SNC-Lavalin - de la réputation comme principal élément d'actif

Publié le 07/11/2014 à 14:04

SNC-Lavalin - de la réputation comme principal élément d'actif

Publié le 07/11/2014 à 14:04

(Photo: LesAffaires.com)

BLOGUE. La chute récente du titre de SNC-Lavalin m’a remis en mémoire une citation de Warren Buffett qui met en lumière un point particulièrement important dont devrait tenir compte tout investisseur et tout gestionnaire d’entreprise. Dans une lettre écrite à ses d’employés il y a plusieurs années, le p.d.-g. de Berkshire Hathaway écrivait : « Nous pouvons nous permettre de perdre de l’argent – même beaucoup d’argent. Mais nous ne pouvons nous permettre de perdre notre réputation – même pas une parcelle de notre réputation. »

Je me rappelle très bien qu’il y a deux ans, plusieurs investisseurs nous demandaient si la baisse du titre de SNC, précipitée par la divulgation de ses problèmes éthiques, représentait une occasion d’investissement. Après mûre réflexion, nous avons conclu que non. On dit souvent que dans l’industrie de l’ingénierie ou du conseil, les principaux éléments d’actif prennent l’ascenseur chaque jour. Sans minimiser l’importance du savoir-faire, j’ajouterais que les firmes du secteur doivent miser sur un autre élément d’actif tout aussi essentiel : la réputation. Comme on peut le constater chez SNC, lorsque la réputation d’une telle firme est remise en question, c’est tout son modèle d’affaires qui est remis en question.

Voici une autre citation de Buffett qui porte tout autant à réfléchir :

« Il faut 20 ans pour bâtir une réputation et 5 minutes pour la détruire. Si vous pensez à cela, vous ferez les choses différemment. »

Il n’est pas certain que la chute du titre de SNC soit directement liée à ses problèmes éthiques. La baisse récente du prix du pétrole et les prix faibles de la plupart des matériaux de base sont sûrement aussi à blâmer pour ses perspectives de croissance moins attrayantes. Mais lorsque l’on sait que la société a été radiée par la Banque mondiale pour 10 ans, on se rend compte que les problèmes éthiques de SNC ne se résorberont pas en criant ciseau.

Les grandes banques américaines

On dirait que chaque année, un nouveau scandale financier éclabousse quelques-unes des grandes banques américaines et que ceux-ci se soldent par le versement de plusieurs milliards $ au gouvernement américain. Récemment, les cinq plus grandes banques américaines ont accepté de verser 25 G$ pour les saisies abusives de maisons qu’elles auraient perpétrées pendant la crise financière de 2008-2009. À elle seule, Bank of America pourrait verser plus de 16 G$ au gouvernement pour des allégations de mauvaise conduite liée aux hypothèques résidentielles. Auparavant, la banque JP Morgan Chase a versé 13 G$ au gouvernement pour avoir vendu des hypothèques de mauvaise qualité.

En 2013, quelques grandes banques européennes et américaines ont dû verser 2,3 G$ pour leur implication dans la fixation des taux d’intérêt LIBOR. Figurent au nombre des banques impliquées : JP Morgan Chase, Citigroup et Deutsche Bank.

Récemment, on apprenait aussi que quelques grandes banques auraient été impliquées dans un scandale de fixation des prix des devises. On ne sait pas quelles sont ces banques mais on peut présumer que ce sera à peu près la même liste de suspects.

On peut effectivement détruire une réputation en cinq minutes. En revanche, tous ces scandales me portent à croire que lorsqu’une culture d’entreprise devient corrompue, il est très difficile et très long de la ramener dans le droit chemin. Les SNC, Bank of America, JP Morgan et Citigroup de ce monde ont une tâche colossale devant elles pour redorer leur blason. En tant qu’investisseur, je ne me sens pas obligé de participer à cet effort. Il y a amplement d’autres sociétés qui jouissent d’une excellente réputation.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

Conférences : En collaboration avec le Journal Les Affaires, mon collègue Marc L’Écuyer présentera une série de conférences gratuites en novembre, dans six villes du Québec. Le titre de cette conférence : « La Bourse demeure le meilleur véhicule pour s’enrichir à long terme… à certaines conditions. »

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100.

 

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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