Trump à la barre, j'anticipe l'inattendu

Publié le 20/01/2017 à 14:40

Trump à la barre, j'anticipe l'inattendu

Publié le 20/01/2017 à 14:40

(photo: Getty)

Donald Trump est assermenté aujourd’hui au poste de président des États-Unis d’Amérique. À quoi un investisseur devrait-il s’attendre?

Un joueur de tennis consciencieux se prépare avant un match. Il consulte ses notes sur son prochain adversaire, question de se rappeler ses faiblesses, ses forces, ses particularités. S’il ne le connaît pas, il s’informera auprès d’autres joueurs qui le connaissent, il consultera des enregistrements sur Internet et demandera à son coach d’aller le voir pratiquer. Il n’altérera pas complètement sa façon de jouer en fonction de son adversaire, mais il apportera s’il y a lieu certains ajustements mineurs qui pourraient améliorer ses chances de gagner. Plus important, l’exercice permet au joueur de se préparer mentalement au genre de match qui se dessine.

À l’instar du joueur de tennis, je crois qu’un investisseur devrait se préparer à toutes les éventualités. Or, ces temps-ci, la venue de Trump à la présidence est sans doute l’élément le plus significatif à considérer par tout investisseur. Comment s’y préparer?

Après plusieurs mois de campagne électorale, on a une certaine idée des orientations économiques de Trump. On sait par exemple que sa priorité absolue est de créer des emplois aux États-Unis («Make America Great Again»). Pour ce faire, il semble prêt à froisser bien des gens et à bouleverser plusieurs traditions: réduire les impôts des particuliers et des sociétés, diminuer le niveau de réglementation dans plusieurs secteurs, notamment ceux de l’énergie et bancaire, revoir et possiblement réécrire les termes des ententes de libre-échange ainsi que les termes d’échanges avec plusieurs des partenaires commerciaux du pays, appliquer dans certains cas des tarifs commerciaux aux produits importés au pays, éliminer ou à tout le moins revamper Obamacare dans le secteur de la santé, investir massivement dans les infrastructures. Il semble que Trump a l’intention de gérer l’économie américaine comme l’homme d’affaires qu’il est, ce qui est à la fois excitant et inquiétant.

En théorie, la plupart des initiatives avancées par Trump et par son équipe seraient favorables pour les entreprises et l’économie américaine, à l’exception de celles qui concernent les échanges commerciaux avec d’autres pays tels que le Mexique, le Canada et la Chine.

Le problème est que nous ne pouvons pas vraiment savoir quelles initiatives de Trump seront réellement instaurées et, si elles le sont, à quel point elles seront édulcorées. Obamacare? Plusieurs observateurs soutiennent que Trump est plutôt susceptible de garder la loi, mais en y apportant des ajustements importants. Revoir l’ALÉNA? Il semble difficile de jeter à l’eau ce qui a pris des décennies à bâtir et qui a eu, dans l’ensemble, des résultats favorables. Des ajustements sont à prévoir. Investir massivement dans les infrastructures? Il y a le petit problème de la dette.

En somme, on sait ceci de Trump : il a un style très peu orthodoxe et il est prêt à tout remettre en question, quitte à se faire des ennemis au passage. S’il est une chose, j’anticipe que cela se traduira par une volatilité accrue sur les marchés boursiers. Ce ne seront peut-être pas les marchés dans leur ensemble qui seront plus volatils, mais certains secteurs qui pourraient être la cible d'une plus grande nervosité. Depuis le résultat électoral, on assiste d’ailleurs à une plus grande démarcation de performance entre les divers secteurs: le secteur financier a rebondi sensiblement alors que le secteur de la santé a écopé.

C’est de cette manière que je me prépare à la venue de Trump. La version tennistique de Trump est un peu comme John McEnroe: impulsif, imprévisible et irrespectueux, tout en pouvant se montrer très créatif, imaginatif et génial.

Pour l'investisseur qui pense à long terme, cette volatilité accrue pourrait créer des occasions intéressantes. En Bourse, incertitude égale volatilité… Et pour l’investisseur qui voit à long terme, la volatilité est sa partenaire préférée.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est président et chef des placements chez COTE 100, une boutique de gestion de portefeuille. Il est également éditeur de la Lettre financière par COTE 100, publiée mensuellement depuis 1988.

 

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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