Munger, un homme à l'esprit universel

Publié le 27/03/2015 à 15:21

Munger, un homme à l'esprit universel

Publié le 27/03/2015 à 15:21

Charlie Munger. (Photo: Bloomberg)

BLOGUE. Je continue ma lecture de «Poor Charlie’s Almanach» qui présente la façon de penser de Charlie Munger, grand investisseur et partenaire de longue date de Warren Buffett.

J’ai souligné la semaine dernière la capacité qu’avaient Charlie Munger et Warren Buffett de continuer à apprendre toute leur vie. Ils sont dans les deux cas de grands lecteurs qui continuent d’apprendre afin de devenir de meilleurs investisseurs.

Toutefois, dans le cas de Munger, apprendre pour devenir un meilleur investisseur ne se résume pas à se perfectionner en finance ou en investissement. Il recommande plutôt de diversifier ses connaissances le plus possible afin d’être en mesure de prendre des décisions d’investissement en fonction de modèles variés. Le terme qu’utilise Munger est celui de polymathe, personne aux connaissances multiples et approfondies. Il insiste entre autres sur la nécessité pour un investisseur de bien comprendre la psychologie humaine, en particulier les biais cognitifs qui font que les investisseurs prennent souvent la mauvaise décision. «Si vous voulez être un bon penseur, vous devrez habituer votre cerveau à sauter les frontières entre les diverses disciplines».

Munger considère les entreprises et le monde des affaires comme des écosystèmes, des systèmes très complexes sur lesquels influents de nombreux facteurs. Munger a ainsi développé ce qu’il appelle ses «modèles mentaux multiples» afin de lui permettre de bien cerner les principaux facteurs, souvent contradictoires, qui peuvent peser sur une entreprise. Il dit utiliser une centaine de modèles différents, empruntant de disciplines aussi diverses que l’histoire, la physiologie, les mathématiques, l’ingénierie, la biologie, la physique, la chimie et l’économie.

Munger précise qu’il est dangereux de prendre des décisions en n’utilisant toujours qu’un seul modèle. Selon lui, l’investisseur se doit «de connaître les principaux principes des grandes disciplines et les appliquer de façon systématique. La plupart des gens sont entraînés dans une seule discipline – l’économie, par exemple – et essaient de résoudre tous leurs problèmes d’une seule façon». Comme il le répète souvent, «si le seul outil que vous avez est un marteau, vous tendez à voir tout problème comme un clou» («To a man with a hammer, the world looks like a nail»).

Cette capacité qu’a Munger d’analyser une situation ou un titre boursier à l’aide de ses multiples modèles lui procure la structure analytique qui lui permet de réduire la complexité et la confusion d’un problème d’investissement en un ensemble clair de facteurs fondamentaux.

Parmi les grands principes qu’il recommande de bien comprendre, il mentionne celui des intérêts composés (mathématiques), phénomène dont Albert Einstein a dit qu’il était la «huitième merveille du monde», celui des probabilités (mathématiques), celui de la comptabilité, celui de la redondance (ingénierie), le darwinisme (biologie), la masse critique (physique), les avantages liés à la taille (microéconomie) et les diverses erreurs cognitives (psychologie).

J’admets que tout ceci semble plutôt compliqué. Mais à bien y penser, n’est-ce pas ce qu’on appelle communément le gros bon sens? Ceux qui en sont dotés, même s’ils ne sont pas toujours bardés de diplômes, semblent avoir cette capacité de prendre les bonnes décisions. C’est probablement parce qu’ils réfléchissent à un problème sous tous ses angles, consultent d’autres personnes d’expérience, et se réfèrent à leur bagage d’expériences personnelles.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100, une boutique de gestion de patrimoine, et éditeur de la Lettre financière COTE 100, publiée depuis 1988. Divers comptes sous la gestion de COTE 100 possèdent des actions de Berkshire Hathaway.

 

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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