Le meilleur moment pour investir dans une industrie naissante

Publié le 26/10/2018 à 14:17

Le meilleur moment pour investir dans une industrie naissante

Publié le 26/10/2018 à 14:17

Photo:123rf

BLOGUE INVITÉ. Combien y a-t-il de sociétés canadiennes actives dans le secteur du cannabis?

Je me suis livré à un petit jeu en fin de semaine (à chacun sa façon de s’amuser!). J’ai examiné la liste des titres canadiens ayant subi les plus fortes baisses au cours de la journée de vendredi (le 12 octobre) et tenté d’identifier toutes les sociétés liées de près ou de loin au secteur du cannabis. Mon but était de dénombrer les sociétés actives dans ce secteur au Canada. Même si je m’attendais à un nombre élevé, j’ai été surpris d’en compter 74! Et il est certain que cela sous-estime la vérité: ma liste exclut les titres de sociétés dont la valeur n’a pas baissé ce vendredi-là. Il doit bien y en avoir plus de 100. Au total, ces 74 sociétés cumulent une valeur boursière de quelque 64,5 G$.

Le phénomène de création d’une industrie est propre au capitalisme. Une nouvelle industrie se crée et aussitôt, de nombreux entrepreneurs y jettent leur dévolu dans l’espoir de faire fortune. Le capital afflue et les entreprises se multiplient. L’argent facile attire un grand nombre d’opportunistes, les sérieux comme les profiteurs. Avec le temps, une consolidation s’opère et le nombre de joueurs diminue inexorablement – les plus forts ou les plus chanceux résistent, les autres disparaissent.

On a vu ce phénomène dans le secteur ferroviaire aux États-Unis au 19e siècle. Un grand nombre de petits transporteurs ferroviaires avaient vu le jour, chacun avec son réseau régional ou local. Avec les années, l’industrie s’est largement consolidée et il ne reste aujourd’hui qu’une poignée de grands transporteurs dans le pays.

Le même phénomène s’est également produit dans l’industrie automobile. Selon Wikipédia, on comptait en 1908 pas moins de 291 marques de voitures aux États-Unis. Aujourd’hui, on parle du Big 3 de l’industrie automobile. C’est un peu la même chose en Chine présentement où l’on compte des dizaines de fabricants d’automobiles.

Plus près de chez nous, le même phénomène a eu lieu dans le secteur de la motoneige à la fin des années 1960. En 1971, il y avait plus d’une centaine de fabricants de motoneiges. Combien en reste-t-il aujourd’hui? Trois?

Quel est le meilleur moment pour l’investisseur d’investir dans une nouvelle industrie?

Au début? Évidemment, si vous avez la chance de tomber sur le bon cheval, le potentiel d’appréciation peut être gigantesque. Mais croyez-vous être en mesure d’identifier le bon joueur parmi cent sociétés qui se bousculent pour prendre la position de tête? Le risque me paraît tout aussi gigantesque, surtout que, à ce stade, comme on peut le voir dans l’industrie du cannabis au Canada, l’enthousiasme risque d’être à son comble, ce qui se traduira par des évaluations qui ne font pas nécessairement de sens économiquement parlant.

À mon avis, la phase avancée de la consolidation est plus propice. On a alors une meilleure idée de la taille du marché et de son potentiel de profit. De plus, on peut plus aisément identifier le ou les joueurs les plus susceptibles de survivre, voire de dominer. Enfin, les évaluations y sont généralement plus raisonnables, l’effet de nouveauté ayant alors disparu.

Force est d’admettre qu’on est encore loin de ce stade dans l’industrie du cannabis. Il y aura inévitablement des occasions d’investissement intéressantes dans le secteur au cours des années à venir. Personnellement, j’attendrais que le secteur ait atteint un stade plus avancé de maturité avant d’y investir. Il suffira alors d’identifier une société qui aura développé une marque de commerce reconnue ou d’autres avantages concurrentiels soutenables.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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