Le principe KISS appliqué à l'investissement

Publié le 18/09/2015 à 06:12

Le principe KISS appliqué à l'investissement

Publié le 18/09/2015 à 06:12

BLOGUE. Un des principes auxquels nous adhérons chez COTE 100 est le principe KISS - « Keep It Simple Stupid ». Si un placement est trop complexe, que la compréhension de ses produits qui y sont associés nécessite une maîtrise en physique ou en chimie pour les comprendre, mieux vaut passer et le laisser à un autre investisseur plus connaissant ou plus… téméraire.

Cette réflexion m’est venue lorsque j’ai réexaminé le dossier de la société Cipher Pharmaceuticals au cours des derniers jours. Nous avions en effet détenu ce titre pendant quelques mois dans le portefeuille de la Lettre financière COTE 100. Cipher est une petite société pharmaceutique canadienne spécialisée dans les produits dermatologiques.

Nous avions acheté le titre à près de 7,75 $ par action en juin 2014. À ce moment, la situation de l’entreprise était relativement simple. Elle comptait trois produits commercialisés dont un, Absorica/Epuris, utilisé pour traiter l’acné sévère, représentait plus de 80 % de ses revenus. La société était très rentable : Cipher avait dégagé des profits nets de 12,9 M$ en 2013, soit 0,50 $ par action, lesquels étaient en voie d’atteindre 19,7 M$ ou 0,75 $ par action en 2014 (sans impôts, en raison des pertes passées importantes). Plus important encore, la société n’avait pas de dette et possédait une encaisse de 34,5 M$, ce qui représentait 1,37 $ par action. Bien qu’il y avait des risques, en particulier ceux liés à la dépendance à un seul produit, ces risques semblaient plus que compensés par une évaluation fort raisonnable : 8,5 fois les profits prévus, en tenant compte de l’encaisse de la société.

Contrairement à notre habitude de conserver nos titres à très long terme, nous avons vendu nos actions de Cipher dans le portefeuille de la Lettre financière COTE 100 seulement cinq mois plus tard à plus de 15,00 $ pièce. Nous jugions alors que l’évaluation du titre était devenue trop élevée compte tenu des risques encourus.

Dix mois plus tard, la situation a complètement changé. Par suite de la venue d’un nouveau président dont le mandat est de faire de Cipher un leader nord-américain du marché de la dermatologie, la société a complété sept acquisitions depuis le début de 2015, ajoutant pas moins de 15 nouveaux produits à son offre dermatologique, dont trois sont déjà sur le marché. Ce faisant, elle a aussi mis la main sur une force de vente 31 représentants pharmaceutiques aux États-Unis. Elle a aussi altéré l’allure de son bilan puisqu’au 30 juin la société avait une dette équivalente à son encaisse.

Après toutes ces transactions, le titre s’échange à 6,45 $ et les profits par action prévus pour 2015 ne sont que de 0,06 $.

La complexité augmente avec le nombre de variables

Chez COTE 100, nous croyons qu’il est important d’investir à l’intérieur de son cercle de compétence. Aussi, plus il y a de variables qui peuvent influer sur la valeur d’une entreprise, plus sa complexité augmente, de même que son niveau de risque.

Ces sept acquisitions réalisées en moins de 6 mois par la direction de Cipher me laissent plutôt perplexe. Elles ont multiplié le nombre de variables pouvant influer sur la valeur de l’entreprise. À titre d’investisseur, je peux être en mesure d’évaluer un ou deux produits d’une entreprise, surtout si ces produits dégagent des revenus et sont rentables, mais en évaluer 19 dont 13 en sont à divers stages de leur développement me paraît loin au-dessus de mes compétences pharmaceutiques (qui sont très limitées).

L’investisseur KISS recherche des entreprises dont le modèle d’affaires est simple et soutenable à long terme. Il a aussi tendance à concentrer son portefeuille dans un nombre restreint de sociétés. Qui plus est, il garde ses titres à très long terme, limitant le plus possible le nombre de transactions effectuées et les coûts associés à ces transactions. Car si l’on y pense, plus l’on transige, plus l’on a de chances de faire des erreurs…

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est président et gestionnaire de portefeuille chez COTE 100, une boutique de gestion de patrimoine. Il est également éditeur de la Lettre financière COTE 100, publiée depuis 1988.

 

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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