Arcelor Mittal et la tuile de la semaine

Publié le 04/06/2016 à 16:43

Arcelor Mittal et la tuile de la semaine

Publié le 04/06/2016 à 16:43

(Photo: 123rf.com)

Le mot tuile, dans le titre, est employé à dessein.

En principe, l’annonce de la réduction prochaine des activités de la plus importante société minière active au Québec, en termes d’effectif (2 500), devrait être considérée comme un malheur. Pire, son intention de cesser complètement le travail à Fermont et à Port-Cartier d’ici 2030 devrait n’être rien d’autre qu’une malédiction.

Mais nous n’en sommes pas encore là. Pour l’instant, ce n’est encore qu’une tuile, sérieuse, mais pas davantage. Il reste du temps pour que la situation se redresse et que l’entreprise change d’avis. Ce n’est pas encore une fatalité.

Voici ce qui m’amène à penser que cette annonce pourrait demeurer ce qu’elle est véritablement, un avis d’intention, avec ce qui est certain et ce qui l’est moins.

Ce qui est certain : le prix du minerai de fer se redresse, mais bien plus lentement qu’on l’aurait souhaité. Il est passé de 180$ la tonne en avril 2011 à 40$ en décembre 2015 avant de remonter, laborieusement, à 60$ ces jours derniers.

C’est une véritable descente aux abysses. Oui, le prix des ressources est toujours soumis à des cycles, et un nouvel équilibre finit par s’établir entre l’offre et la demande pour en raffermir le cours, mais cette fois, on va peut-être devoir attendre plus longtemps que les autres fois.

La semaine dernière, la Chine a annoncé la fermeture de plusieurs cimenteries dont la production globale équivalait à quatre fois celle de toutes les cimenteries américaines ! Compte tenu de la répugnance du gouvernement chinois à réduire ses activités industrielles et à licencier des travailleurs, il faut que les prévisions de croissance aient été sévèrement revues à la baisse. Et si on a moins besoin de ciment, il y a de gros risques qu’on ait moins besoin des autres ressources.

Comme du fer. De là cette quasi-certitude que la remontée des prix des métaux industriels sera lente et graduelle, à moins que d’autres pays, comme l’Inde, ne prennent solidement la relève. Rien n’est moins sûr.

Ce qui est moins certain: la direction d’Arcelor Mittal agit peut-être de manière à améliorer son rapport de forces avec Québec et avec ses travailleurs.

En fait, c’est plutôt entendu. À l’hiver dernier, elle avait proposé un gel de salaires à ses syndiqués malgré les dispositions de l’entente collective en cours, demande rapidement rejetée. En menaçant ainsi de mettre fin à ses activités. Arcelor Mittal ajoute du poids à ses arguments pour faire fléchir le syndicat.

En même temps, les dirigeants voient bien ce qui se passe dans le milieu de la grande industrie québécoise. Dès qu’on veut obtenir de meilleurs arrangements avec Québec, il suffit de laisser entendre qu’on pense à s’en aller…

Ça a fonctionné pour Alcoa et pour son aluminerie de Baie-Comeau, pour faire baisser les tarifs d’électricité, et elle est en train de répéter le manège pour son usine de Bécancour. Ça a également fonctionné pour la compagnie Québec Cartier, qu’Arcelor Mittal a rachetée en 2007. En pleine tourmente au début du siècle, elle avait obtenu un prêt de 200 millions de dollars de Québec pour relancer ses activités.

Est-ce tentant de refaire le coup ? Et comment ! Avec le départ de Cliff Natural Resources de Fermont, et malgré les rêves du repreneur, la PME Champion Iron Mines, Fermont dépend plus que jamais d’Arcelor Mittal et de sa mine du Mont Wright, à quelques dizaines de kilomètres. On le sait, à Québec, comme on sait que Port-Cartier se remet encore difficilement de l’abandon du gros projet de FerroAtlantica (382 millions $), et qu’Arcelor Mittal demeure le poumon économique de la ville.

La laisserait-on tomber ? Alors qu’on veut que demeurent intacts les rêves de mise en valeur des vastes richesses du Québec, qui reposeront forcément sur la présence de gens et d’infrastructures capables de les appuyer ?

Voilà pourquoi on devrait voir dans cette sombre annonce d’Arcelor Mittal plus un coup de semonce qu’autre chose.

Est-ce honorable ? Là n’est pas la question. Quand notre destinée repose entre les mains des multinationales qui ne font pas de sentiments et qui peuvent affecter les ressources là où bon leur semble, il faut faire avec. Pour le meilleur ou pour le pire. 

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