Attentats terroristes : gare au retour de la méfiance


Édition du 21 Novembre 2015

Attentats terroristes : gare au retour de la méfiance


Édition du 21 Novembre 2015

Déjà que l'économie européenne peinait à se relever... Les attentats du 13 novembre risquent de faire très mal, alors que montent en popularité les partis politiques dits eurosceptiques, pour qui la construction d'une Europe unie et sans frontières relève de l'abomination.

On aura droit à de premières réactions des citoyens français lors des élections régionales, du 6 et du 13 décembre. Faut-il rétablir les frontières ? C'est ce que suggère le Front National de Marine Le Pen. Et encore, le parti d'extrême-droite n'est pas le promoteur le plus virulent d'une mouvance qui rêve du retour en force des contrôles et des restrictions à la liberté de mouvement d'un pays à l'autre.

Qu'on souligne la nécessité d'accroître les mesures de sécurité et de surveillance paraît approprié. C'est un minimum. Les terroristes viennent de montrer qu'ils peuvent facilement déjouer les dispositifs en place. Mais il faudra vivre avec les conséquences d'une sécurité accrue : des délais plus longs dans les aéroports, par exemple, des fouilles lors d'événements publics ou des encadrements plus serrés lors de rassemblements.

Dans ces cas, ce sont les libertés individuelles qui seront davantage balisées, ce qui représente un désagrément. Mais les conséquences seront plus pernicieuses si on devient plus suspicieux, au point de décourager les échanges commerciaux. Ce n'est pas pour rien que les traités de libre-échange ont - ou avaient - la cote. En effet, les économies nationales deviennent plus dynamiques lorsqu'on les encourage à déborder leurs frontières. À l'inverse, la surprotection mène à la sclérose. Il serait navrant que les actions terroristes finissent par miner le rapprochement entre les États après avoir semé la peur au sein de la population.

Cela n'arrivera peut-être pas fatalement, et les citoyens français affichent une belle résilience... pour l'instant. Mais c'est la deuxième fois en 10 mois qu'ils sont durement frappés. Ils pourraient succomber à la méfiance - et on pourrait difficilement le leur reprocher. Les dirigeants français devront s'élever au-dessus de la mêlée pour calmer le jeu et ne pas laisser leur société s'échouer après avoir dérivé.

Les consommateurs perdants

C'était une non-nouvelle, puisque le Parti libéral du Canada n'a fait que confirmer un engagement pris durant la campagne : il n'autorisera pas l'allongement de la piste d'atterrissage Billy Bishop, au large de Toronto. Une situation qui condamne vraisemblablement la commande d'avions à réaction CSeries que Porter Airlines avait passée à Bombardier.

Au Québec, on s'en est ému, avec raison, d'autant que le mystère plane toujours sur les intentions réelles d'Ottawa quant à une aide, sous une forme ou une autre, à Bombardier. Alors qu'on vient sérieusement de lui nuire...

Mais un autre groupe semble lui aussi perdant dans l'échange : les consommateurs canadiens. Des avions ayant un plus grand rayon d'action auraient permis à Porter d'être encore plus attrayant par rapport aux deux autres transporteurs nationaux, Air Canada et WestJet. Il aurait été possible, par exemple, de relier directement Toronto à Vancouver.

De plus, comme Porter offre à bord de petits avantages que les autres ont éliminés - un lunch entre Montréal et Toronto, par exemple -, on peut croire que le transporteur aurait misé sur le même genre de formule sur de plus longs trajets, ce qui aurait probablement incité ses concurrents à rehausser leur offre de services. Cela, sans parler de sa politique de prix audacieuse, qui fait le bonheur de bien des voyageurs.

Cette décision fédérale vient de faire de Porter une victime collatérale, puisqu'on lui coupe les ailes, à moins que le transporteur ne décide de déménager une partie de ses activités torontoises à l'aéroport Pearson, ce qui serait surprenant. Chez Air Canada et chez WestJet, on a dû se frotter les mains...

Les vins québécois en épicerie ?

La viticulture québécoise connaît de beaux jours.

Les productions sont meilleures que jamais. L'été prolongé qu'on vient de connaître préfigure même une récolte supérieure. Mais encore faudrait-il que les consommateurs québécois y aient accès. En juin 2013, un projet de loi proposait que les vins québécois puissent être vendus dans les épiceries, afin qu'ils rejoignent plus facilement les consommateurs en échappant au monopole de la SAQ. Mais depuis ce temps, tout semble figé. Rien n'a bougé.

C'est pourquoi un regroupement de vignerons québécois vient de lancer une campagne intitulée «Le Québec dans nos verres» pour demander le déblocage qu'ils espèrent tout autant que les amateurs de vins locaux. Ailleurs au pays, de la Colombie-Britannique à la Nouvelle-Écosse, ces vins ont droit à un traitement avantageux pour leur mise en marché, acceptable au regard des lois internationales.

Ce groupe de producteurs d'ici a fait parvenir au premier ministre Couillard une lettre pour lui signaler son impatience. Celui-ci semblerait disposé à régler la question. Ce qui serait heureux, selon Léon Courville, autrefois vice-président de la Banque Nationale et aujourd'hui propriétaire du vignoble qui porte son nom, à Lac-Brome : «Notre cadre réglementaire est périmé, dit-il, nous avons pris du retard par rapport à d'autres provinces, et il est grandement temps de le moderniser pour offrir davantage de visibilité aux producteurs locaux».

De mon blogue

Terrorime Après les attentats, le rétablissement des frontières ?

Au fil du temps, l'Europe a cheminé laborieusement vers une intégration à la fois politique et économique. Les ennemis d'hier sont devenus des partenaires, et l'idéal d'une grande Europe a fait son chemin. Bien sûr, on trouve encore des nostalgiques du franc, du deutsche mark, de la lire et d'autres monnaies nationales. Il n'empêche que ce regroupement monétaire a déjà permis d'accroître le commerce et les échanges. En même temps, la libre circulation des biens et des personnes a consolidé le principe d'un vaste bloc qui rêve de faire contrepoids aux États-Unis et à la Chine.

Suivez René Vézina sur Twitter @vezinar

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