La boîte à surprises japonaise

Publié le 21/11/2014 à 15:01

La boîte à surprises japonaise

Publié le 21/11/2014 à 15:01

(Photo: Bloomberg)

Après la surprise du 31 octobre dernier (lien), c'est encore le Japon qui causait le plus de froncements de sourcils au cours de la dernière semaine avec l'annonce d'une contraction de son PIB pour un deuxième trimestre consécutif. Comme pour faire un pied de nez aux économistes qui tentent tant bien que mal de prévoir sa direction, la troisième économie mondiale affichait un repli annualisé de 1.6% au troisième trimestre de l'année pendant qu'aucun des 18 économistes sondés par le Wall Street Journal ne prévoyait l'ombre d'une baisse…

Comme deux surprises ne viennent jamais sans une troisième, le Premier ministre Shinzo Abe réagissait en annonçant le report de la hausse de la taxe de vente prévue pour octobre 2015 à avril 2017, la dissolution de la chambre basse du Parlement et des élections pour le 14 décembre. Après seulement deux ans au pouvoir, le calcul politique était relativement simple pour Abe: les partis d'opposition n'étaient pas prêts à partir en campagne électorale et compte tenu de la situation actuelle, il préfère renouveler son mandat de quatre ans dès maintenant plutôt que d'attendre à l'échéance de son mandat actuel en 2016.

Après une réaction initiale négative, les marchés semblent s'être placés en mode attente. Selon The Economist, la plupart des observateurs prévoient la perte de 30 à 40 sièges pour le Parti libéral-démocrate (PLD) d'Abe, mais le maintien de la majorité (il compte 294 sièges à l'heure actuelle, 240 représente la majorité). Si ces prévisions sont confirmées, le report de la hausse de la taxe de vente pourrait ajouter 0.2% à 0.3% au PIB japonais en 2015 et 2016 selon UBS. À l'inverse, si le PLD devait perdre sa majorité, il ne serait pas surprenant de voir une réaction négative des actions et des obligations gouvernementales simultanément à une appréciation de la valeur du yen alors que la poursuite d'Abenomics (terme utilisé pour décrire les politiques monétaire et fiscale très accommodantes et les réformes structurelles d'Abe) serait tout sauf certaine.

D'ici aux élections du 14 décembre, l'incertitude et la volatilité risquent de régner. Il serait surprenant que les marchés prennent une direction bien définie à moins que les sondages soient catégoriques sur les résultats prévus aux urnes. Pour les investisseurs, la visibilité est généralement limitée lorsque les surprises politiques sont d'actualité.

L'investisseur avisé

L'investisseur avisé qui a une exposition au marché japonais doit s'assurer d'être très sélectif dans le choix de ses titres. Certaines entreprises présentent encore un potentiel d'appréciation alléchant, mais dans l'ensemble les évaluations sont près de leur moyenne historique. Néanmoins, l'incertitude et la volatilité à prévoir au cours des prochaines semaines pourraient permettre d'acquérir des entreprises de qualité à rabais si les marchés devaient se replier. La décision de couverture de la devise sera aussi particulièrement importante compte tenu des forces sous-jacentes et de la volatilité potentielle du yen.

Questions à poser

Avant de prendre une décision, renseignez-vous auprès d'un professionnel qualifié:

- Quelle est la pondération de mon portefeuille attribuée au marché japonais?

- Quels sont les critères de décision dans le choix des titres japonais composant mon portefeuille?

- Est-ce que mon exposition à la devise japonaise est couverte?

À propos de ce blogue

Au fil des ans, Pierre a conseillé un large éventail d'investisseurs privés et institutionnels, y compris des familles fortunées, des fondations et des fonds de pension sur la saine gestion de leurs actifs. Au-delà de sa connaissance approfondie des marchés financiers, des stratégies d'investissement et de la construction de portefeuille, il a développé une expertise plus particulière en matière de conseil aux investisseurs sur l'utilisation de stratégies de placement non traditionnelles et d'investissements internationaux. Le mandat de ce blogue est donc d'aiguiller les lecteurs dans l'exploration de pistes paraissant inhospitalières à première vue, mais pouvant mener à des expériences très gratifiantes lorsqu'on sait s'y orienter. Pierre est titulaire d'un MBA, porte les titres de Chartered Financial Analyst (CFA) et Chartered Alternative Investment Analyst (CAIA), et est également Fellow de l'Institut canadien des valeurs mobilières et de l'Institut des banquiers canadiens. Il travaille pour UBS (Canada) à titre de gestionnaire privé senior.

Pierre Czyzowicz