Quand une transaction d'initié devient-elle significative? Trois exemples concrets

Publié le 28/11/2014 à 15:07

Quand une transaction d'initié devient-elle significative? Trois exemples concrets

Publié le 28/11/2014 à 15:07

Le PDG de Mediagrif, Claude Roy, a récemment acheté des actions de l'entreprise. (Photo: Guillaume Simoneau)

BLOGUE. Je me tiens régulièrement au fait des transactions d'initiés sur les titres canadiens, qui sont divulguées par l'Autorité des marchés financiers. Il est rare que j'y trouve des idées de placement intéressantes mais cela arrive à l'occasion. Voici les caractéristiques des transactions d'initiés qui attirent mon attention :

1- Les achats, pas les ventes. Il y a d'innombrables raisons qu'un initié se départisse des actions qu’il détient dans une entreprise. Ce peut être pour s'acheter un condo, pour régler les impôts qu'il doit payer à la suite de l'exercice de ses options, parce que son gestionnaire l'a convaincu qu'il possède trop d'actions de sa société et qu'il devrait diversifier ses actifs, etc. Par contre, je ne connais qu'une seule bonne raison pour acheter des actions : c'est parce que l'on croit que c'est un bon placement et que le prix est intéressant.

2- Les dirigeants et administrateurs, pas les fonds ou les gestionnaires. Je ne me préoccupe pas outre mesure des transactions effectuées par les gestionnaires, caisses de retraite ou fonds communs. Que la Caisse de dépôt du Québec achète des actions de Saputo ne me dit pas grand-chose. Par contre, si les dirigeants et les administrateurs en achètent, là c'est une tout autre histoire! Ce sont eux qui connaissent intimement les activités de leur société et leurs achats d'actions sont souvent instructifs.

3- Le nombre de dirigeants qui achètent. Un dirigeant qui achète, c'est bien mais plusieurs, c'est mieux.

4- Les sommes impliquées. L’achat par un dirigeant de 5 000 $ ou 10 000 $ d’actions ne constitue pas nécessairement un signal significatif (surtout compte tenu des salaires que la plupart d'entre eux font). Il faut en effet se rappeler que de nombreuses entreprises incitent leurs dirigeants et administrateurs à acheter des actions. Dans de tels cas, ils le feront mais les sommes en jeu ne seront généralement pas très élevées. En revanche, si les sommes impliquées sont de l’ordre de 100 000 $, ça commence à être intéressant.

5- Les achats ont lieu après la chute en bourse d'un titre. On voit parfois plusieurs achats effectués par des dirigeants après que le titre de la société qu'ils dirigent ait subi une forte correction. C'est dans ce cas un signal intéressant car cela signifie qu'ils croient que c'est une aubaine.

6- Certains initiés ont une bonne feuille de route. À force de suivre les transactions d'initiés et les dirigeants d'entreprises boursières, on réalise que certains d’entre eux ont un bien meilleur pif. Certains dirigeants sont non seulement d'excellents gestionnaires d'entreprise, ils sont aussi d'excellents investisseurs. Leurs achats d'initiés peuvent être très instructifs et... lucratifs pour ceux qui les imitent.

Trois exemples concrets

Voici quelques sociétés dont les transactions d'initiés récentes recoupent pour la plupart les caractéristiques que je viens d'énumérer.

Neptune Technologies & Biorressources (NTB). Vous avez probablement entendu parler de cette société qui produit de l'huile de krill et dont l'usine de Sherbrooke a été incendiée il y a plus d'un an. L'usine a été reconstruite et remise en service au cours des derniers mois. Pas moins de neuf dirigeants et administrateurs ont acheté des actions de la société à la mi-novembre à des prix variant de 1,93 $ à 2,19 $. Au total, ils ont acheté un peu plus de 95 000 actions. M. Pierre Fitzgibbon, son président du conseil, en a acheté 37 500 à 2,09 $ pour en détenir un total de 52 500.

Horizon North Logistics (HNL). Cette entreprise construit des camps pour les travailleurs de projets éloignés dans l'Ouest canadien. Comme la majorité des projets de la société touchent au développement des sables bitumineux, le titre a subi une forte correction récemment à la suite de la chute du prix du pétrole. J'ai toutefois noté que plusieurs dirigeants de la société ont acheté des actions depuis la fin d'octobre dont son président, Rod Graham, qui en a acheté 131 500 à près de 3,25 $, M. Kevin Nabholz, administrateur, qui a acquis 200 000 actions à un peu moins de 3,30 $ et un autre administrateur, Robert German, qui en a acheté 30 000 à 3,34 $.

Mediagrif (MDF). J'ai déjà écrit sur Mediagrif et sur le fait que ses dirigeants achètent des actions. Les dernières semaines nous donnent un autre exemple de tels rachats. M. Claude Roy, a acheté 3 000 actions à 18,00 $ à la mi-novembre. De plus, M. André Courtemanche, administrateur, en a acheté 2 000 à 17,88 $ pour en posséder 152 100.

Ces achats d'initiés ne font pas nécessairement de ces titres des achats. Néanmoins, de telles transactions devraient piquer la curiosité de nombreux investisseurs et les inciter à examiner ces titres de plus près.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100. COTE 100 possède des actions de Neptune et de Mediagrif dans certains de ses comptes sous gestion.

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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