine allait montrer les dents et les États-Unis allaient en même temps servir de locomotive pour le Canada.

- Oui, mais... on est plus au petit trot qu'au grand galop. Tour à tour, à la mi-juin, le Fonds monétaire international (FMI) et la Réserve fédérale américaine ont révisé à la baisse leurs prévisions pour 2014. Le consensus tourne maintenant autour de 2%. C'est mieux que rien, mais on espérait pas mal plus... Du coup, les espoirs canadiens se sont eux aussi amenuisés, sans compter que les avancées, ici, sont asymétriques: robustes dans l'Ouest du pays, fragiles dans l'Est, y compris au Québec.

 2.L'inflation allait quant à elle remonter, mais très lentement, au point que levaient des craintes quant à une possible déflation.

- Le scénario s'est plutôt avéré, mais il commence à montrer des signes de lézarde. La hausse des prix de l'énergie, alimentée par les quasi inévitables crises internationales, a provoqué une brusque reprise de l'inflation en mai, tant au Canada qu'aux États-Unis. Sursaut temporaire ou renversement de tendance? Depuis le temps qu'on évoque son inévitable retour, il ne faudra pas être surpris quand les prix vont repartir solidement à la hausse.

 3.Par contre, les taux d'intérêt sont demeurés très bas, comme on l'avait imaginé, à un point tel que l'écroulement annoncé du prix des propriétés ne s'est pas produit au Canada.

- Et ce, alors qu'à peu près tous les grands organismes internationaux, de même que plusieurs banques canadiennes, annonçaient une sorte d'apocalypse. À la mi juin, l'Association canadienne de l'immeuble a même fait savoir que le prix moyen des résidences avait franchi, en mai, le seuil symbolique des 400 000 $... avec ici encore d'importants écarts régionaux : environ 570 000$ en Colombie-Britannique comparé à 268 000$ au Québec. Et le nombre de transactions était en hausse. La cadence va tôt ou tard ralentir, le choc va finir par survenir, mais la fin du monde n'est pas encore pour demain dans le monde de l'immobilier.

 4. Reste que sur le point suivant, nous étions plusieurs à le leur avoir dit... même si le discours officiel, lui, avait des tendances jovialistes : les finances du Québec sont en pire état qu'on ne le supposait.

- Ce n'est pas compliqué: les dépenses continuent de gonfler alors que les revenus stagnent. Le déficit pour l'année en cours sera supérieur à 3 milliards $. Et les percées de soleil seront rares. L'emploi à temps plein glisse (recul de 69 000 sur deux mois) et les gros investissements privés qu'on espérait, notamment dans le Nord, se font attendre. Pendant ce temps, les bénéfices des trois vaches à lait traditionnelles (Hydro-Québec, Loto-Québec et SAQ) ne répondent pas aux attentes du gouvernement. De là le budget serré du ministre Carlos Letaio, même si on répugne à employe le terme «austérité». Mince consolation: contre toute attente, le parti libéral a été reporté au pouvoir en Ontario, avec des engagements électoraux qui vont faire exploser son déficit déjà estimé à 12,5 milliards. Quand je me compare...

 5.Il y en aurait encore bien d'autres à relever, mais portons le regard vers l'avant en imaginant ce qui s'en vient.

-On ne court pas de gros risques en évoquant un automne chaud avec les employés du secteur public et les confrontations avec les gouvernement provincial et municipaux au sujet des régimes de retraite.

-Pas de péril non plus à supposer que les négos globales seront corsées alors que les coffres de l'État sont troués.

-À l'inverse, le fédéral va progressivement se montrer accommodant alors que ses finances se rétablissent et que les élections se profilent.

-Le vieillissement de la population va continuer à s'imposer comme facteur incontournable pour les décisions à venir.

-Et la prédiction que je me risque à lancer: de ce fait, après l'épisode de la Charte, le ton va changer au Québec du fait de notre démographie vacillante, et nous mieux considérer les immigrants et leur contribution au redressement de notre économie. Ou serait-ce plutôt un souhait?

PS : Je prends quelques semaines de pause et je vous retrouve vers la mi juillet.

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