MTY: la patience jumelée à l'opportunisme

Publié le 27/05/2016 à 15:56

MTY: la patience jumelée à l'opportunisme

Publié le 27/05/2016 à 15:56

Le titre du Groupe d'alimentation MTY s'est apprécié de près de 20% cette semaine pour atteindre près de 42,00$. Cette hausse fait suite à l'annonce de l'acquisition de Kahala Brands pour la somme de 300 M$ US.

Il faut dire que le succès boursier et financier de MTY ne date pas d'hier. De 2001 à 2015, ses revenus sont passés de 15,0 M$ à 145,2 M$ alors que ses profits par action sont passés de 0,06$ à 1,68$, ce qui représente un taux de croissance annuel composé de 26,9%. Comme le titre de MTY valait moins de 0,50$ au début de 2001, sa valeur a donc été multipliée par 84 en 16 ans, pour un rendement annuel composé de 32,4% (sans tenir compte des dividendes). 

Quels sont les facteurs qui peuvent expliquer le succès remarquable de cette société?

- Un beau modèle d'affaires. MTY est un franchiseur de plusieurs bannières de restauration rapide telles que Thaï Express, Croissant Plus, Madisons New York Grill & Bar, Sushi Shop et Manchu Wok. Je calcule que la société possède pas moins de 46 bannières de restaurants, ce qui lui assure des sources de revenus très diversifiées. En outre, le modèle de franchises nécessite relativement peu d’investissements en capital de la part de MTY et lui assure des revenus récurrents et relativement stables.

- Des dirigeants qui agissent comme des propriétaires. M. Stanley Ma, président et fondateur de la société, est aussi son plus important actionnaire, détenant, en date du 22 mars dernier, près de 4,9 M d’actions, soit 25,55% des actions en circulation. En 2015, la société lui a versé une rémunération totale d’un peu plus de 400 000$, ce que je considère comme très raisonnable pour une société qui a réalisé des profits nets de plus de 26 M$. Un bon indice de la qualité d’une équipe de direction est son souci de ne pas diluer l’avoir de ses actionnaires en émettant un grand nombre d’actions. Or, depuis 2002, le nombre d’actions de la société est passé de 15,2 M à 19,1 M, en hausse d’environ 25%, alors que ses revenus ont été multipliés par 7. En outre, phénomène rarissime, la société ne compte aucune option d’achat d’actions en circulation.

- Un grand conservatisme financier. La société a presque toujours eu un bilan très solide. À la fin de son plus récent trimestre, son encaisse surpassait sa dette de 26,8 M$. Pour financer l’acquisition de Kahala pour la somme de 300 M$ US, la société émettra 2,25 M de ses actions afin de réduire le risque lié à cet important déboursé.

- Un marché propice à la consolidation. Avec cette acquisition, MTY se positionne solidement sur le marché américain où le potentiel de croissance par acquisition nous semble substantiel. Elle laisse aussi entrevoir un éventuel développement du marché international.

- La patience. La majorité des transactions effectuées par MTY, les grandes acquisitions comme les plus petites, ont créé de la valeur pour ses actionnaires. Nul doute que le fait que la fortune de M. Ma (ses actions valent plus de 200 M$) soit investie dans le titre de MTY l’incite à demeure très discipliné quant à l’investissement du capital de la société.

- L’opportunisme. Comme le démontre la plus récente acquisition, mais aussi d’autres acquisitions d’envergure dans le passé, M. Ma sait à la fois être très patient et opportuniste. Il n’a pas peur de faire une acquisition substantielle lorsqu’elle correspond à ses critères d’acquisition et qu’elle offre un fort potentiel de création de valeur.

L'expérience d'un investisseur peut l'aider à identifier des similitudes entre les diverses sociétés qu'il a connues au fil des ans, à partir de ses succès et de ses échecs. Nous avons tendance à nous doter de schémas de référence et à rechercher des similitudes entre diverses sociétés. Or, je crois que l'on peut dresser des similitudes entre plusieurs sociétés de chez nous qui, comme MTY, ont connu et pourraient à mon avis continuer de connaître beaucoup de succès si elles restent fidèles aux principes qui ont fait leur succès. En voici quelques-unes: Alimentation Couche-Tard, Saputo, Groupe CGI, Lassonde, Mediagrif et Stella Jones. Dans chacun des cas, les dirigeants de ces entreprises ont su faire comme Stanley Ma : allier patience et opportunisme.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est président et chef des placements gestionnaire de portefeuille chez COTE 100, une boutique de gestion de portefeuille. Il est également éditeur de la Lettre financière par COTE 100, publiée mensuellement depuis 1988.

 

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

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