Les gens heureux n'ont pas d'histoire

Publié le 25/01/2019 à 15:22

Les gens heureux n'ont pas d'histoire

Publié le 25/01/2019 à 15:22

Un investisseur heureux.

(Photo: 123rf.com)

BLOGUE INVITÉ. Ma conjointe m’a cité cette phrase récemment, ce qui a piqué ma curiosité. Elle provient de l’auteur Leon Tolstoï, plus précisément de son roman Anna Karénine.

Elle me paraît tellement vraie. Avez-vous déjà lu un roman où tout se passait pour le mieux dans le meilleur des mondes? Avez-vous déjà regardé une télésérie où une famille est tout simplement... heureuse?

Il n’y a rien d’intéressant à dire sur les gens heureux! Pas d’histoire ou d’anecdote croustillante qui pourrait faire l’objet d’un roman. Les gens heureux n’ont pas d’histoire... c’est pourquoi on n’en parle pas. On préfère parler des gens qui connaissent des difficultés, qui divorcent, qui font faillite, qui tombent malades, qui perdent leur emploi ou dont les enfants abandonnent l’école. Voilà matière à roman.

On a besoin de telles histoires, même si elles sont généralement malheureuses. Peut-être est-ce parce que, en comparaison, ces histoires font paraître nos propres vies plus heureuses?

C’est sans compter les médias. Prenez quelques minutes pour glaner les manchettes de votre journal – la majorité des nouvelles sont négatives. C’est normal, il n’y a pas d’histoire à écrire sur un dirigeant qui fait bien son travail ou sur une entreprise qui va bien. Ne dit-on pas d’un bon dirigeant qu’il a une feuille de route «sans histoire»?

C’est la même chose pour la majorité des investisseurs. C’est plus fort que nous, nous devons sans cesse porter notre attention sur ce qui va mal. Si les rendements de votre portefeuille sont satisfaisants, toute votre attention se reportera sans doute sur le titre de votre portefeuille qui va mal.

Même chose pour notre appréciation du marché boursier: nous sommes sans cesse inquiétés par ce qui pourrait aller mal. Si Trump accapare l’attention de tous, c’est parce qu’il nous inquiète et qu’on craint sans cesse le pire. La fermeture temporaire des bureaux gouvernementaux, une guerre commerciale avec la Chine, des hausses à venir des taux d’intérêt – voilà le genre de facteurs qui attirent l’attention des investisseurs. On parle peu du fait que le marché, après sa correction récente, était évalué à un ratio d’évaluation qui correspond à peu près à son évaluation moyenne historique, alors même que les taux d’intérêt sont sensiblement inférieurs à la moyenne historique.

L’humain raffole des histoires. Il s’en raconte sans cesse et en fabrique souvent là où elles n’existent pas réellement. Mais avant tout, ce qui nous fait réellement tiquer, ce sont les histoires d’horreur, les malheurs.

Les investisseurs qui connaissent du succès en Bourse à long terme ne se content pas d’histoires et ne fabriquent surtout pas d’histoires malheureuses. «Les gens heureux n’ont pas d’histoire.»

 

Philippe Le Blanc

 

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