Bien choisir où et comment investir dans les infrastructures


Édition du 24 Octobre 2015

Bien choisir où et comment investir dans les infrastructures


Édition du 24 Octobre 2015

Les listes d'épicerie seront bien garnies. L'élection d'un gouvernement libéral devrait se traduire par un important réinvestissement dans les infrastructures - si Justin Trudeau tient sa promesse - et on doit déjà être en train de préparer les demandes d'un bout à l'autre du pays.

Ce ne sera pas un luxe, même si cette future distribution de fonds contribuera à replonger les finances fédérales dans le rouge.

Transport collectif. Ponts et chaussées. Modernisation des réseaux d'aqueduc et d'égout. Infrastructures maritimes. Et tant d'autres qui ont sérieusement besoin de soutien... Même en doublant le budget qui était prévu (il passerait de 65 à 125 milliards de dollars), on voit difficilement comment le nouveau gouvernement Trudeau pourra satisfaire les requêtes qui débouleront bientôt.

Cela, sans compter son apparente générosité à l'égard de projets déjà en cours.

Au début de septembre, lors d'une rencontre avec le maire de Montréal, Denis Coderre, Justin Trudeau s'est engagé à abolir le principe d'un péage pour les usagers du prochain pont Champlain, dont la facture totale a été évaluée à 4,24 G$ en juin. Sans oublier les extras qui risquent de s'ajouter... Le précédent gouvernement répétait sans cesse que, faute de fonds suffisants, la gratuité n'était plus une option. Fort bien. Mais si on ouvre les goussets à Montréal, d'autres villes réclameront certainement un traitement semblable.

C'est notamment le cas dans l'Est du Québec.

D'ici la fin d'octobre, on devrait inaugurer un nouveau tronçon de l'autoroute 20 qui contournera la municipalité de L'Isle-Verte, à l'est de Rivière-du-Loup. Petit à petit, l'autoroute s'étire, même si elle ne compte à cet endroit qu'une voie dans chaque direction. Sauf que son prolongement semble hautement problématique.

Elle s'arrêtera dorénavant à un kilomètre de Rivière des Trois Pistoles et du cours d'eau du même nom. À cet endroit, la rivière est profondément encaissée. Les estimations varient, mais le coût de construction d'un pont pour la franchir pourrait atteindre 200 millions de dollars. Vous pouvez parier qu'on ne le mettra pas en chantier de sitôt.

Toutefois, les citoyens du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie verront quand même une partie de leurs taxes et de leurs impôts aller au financement de ces grandes infrastructures urbaines dont ils ne se servent pas. Leur poids politique n'est pas le même, c'est vrai. C'est pareil pour toutes les régions moins urbanisées du pays. En toute équité, on ne saurait les oublier dans la distribution de la manne théoriquement dévolue aux infrastructures.

Mais comment attribuer à ces régions les fonds pour obtenir des résultats concrets et durables ?

Avant de saupoudrer à droite et à gauche, il convient de cibler les besoins les plus pressants. Et il en est un qui transcende la géographie, qui s'impose d'un bout à l'autre du pays : l'occupation du territoire.

Le Canada est vaste, sa population n'augmente que lentement, elle vieillit et elle se concentre dans les villes. C'est compréhensible : on y a accès à une gamme de services qui ne sont pas toujours offerts hors des centres urbains.

C'est l'oeuf et la poule : des gens abandonnent leur coin de pays parce qu'ils n'y trouvent pas les services nécessaires, lesquels diminuent parce que la population décline. Si ce gouvernement est sérieux dans ses intentions, il devra envisager d'intervenir pour inverser la tendance. Et il peut agir au moins sur deux fronts sans défoncer ses futurs budgets.

L'accès à des réseaux de télécommunications dignes du 21e siècle est primordial. La distance n'a plus d'importance quand vous êtes à un clic de souris des antipodes. Les réseaux sont plus efficaces qu'avant, mais il reste encore des trous dans l'offre de services. Il ne faut pas aller très loin dans les terres pour perdre le signal de son fournisseur de téléphone mobile ou d'Internet haute vitesse. Il y a certainement là des mesures à imaginer pour inciter les sociétés de télécoms à améliorer la couverture.

Le transport interurbain

La question du transport collectif se pose également. La situation dans les grandes villes a été largement débattue, et elles peuvent légitimement s'attendre à un coup de main d'Ottawa. Mais le transport interurbain, lui, bat de l'aile sans que ses ennuis fassent les manchettes.

Via Rail a fermé la plupart de ses gares dans l'Est du Québec. Keolis, alias Orléans Express, a considérablement réduit la fréquence de ses liaisons quand elle ne les a pas carrément abolies. Le choc est douloureux pour les populations concernées. Et c'est de nature à rendre songeurs des gens qui aimeraient s'installer hors des grands centres, s'ils ne sont pas favorables à l'idée de prendre leur voiture pour de longs trajets. Reste toujours l'avion, mais il faut en avoir les moyens, parce que les billets coûtent cher, très cher.

On ne pourra pas construire des ponts sur toutes les rivières ni réaménager tous les quais, ni installer des aéroports partout. Mais des interventions stratégiques, bien pensées, conçues pour consolider l'offre de services de base en région devraient faire partie de la vision du nouveau gouvernement. Le Canada est fier, et avec raison, de son vaste territoire. Il le sera moins si ses citoyens le désertent. Le temps est venu d'agir.

De mon blogue lesaffaires.com/rene-vezina

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