Le marché chinois chancelle

Publié le 09/07/2015 à 11:25

Le marché chinois chancelle

Publié le 09/07/2015 à 11:25

(Photo: Bloomberg)

BLOGUE. Un proverbe chinois dit «la mer la plus profonde a un fond, la montagne la plus haute a une cime». Il me semble que ce proverbe s’applique bien à l’évolution du marché chinois au cours des derniers mois.

En effet, le marché chinois tel que représenté par le CSI 300, indice des 300 plus importantes sociétés chinoises cotées en bourse, a perdu plus de 30% de sa valeur depuis son récent sommet atteint à la mi-juin. Il avait toutefois littéralement explosé au cours des 12 mois précédant la récente correction, alors que le même indice s’était apprécié de près de 150%. Après sa chute, l’indice est toujours en hausse de 68% sur un an.

Un feu attisé par les appels de marge

Il semble évident que la chute du marché a été accélérée par le même facteur qui avait contribué à sa forte progression: l’investissement sur marge. Selon le Wall Street Journal, il y avait le mois dernier près de 350 G$US de dette sur marge, deux fois plus qu’au début de l’année. Les appels de marge auraient précipité la chute au cours des derniers jours, malgré les efforts frénétiques du gouvernement chinois pour renverser la situation. Il semblerait que des entreprises chinoises auraient même donné des actions en garantie pour obtenir des prêts bancaires! Selon Nomura Securities, ces prêts surpasseraient 80 G$US.

Cette situation me rappelle la chute brutale et rapide du marché nord-américain en octobre 1987, qui avait elle aussi été accentuée par les appels de marge et par les programmes de transactions automatisées.

L’utilisation de la marge pour investir est un couteau à deux tranchants. Elle peut donner des airs de génie à un investisseur lorsque les marchés sont à la hausse comme ce fût le cas au cours de la dernière année en Chine. En revanche, elle peut rapidement devenir un véritable enfer lorsque les marchés piquent du nez et que l’on reçoit des appels de marge…

Lors de l’assemblée annuelle de Berkshire Hathaway en mai dernier, une personne venant de Chine avait demandé à M. Buffett si ce dernier croyait qu’il était possible d’appliquer les principes d’investissement axé sur la valeur au marché boursier chinois. M. Buffett avait répondu «que ces principes d’investissement ne connaissaient pas de frontières.» De son côté, Charlie Munger avait mentionné que la Chine bénéficierait énormément à long terme de la transformation d’une culture de spéculation en une culture davantage axée sur les principes de «valeur» et sur le long terme.

Malgré les difficultés actuelles de l’économie et du marché boursier chinois, je demeure convaincu du potentiel de croissance à long terme de la Chine. Je crois néanmoins que la meilleure façon de participer à cette croissance est d’investir indirectement en Chine, c’est-à-dire dans des entreprises nord-américaines qui sont présentes en Chine et en Asie comme Coca-Cola, Colgate, Visa ou McDonald’s. L’achat des titres de telles entreprises comporte sensiblement moins de risques que celui de titres de sociétés chinoises. L’autre façon facile de réduire sensiblement le risque est de ne pas emprunter pour investir.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est président et gestionnaire de portefeuille chez COTE 100, une boutique de gestion de patrimoine. Il est également éditeur de la Lettre financière COTE 100, publiée depuis 1988.

 

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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