Vagues de fond pour votre portefeuille


Édition du 22 Juillet 2017

Vagues de fond pour votre portefeuille


Édition du 22 Juillet 2017

Est-il plus difficile aujourd'hui d'être un véritable investisseur à long terme qu'il y a 20 ou 40 ans ? Je pense que oui. Même si je continue de croire que la meilleure façon d'investir est toujours d'acheter un titre de qualité et de le conserver pendant de nombreuses années, l'accélération des changements technologiques que nous connaissons rend la détention d'un titre à très long terme plus difficile.

On dit que nous vivons présentement une quatrième révolution industrielle, caractérisée par des bouleversements technologiques sans précédent. Il n'y a qu'à regarder autour de nous pour nous en rendre compte. Peu d'industries sont épargnées par ces changements ; certaines seront complètement bouleversées, d'autres disparaîtront. Pour l'investisseur, ces modifications se traduisent à la fois par des occasions extraordinaires et par des risques sans précédent. Quels sont donc les changements de fond ? Et comment affectent-ils l'investisseur à long terme ?

Le commerce en ligne ébranle les fondements du commerce de détail

Selon le département du Commerce américain, les ventes en ligne ont accaparé 8,5 % des ventes au détail totales au premier trimestre de 2017, comparativement à 3,5 % pour la même période il y a 10 ans. Et cette tendance ira en s'accélérant. Peu de secteurs du commerce sont à l'abri d'Amazon et de ses émules. Je croyais, il n'y a pas si longtemps, que les vêtements étaient assez bien protégés du commerce en ligne. Qui achèterait un vêtement sans d'abord le voir, le toucher et l'essayer ? La réalité m'a prouvé que j'avais tort. Même chose pour les pièces d'auto. J'en viens à penser que tous les segments sont attaquables par le commerce en ligne, sauf peut-être ceux des dépanneurs et des magasins à un dollar. Les cafés et les restaurants ne devraient pas être trop touchés non plus. Il est encore difficile d'offrir commodité et accessibilité par le Web - les consommateurs veulent certains produits immédiatement.

Ces bouleversements dans le commerce du détail ont et auront des répercussions importantes sur nombre de secteurs et d'industries. Je pense notamment à l'immobilier commercial. Les propriétaires de centres commerciaux doivent se poser de sérieuses questions quant à leurs perspectives à long terme.

L'automatisation et l'intelligence artificielle

Trump a beau se démener pour ramener des emplois manufacturiers aux États-Unis, les perspectives sont peu réjouissantes pour ce secteur. La forte tendance vers l'automatisation des processus de fabrication et d'un nombre croissant de processus d'affaires continuera d'exercer une pression sur l'emploi. Le développement accéléré de l'intelligence artificielle est un autre phénomène qui bouleversera un grand nombre de métiers au cours des prochaines années. Qu'adviendra-t-il du métier de chauffeur de camions lorsque les camions seront autonomes ?

L'électrification du transport

Est-ce que le grand virage vers les autos électriques aura lieu d'ici 5, 10 ou 15 ans ? Je ne le sais pas, mais la tendance est à mon avis inévitable. Ce changement aura des conséquences majeures pour plusieurs industries, en commençant par celles du pétrole et de l'automobile.

Le mouvement global en faveur de l'environnement

Même si les États-Unis ont choisi de se retirer des accords de Paris sur l'environnement, je suis d'avis qu'on ne pourra pas remettre le dentifrice dans le tube. La tendance à long terme s'oriente vers un impact environnemental moins grand des activités économiques. En outre, vu les avancées technologiques en cours et à venir, il faut s'attendre à ce que les sources d'énergie vertes deviennent rentables et concurrentielles sans même que les gouvernements aient à les subventionner.

Les firmes virtuelles

Une entreprise est mieux de se concentrer sur ses activités essentielles et de déléguer tout le reste à d'autres firmes. Une société comme Apple n'a pas à fabriquer elle-même ses iPhones. Elle peut les faire fabriquer par des entreprises étrangères à faible coût et se concentrer sur les aspects où elle jouit d'avantages concurrentiels importants : la R-D, le design, le marketing et la distribution. Ces modèles d'affaires, qui reposent davantage sur le savoir et les connaissances, ont aussi l'avantage de nécessiter beaucoup moins de capital investi dans des immobilisations.

Un des grands avantages de ces modèles virtuels est qu'ils permettent justement une plus grande flexibilité et une capacité d'adaptation accrue aux conditions changeantes. J'estime que cette capacité d'adaptation deviendra encore plus cruciale que par le passé pour qu'une entreprise connaisse du succès à long terme.

Les sociétés dont nous pouvons dire, avec un haut niveau de confiance, que leurs activités ne seront pas touchées par les changements technologiques deviennent de plus en plus rares. L'investisseur doit impérativement se poser des questions quant aux menaces potentielles qui guettent les modèles d'affaires de chacune de ces firmes. Compte tenu des changements massifs qui s'opèrent et qui sont à prévoir dans l'économie mondiale au cours des prochaines années, certaines entreprises seront menacées, alors que d'autres profiteront des bouleversements pour améliorer leur sort. Une chose est certaine : le temps où l'on pouvait acheter le titre d'une société de qualité et l'oublier pendant 10 ou 20 ans est révolu.

EXPERT INVITÉ:
Philippe Le Blanc
est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100. Plusieurs comptes sous la gestion de COTE 100 possèdent des actions de Berkshire Hathaway.

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