Apprenez à vous connaître pour améliorer vos rendements (suite)

Publié le 17/03/2015 à 09:13

Apprenez à vous connaître pour améliorer vos rendements (suite)

Publié le 17/03/2015 à 09:13

(Photo: Bloomberg)

La finance comportementale, ou l'application de la psychologie à la finance, est un domaine qui a connu un essor sans précédent depuis le tournant du millénaire. En investissement, l'objectif est d'identifier, de comprendre et de contrôler des biais observables à divers degrés chez les investisseurs dans le but d'améliorer leur processus de prise de décision et les rendements de leurs portefeuilles. Pour faire suite au dernier billet qui expliquait certains des biais les plus communs, voici quelques balises ayant pour but d'en limiter les conséquences néfastes sur les résultats de placement. Dans le but d'assurer une saine diversification et une gestion rigoureuse des risques, les pistes présentées ici peuvent être adaptées à un portefeuille de titres individuels autant qu'à un portefeuille de fonds avec quelques nuances.

Partie 2 de 2

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- Confiance excessive: la meilleure façon pour les investisseurs de contrôler leurs pulsions et leurs essais infructueux à «battre le marché» réside dans une planification documentée de leur répartition d'actif stratégique (la cible à long terme). Cet exercice sera basé uniquement sur le profil de l'investisseur, ses objectifs et sa tolérance au risque, et ne doit en aucun cas être influencé par la situation sur les marchés. L'élément critique sera une documentation adéquate de la stratégie et des raisons la justifiant. Dans les moments d'euphorie ou d'incertitude importants, l'investisseur peut se rapporter à la stratégie définie à tête froide au lieu de succomber à des émotions à court terme au détriment des résultats à long terme.

- Biais de proximité: les classes d'actif ne performant pas toutes à même hauteur simultanément, il est normal que le temps fasse dévier le portefeuille de la répartition d'actif stratégique mentionnée au point précédent. Un rééquilibrage périodique planifié (par exemple trimestriellement) pour ramener les pondérations à leur cible aidera à éliminer la propension naturelle des investisseurs à faire preuve de crainte dans les marchés baissiers (alors que les occasions d'achat sont souvent plus nombreuses) et d'avarice dans les marchés haussiers (alors qu'une retenue accrue est souvent justifiée). Avec le temps, cette approche contribuera également à tirer profit de la tendance naturelle au retour à la moyenne sur les marchés en réduisant périodiquement la pondération des classes d'actif qui ont offert une performance supérieure au profit de celles qui se négocient à des prix plus attrayants.

- Biais d'ancrage: une fois de plus, un processus objectif, documenté et périodique d'évaluation des titres en portefeuille sera salutaire pour la plupart des investisseurs qui y dédieront le temps et les efforts requis. Nonobstant les impacts fiscaux qui sont propres à chaque investisseur, la décision de garder un titre en portefeuille ou d'en disposer devrait être basée sur une comparaison entre son prix au marché et sa valeur intrinsèque, plutôt que son prix d'achat. Un investisseur discipliné (assumant qu'il soit équipé en connaissances et en outils) dans l'application de cette approche minimisera par la même occasion l'effet néfaste causé par le biais d'aversion à la perte. En effet, si un titre a baissé, mais que son prix se trouve au-dessus de sa valeur intrinsèque, l'investisseur devrait généralement considérer en disposer peu importe son prix d'achat. À l'inverse, un titre qui a fortement monté depuis l'achat, mais dont le prix se situe toujours sous sa valeur intrinsèque sera probablement intéressant à conserver. Enfin, cette approche aidera aussi l'investisseur à choisir de façon objective entre différentes options d'investissement en se basant sur leur potentiel d'appréciation respectif plutôt que sur des critères subjectifs ou anecdotiques.

- Biais de confirmation: pour éviter les effets de ce biais, l'investisseur devra se donner une discipline qui le portera à rechercher l'ensemble des faits plutôt qu'à tenter de dénicher la recherche qui confirme son opinion. Il devra ensuite consciemment attribuer une valeur tout aussi importante aux opinions qui le contredisent qu'à celles qui le confortent dans sa position. Une manière plus drastique de se doter d'un processus efficace pour contrer ce biais sera de rechercher spécifiquement l'information et la recherche qui tend à contredire l'opinion existante de l'investisseur.

L'investisseur avisé

L'investisseur avisé comprendra que les biais comportementaux dont il est victime, comme tous les autres investisseurs à divers degrés, sont ancrés profondément dans son subconscient. Il sera par le fait même très difficile, voire impossible de s'en débarrasser complètement. Bien qu'il puisse apparaître simple de les contrôler lorsqu'analysé à tête froide, c'est dans les périodes de stress émotionnel qu'ils referont généralement surface et, ironiquement, qu'ils seront les plus dommageables. Une fois les balises devant servir à guider l'investisseur dans ces décisions aux moments critiques mises en place, le secret résidera dans la discipline que celui-ci s'imposera pour les respecter.

À propos de ce blogue

Au fil des ans, Pierre a conseillé un large éventail d'investisseurs privés et institutionnels, y compris des familles fortunées, des fondations et des fonds de pension sur la saine gestion de leurs actifs. Au-delà de sa connaissance approfondie des marchés financiers, des stratégies d'investissement et de la construction de portefeuille, il a développé une expertise plus particulière en matière de conseil aux investisseurs sur l'utilisation de stratégies de placement non traditionnelles et d'investissements internationaux. Le mandat de ce blogue est donc d'aiguiller les lecteurs dans l'exploration de pistes paraissant inhospitalières à première vue, mais pouvant mener à des expériences très gratifiantes lorsqu'on sait s'y orienter. Pierre est titulaire d'un MBA, porte les titres de Chartered Financial Analyst (CFA) et Chartered Alternative Investment Analyst (CAIA), et est également Fellow de l'Institut canadien des valeurs mobilières et de l'Institut des banquiers canadiens. Il travaille pour UBS (Canada) à titre de gestionnaire privé senior.

Pierre Czyzowicz