Voilà le prix à payer pour s'enrichir

Publié le 17/03/2017 à 16:32

Voilà le prix à payer pour s'enrichir

Publié le 17/03/2017 à 16:32

Les actions sont plus rentables que les alternatives à long terme, mais il faut être prêt à vivre avec leur volatilité.

Les données historiques le démontrent on ne peut plus clairement: les actions offrent les meilleurs rendements parmi les diverses catégories de placements. Voici les rendements annuels composés colligés par Ibbotson pour divers types de placements, de 1926 à 2014:

Ce sont les actions qui offrent la meilleure chance de surpasser l’inflation, l’ennemi sournois de tout épargnant. Car, à bien y penser, la seule raison de retarder une consommation immédiate, d'épargner et d'investir est de s'enrichir afin de pouvoir consommer davantage dans le futur. Pour ce faire, l'objectif devrait être de réaliser des rendements réels positifs, qui surpassent l'augmentation générale du coût de la vie à long terme (l'inflation). Or, comme on peut le voir, le taux d'inflation a été de 2,9% au cours de près d’un siècle. Le seul type de placement qui batte aisément ce seuil critique est les actions. Les obligations le font à peine alors que les certificats de dépôt et l'encaisse nous appauvrissent assurément.

 

Si c'est le cas, et que la majorité des gens sont au courant de cette réalité, comment expliquer la relation amour-haine que vouent tant d'investisseurs au marché boursier?

C'est que la Bourse est notoirement volatile – elle fluctue énormément, à la hausse comme à la baisse, même si sa direction générale sur de longues périodes est à la hausse. Les gens associent cette volatilité au risque. C'est d'ailleurs ce qu'on nous apprend dans toutes les écoles. Il est vrai que si vous investissez en Bourse sur une courte période, sa grande volatilité augmente sensiblement le risque. Mais si vous investissez pour une période d'au moins dix ans des sommes dont vous n'avez pas besoin, cette volatilité s'estompe sensiblement.

SUIVEZ-MOI SUR LINKEDIN

LISEZ MES PRÉCÉDENTES CHRONIQUES

Si vous êtes d'accord avec ce que je viens d'écrire, les affirmations suivantes prennent tout leur sens :

1- Rester pleinement investi en tout temps. Si l'on croit au marché boursier à long terme et que les actions nous offrent la meilleure option pour nous enrichir, pourquoi garder de l'encaisse? Bien sûr, je préconise qu'un investisseur garde toujours un peu d'encaisse, suffisamment pour lui permettre de profiter de toute occasion qui pourrait se présenter d'investir dans un titre attrayant. Mais mieux vaut être presque pleinement investi en tout temps.

2- Ne pas tenter de prévoir les corrections. Ce point suit logiquement le premier point. On sait que la Bourse est volatile à court terme, qu'elle subit régulièrement des corrections et des marchés baissiers. Mais cela ne devrait aucunement ébranler votre conviction que les actions vous enrichissent sur le long terme, beaucoup plus que les autres types de placement dits «sécuritaires».

3- Se concentrer sur ses sociétés. Il y a essentiellement deux manières d'investir en Bourse: la manière passive, qui utilise les produits d'investissement indiciels (fonds indiciels et fonds indiciels transigés en bourse) pour reproduire le marché dans son ensemble, et la manière active, qui vise à obtenir des rendements supérieurs au marché en choisissant soigneusement ses titres boursiers. Je suis un investisseur actif, même si je considère que l'investissement passif est très valable pour de nombreux investisseurs (à condition qu'ils suivent les deux premiers points).

Pour l'investisseur actif, je crois que la meilleure façon de gérer son portefeuille est de se concentrer exclusivement sur les sociétés dans lesquelles il investit et de ne pas trop se préoccuper du «bruit» que font l'économie, la politique et les marchés. En investissant dans un nombre restreint mais bien diversifié de sociétés de qualité, payées un prix raisonnable, et en les conservant à long terme, il est possible pour nombre d'investisseurs d'obtenir des rendements supérieurs. Plusieurs l'ont démontré.

4- Ne pas regarder trop souvent les cotes. Regarder ses cotes plusieurs fois par jour ne fait pas monter davantage ses titres! Je m’ennuie un peu du temps où nous n’avions accès aux cotes boursières que par notre journal du matin… Moins on regarde les cotes, plus on est enclin à garder son calme lors des périodes de grande volatilité. Imaginez ce que ce serait si l’on vous disait chaque jour la valeur au marché de votre maison!

En somme, la Bourse peut est très payante pour celui qui investit pour le très long terme. Le prix à payer est de traverser régulièrement des périodes souvent angoissantes d'incertitude, caractérisées par des baisses régulières et parfois substantielles de la valeur de son portefeuille. Quand on investit en Bourse, il faut être prêt psychologiquement à subir des baisses marquées de 20%, 30%, voire 50% de son portefeuille. C'est le prix à payer pour s’enrichir.

Philippe Le Blanc, MBA, CFA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est président et chef des placements chez COTE 100, une boutique de gestion de portefeuille. Il est également éditeur de la Lettre financière par COTE 100, publiée mensuellement depuis 1988. Suivez COTE 100 sur LinkedIn

 

Blogues similaires

Immobilier: un marché qui vous empêche de dormir?

Édition de Mars 2024 | Denis Lalonde

BILLET. Selon la Banque Nationale, l’accessibilité au logement au 4e trimestre de 2023 s’est détériorée au Canada.

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

La baisse du PIB par habitant ne doit pas inquiéter, mais...

25/03/2024 | Pierre Cléroux

EXPERT. Depuis 2020, soit au début de la pandémie, le PIB par habitant a diminué de 1,3% par année au Canada.