Grexit: et si ça arrivait

Publié le 23/02/2015 à 14:12

Grexit: et si ça arrivait

Publié le 23/02/2015 à 14:12

Grexit, ou la sortie éventuelle de la zone euro par la Grèce, fait régulièrement les manchettes depuis le mois de décembre. L'élection du parti anti-austérité de gauche Syriza en janvier n'a fait qu'attiser les craintes que l'événement se matérialise.

Les discussions avec la Troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) et les autres membres de l'Union européenne sont en montagnes russes depuis quelques semaines. Bien que le scénario le plus probable selon le consensus prévoit une entente ratifiée à minuit moins une, il est pertinent de comprendre l'impact que pourrait avoir un scénario moins probable, mais plus dommageable.

L'anticipation de la réaction des marchés face à une situation aussi fluide et imprévisible que les négociations entre un pays souverain et ses créditeurs est hautement complexe. Néanmoins, dans le but de prendre des décisions de placement éclairées, il est important de pouvoir jauger la direction et l'amplitude potentielle du mouvement sur les différents marchés affectés. L'analyse des effets, combinée à la probabilité qu'ils se produisent, guideront les investisseurs vers les mesures qui semblent les plus appropriées.

Depuis le premier épisode qui a culminé en 2011 et 2012, de nombreuses mesures de protection ont été mises en place au sein de la zone euro afin d'assurer davantage de stabilité si la Grèce devait en sortir et faire défaut sur sa dette. De plus, les institutions européennes, menées par la Banque centrale européenne, fourniraient une réponse proportionnelle au choc afin de minimiser le risque de contagion dans la mesure du possible.

Néanmoins, des conséquences importantes et néfastes seraient à prévoir. L'économie grecque se verrait fortement ébranlée et frappée d'une récession majeure. Les défauts bancaires et corporatifs seraient nombreux tout comme les perturbations commerciales et, par ricochet, sociales. La volatilité sur les marchés financiers européens dans l'ensemble serait en forte hausse et l'économie européenne ferait face à un important vent de face initialement. La Grèce devrait néanmoins préserver son statut de membre de l'Union européenne, mais cette première sortie de la zone monétaire pourrait venir hanter d'autres états membres qui se trouveraient en difficulté à l'avenir.

Voici donc, en rafale, les estimations d'impact publiées par UBS si le Grexit devait se matérialiser. Il est à noter que l'absence de précédent quant à la sortie d'un membre de la zone euro amène un degré d'incertitude important quant à ces estimations:

- Écarts de crédit sur dette souveraine espagnole et italienne: +3%

- Actions zone euro: -16%

- Actions américaines: -8%

- Actions canadiennes: -7%

- Euro face au dollar US: -10%

- Euro face au dollar canadien: -5%

L'investisseur avisé

L'investisseur avisé gardera un œil sur l'évolution des négociations entre le nouveau gouvernement grec et ses contreparties. Bien que le scénario de base ne soit pas celui d'une crise comme celle vécue entre 2010 et 2013, il demeure que les projecteurs seront tournés sur l'Europe et plus particulièrement la Grèce jusqu'à ce que les négociations aboutissent à quelque chose de plus qu'un énième report. Les ondes provoquées par une détérioration éventuelle pourraient se faire sentir bien au-delà de ses frontières immédiates.

Questions à poser

Avant de prendre une décision, renseignez-vous auprès d'un professionnel qualifié:

- Quelle est mon exposition au marché européen; suis-je exposé au marché grec?

- Mon exposition aux fluctuations de l'euro est-elle couverte ou non?

- Quelle latitude mon gestionnaire a-t-il pour adapter mon portefeuille aux opportunités ou aux risques du moment?

À propos de ce blogue

Au fil des ans, Pierre a conseillé un large éventail d'investisseurs privés et institutionnels, y compris des familles fortunées, des fondations et des fonds de pension sur la saine gestion de leurs actifs. Au-delà de sa connaissance approfondie des marchés financiers, des stratégies d'investissement et de la construction de portefeuille, il a développé une expertise plus particulière en matière de conseil aux investisseurs sur l'utilisation de stratégies de placement non traditionnelles et d'investissements internationaux. Le mandat de ce blogue est donc d'aiguiller les lecteurs dans l'exploration de pistes paraissant inhospitalières à première vue, mais pouvant mener à des expériences très gratifiantes lorsqu'on sait s'y orienter. Pierre est titulaire d'un MBA, porte les titres de Chartered Financial Analyst (CFA) et Chartered Alternative Investment Analyst (CAIA), et est également Fellow de l'Institut canadien des valeurs mobilières et de l'Institut des banquiers canadiens. Il travaille pour UBS (Canada) à titre de gestionnaire privé senior.

Pierre Czyzowicz