Apprenez à vous connaître pour améliorer vos rendements

Publié le 02/03/2015 à 09:10

Apprenez à vous connaître pour améliorer vos rendements

Publié le 02/03/2015 à 09:10

La finance comportementale, ou l'application de la psychologie à la finance, est un domaine qui a connu un essor sans précédent depuis le tournant du millénaire. En investissement, l'objectif est d'identifier, de comprendre et de contrôler des biais observables à divers degrés chez les investisseurs dans le but d'améliorer leur processus de prise de décision et les rendements de leurs portefeuilles.

Partie 1 de 2

Selon les données publiées dans l'American Economic Review, les investisseurs laisseraient en moyenne 1.5% de rendement sur la table à chaque année par rapport à de simples indices de référence de par leurs décisions de placement (à ne pas confondre avec l'érosion due aux frais de gestion qui doit être additionnée à ce montant). Bien que ce pourcentage puisse ne pas sembler être particulièrement élevé, la différence est surprenante lorsqu'on la compose sur plusieurs années. À titre d'exemple, un montant de 100 000$ investi dans un portefeuille équilibré qui rapporterait 6.5% par année vaudrait plus de 352 000$ au bout de 20 ans. Le même portefeuille amputé à hauteur de 1.5% par année (donc rapportant 5% par année) vaudrait tout juste 265 000$ au bout de 20 ans, une différence de 87 000$.

Voyons quelques-uns des principaux biais qui nuisent aux investisseurs et leurs implications:

- Confiance excessive: dans la vaste majorité des cas, lorsqu'on demande aux gens s'ils sont meilleurs ou moins bons que la moyenne dans une activité donnée, plus de la moitié se déclareront meilleurs. À titre d'exemple, une étude a demandé à des professeurs de collèges américains où ils se situaient quant à leurs qualités de pédagogue. Sans surprise, plus des deux tiers ont déclaré faire partie des meilleurs 25%. Dans le contexte de l'investissement, cette tendance se traduit par une confiance excessive de nombreux investisseurs face à leur capacité à ''battre le marché''. Malheureusement, les données statistiques démontrent sans l'ombre d'un doute que la plupart des investisseurs se nuisent plus qu'ils ne se rendent service en transigeant trop souvent.

- Biais de proximité: ce biais fait principalement référence à la tendance qu'ont les investisseurs à mettre une emphase démesurée sur les événements récents. Cette approche les mène souvent à extrapoler les derniers résultats observés dans leur tentative d'anticiper l'avenir. Bien que certains exploitent avec succès des stratégies de momentum, la nature même des marchés fait en sorte qu'ils présentent généralement une forte tendance de retour à la moyenne lorsqu'on les observe sur un cycle complet.

- Biais d'ancrage: ce biais fait référence à la tendance qu'ont les gens à attribuer une importance excessive à une valeur initiale lorsque vient le temps de prendre des décisions futures. Dans le contexte d'un portefeuille de placement, ce biais se traduit par la tendance à évaluer les positions dans un portefeuille par rapport aux coûts d'achat plutôt que par rapport à leur valeur intrinsèque. En réalité, outre pour des considérations fiscales, le prix auquel un actif a été acquis ne devrait aucunement influencer la décision de le garder ou de le vendre. Cette décision devrait plutôt se baser sur la comparaison entre son prix actuel et sa valeur réelle afin d'évaluer les perspectives d'appréciation (ou de dépréciation) future. Ce biais nuit souvent aux investisseurs parallèlement au biais d'aversion à la perte qui porte ces derniers à garder des positions perdantes trop longtemps (pour ne pas réaliser la perte) et à vendre leurs positions gagnantes trop rapidement.

- Biais de confirmation: ce biais porte sur la tendance des investisseurs à attribuer une valeur plus élevée aux données et à l'information qui confirment leurs croyances préalables qu'à celles qui les infirment. La nature humaine mène la plupart des gens à rechercher l'information qui démontre qu'ils ont raison et à discréditer celle qui suggère qu'ils ont tort. En placement, cette tendance se traduit souvent par des décisions basées sur de l'information anecdotique que l'on tentera de confirmer à l'aide de quelques données biaisées au lieu d'évaluer l'ensemble des données disponibles de façon objective afin de prendre une décision dénuée d'idées préconçues.

Ces biais étant ancrés profondément dans le cerveau humain et affectant tous les investisseurs à divers degrés, je vous invite à lire mon prochain billet pour en savoir un peu plus sur les façons d'en limiter les conséquences néfastes sur votre portefeuille.

À propos de ce blogue

Au fil des ans, Pierre a conseillé un large éventail d'investisseurs privés et institutionnels, y compris des familles fortunées, des fondations et des fonds de pension sur la saine gestion de leurs actifs. Au-delà de sa connaissance approfondie des marchés financiers, des stratégies d'investissement et de la construction de portefeuille, il a développé une expertise plus particulière en matière de conseil aux investisseurs sur l'utilisation de stratégies de placement non traditionnelles et d'investissements internationaux. Le mandat de ce blogue est donc d'aiguiller les lecteurs dans l'exploration de pistes paraissant inhospitalières à première vue, mais pouvant mener à des expériences très gratifiantes lorsqu'on sait s'y orienter. Pierre est titulaire d'un MBA, porte les titres de Chartered Financial Analyst (CFA) et Chartered Alternative Investment Analyst (CAIA), et est également Fellow de l'Institut canadien des valeurs mobilières et de l'Institut des banquiers canadiens. Il travaille pour UBS (Canada) à titre de gestionnaire privé senior.

Pierre Czyzowicz