Athènes l'incertaine

Publié le 09/01/2015 à 16:10

Athènes l'incertaine

Publié le 09/01/2015 à 16:10

Depuis le 8 décembre dernier, le principal indice de la bourse d'Athènes est en baisse de quelque 25% tandis que le taux sur la dette de 10 ans de la Grèce est passé de 7.23% à 10.67%, une hausse de près de 50%. La situation à l'origine de la baisse dramatique de la valeur des actifs grecs n'a aucun lien avec les prix du pétrole, les problèmes de la Russie ou la reprise difficile au sein de la zone euro. Contrairement à l'incertitude observée sur les grands marchés à travers le monde dans les dernières semaines, la volatilité vécue en Grèce est due à une situation politique intérieure qui risque de faire dérailler l'équilibre fragile que l'économie grecque avait réussi à établir après les aléas du début de la décennie. Pourquoi parler de la Grèce alors? Parce que le dénouement risque d'avoir passablement d'impact sur l'Europe, et les marchés mondiaux par ricochet.

Faisant face à une impasse dans ses négociations avec la Troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) au sujet de certains termes du plan de sauvetage en place depuis 2010, le gouvernement grec décida le 9 décembre dernier d'appeler des élections anticipées pour élire un nouveau président. Après trois échecs à réunir le support nécessaire au parlement pour élire le candidat Starvos Dimas (17, 22 et 29 décembre), le premier ministre Antonis Samaras n'a eu d'autre choix que d'appeler des élections générales à être tenues le 25 janvier prochain.

La principale source d'incertitude à l'heure actuelle vient du fait que c'est le parti anti-austérité de gauche Syriza, mené par Alexis Tsipras, qui est en avance dans les sondages. Malgré que ses positions se soient quelque peu modérées au fil du temps, les négociations avec la Troïka risquent d'être passablement plus tendues s'il est porté au pouvoir. Bien qu'un défaut sur la dette ou l'abandon de l'euro ne soient des pistes de solution privilégiées par aucun des principaux partis en Grèce, la perception des marchés quant à la probabilité qu'ils se produisent serait définitivement en hausse avec l'élection de Syriza. Au dernier sondage réalisé par MRB et Palmos, le parti récoltait 35% des appuis contre 29% pour le parti New Democracy (ND). À ces niveaux, et compte tenu du fait que le parti élu reçoit 50 sièges en prime, Syriza remporterait 144 sièges sur les 300 disponibles, contre 78 sièges pour le ND. Cette situation mènerait une fois de plus à un gouvernement de coalition, mais la tendance des derniers sondages est favorable à Syriza qui n'est somme toute pas très loin d'une majorité. Seul bémol, un sondage réalisé par Macedonia University semble suggérer que la base d'appui pour Syriza est moins solide que celle du ND qui pourrait bénéficier d'une prime à l'urne substantielle.

Le poids de la Grèce dans l'économie mondiale n'est que minime. Après tout, son PIB de 242,2 milliards de $US en 2013 selon la Banque mondiale n'est pas tellement plus élevé que les ventes de la compagnie Apple estimées à 211,8 milliards de $US en 2015 selon Bloomberg. Le principal risque est qu'une détérioration de la situation d'un des membres de la zone euro vienne affaiblir celle-ci et se répande aux autres économies périphériques plus fragiles.

L'investisseur avisé

L'investisseur avisé gardera un œil sur l'évolution de la campagne électorale en Grèce et de la situation qui suivra le scrutin du 25 janvier prochain. Bien que le scénario de base ne soit pas celui d'une crise comme celle vécue entre 2010 et 2013, il demeure que les projecteurs seront tournés sur ce petit pays de 11 millions d'habitants au cours des prochaines semaines et que les ondes provoquées par tout soubresaut pourraient se faire sentir bien au-delà de ses frontières immédiates.

Questions à poser

Avant de prendre une décision, renseignez-vous auprès d'un professionnel qualifié:

- Quelle est mon exposition au marché européen; suis-je exposé au marché grec?

- Mon exposition aux fluctuations de l'euro est-elle couverte ou non?

- Quelle latitude mon gestionnaire a-t-il pour adapter mon portefeuille aux opportunités ou aux risques du moment?

À propos de ce blogue

Au fil des ans, Pierre a conseillé un large éventail d'investisseurs privés et institutionnels, y compris des familles fortunées, des fondations et des fonds de pension sur la saine gestion de leurs actifs. Au-delà de sa connaissance approfondie des marchés financiers, des stratégies d'investissement et de la construction de portefeuille, il a développé une expertise plus particulière en matière de conseil aux investisseurs sur l'utilisation de stratégies de placement non traditionnelles et d'investissements internationaux. Le mandat de ce blogue est donc d'aiguiller les lecteurs dans l'exploration de pistes paraissant inhospitalières à première vue, mais pouvant mener à des expériences très gratifiantes lorsqu'on sait s'y orienter. Pierre est titulaire d'un MBA, porte les titres de Chartered Financial Analyst (CFA) et Chartered Alternative Investment Analyst (CAIA), et est également Fellow de l'Institut canadien des valeurs mobilières et de l'Institut des banquiers canadiens. Il travaille pour UBS (Canada) à titre de gestionnaire privé senior.

Pierre Czyzowicz