Le phénomène FANG et l'aberration du S&P 500

Publié le 09/06/2017 à 15:49

Le phénomène FANG et l'aberration du S&P 500

Publié le 09/06/2017 à 15:49

Sauriez-vous repérer deux des quatre sociétés composant le FANG parmi ces applications?

BLOGUE INVITÉ. Une particularité de la plupart des indices est que le poids de chacune de leurs composantes est calculé en fonction de leur valeur boursière. Par exemple, un titre dont la capitalisation boursière est de 100 G$ aura un poids cinq fois plus grand dans l’indice S&P 500 que le titre dont la capitalisation boursière est de 20 G$.

Ce phénomène peut parfois mener à des aberrations lorsque les plus grandes sociétés de l’indice sont propulsées à la hausse (ou à la baisse). S’il est un indice bien diversifié, c’est certainement le S&P 500. Je rappelle que le S&P 500 est composé des 500 plus grandes sociétés publiques américaines. Rien à voir avec le S&P/TSX dont la composition est dominée par les grandes banques canadiennes et des titres de ressources naturelles.

L'effet FANG

Depuis le début de 2017, une poignée de titres technologiques a connu une forte progression en Bourse et comme il s'agit de certaines des plus grandes sociétés en termes de valeur boursière du S&P 500, ils ont eu un effet marqué sur la performance du S&P 500. Ainsi, aux États-Unis, quatre titres représentent à eux-seuls près de 7,7 % de l’indice américain. Ces titres sont tellement imposants qu’on a créé l’acronyme FANG pour les identifier: Facebook, Amazon, Netflix et Google (maintenant appelée Alphabet). Collectivement, leurs titres sont en hausse de 31,5 % depuis le début de 2017.

Le S&P 500 dans son ensemble est en hausse de 9,2% depuis le début de 2017. C’est donc dire que, grosso modo, les quatre titres FANG ont contribué environ 2,4 % du rendement de l’indice. Autrement dit, en enlevant quatre des 500 titres du S&P 500, on retranche près de 26 % du rendement du marché américain.

Mais il y a plus que les FANG. L’engouement qui les touche semble aussi avoir emporté d’autres titres du secteur technologique. Apple est un bon exemple. La société dont la capitalisation boursière est de plus de 800 G$ a vu son titre bondir de près de 35 % depuis le début de 2017. À lui seul, il représente 3,66 % de l’indice et a contribué 1,3 % au rendement du S&P 500 depuis le début de l’année.

En incluant Apple, cinq titres sur 500 (1 %) ont contribué 40 % du rendement du S&P 500 depuis le début de l’année.

Tesla est un autre exemple : le titre de cette société dont la capitalisation approche les 59 G$ a vu sa valeur exploser de 75,7 % depuis le début de l’année! Ou Microsoft, dont le titre est en hausse de plus de 16,5 % depuis le début de l’année.

Vers une autre bulle techno?

Y a-t-il une bulle dans le secteur technologique? Ou du moins, pour les quelques grandes sociétés qui ont réussi à dominer leur secteur? Il me semble que non. Le titre de Google s’échange à près de 25,0 fois les profits prévus de 2018. Apple, à 15 fois ses profits. Facebook, à un peu plus de 25,0 fois ses profits. Le titre de Netflix semble être sensiblement plus cher, à plus de 86,0 fois les profits prévus de 2018. Ces titres sont relativement chers, mais il m’apparaît beaucoup trop tôt pour parler de bulle.

Je me demande si le fait que tant d’investisseurs se tournent maintenant vers l’investissement indiciel ne pourrait pas avoir un impact sur ces titres qui accaparent déjà une proportion si importante des indices. Comme la saucisse Hygrade, le raisonnement peut devenir circulaire : les fonds indiciels achètent ces titres parce que leur poids devient plus important dans l’indice, ce qui fait monter la valeur de ces titres et mènent à plus d’achats de la part des fonds indiciels…

Notre chroniqueur Yannick Clérouin avait abordé le phénomène des déséquilibres causés par les FNB dans sa chronique Pourquoi vous pouvez (plus que jamais) battre le marché.

Dans le monde technologique, il semble que, de plus en plus, une ou deux sociétés réussissent à s’accaparer la plus grande part du gâteau. L’effet réseau semble y être pour beaucoup : le premier arrivé réussit à aller chercher un nombre de clients/abonnés important, ce qui attire les autres clients vers ce réseau et ne laisse que peu de place aux autres. C’est le phénomène du « winner takes all ».

Enfin, il y a deux façons pour l’investisseur d’envisager le pouvoir d’attraction des FANG. Il peut soit se dire qu’il les a manqués et qu’il se doit de participer à ce phénomène – en d’autres termes, joindre la parade. Ou il peut se dire que pendant que les FANG captent l’attention de la majorité des investisseurs, d’autres titres pourraient être délaissés, ce qui pourrait créer des occasions pour le chercheur d’aubaines.

C’est dans ce dernier camp que je me situe.

 

Philippe Le Blanc, MBA, CFA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est président et chef des placements chez COTE 100, une boutique de gestion de portefeuille. Il est également éditeur de la Lettre financière par COTE 100, publiée mensuellement depuis 1988.

 

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