La volatilité est de retour. Enfin!

Publié le 10/02/2018 à 06:10

La volatilité est de retour. Enfin!

Publié le 10/02/2018 à 06:10

Photo:123rf

Le marché boursier a subi au cours des derniers jours sa première correction depuis le début de 2016. Si on prend l’indice du S&P 500, celui que je considère comme le plus représentatif du marché américain, il accusait en date de la fermeture des marchés du 8 février une baisse de 10,2% par rapport à son sommet récent datant du 26 janvier dernier. Pour ma part, je dis «enfin»!

Cette correction, comme toute correction d’ailleurs, a, à mon avis, refréné certains excès qui commençaient à émerger dans les marchés au cours des derniers mois.

Curieusement, un de ces excès était une volatilité particulièrement faible des marchés boursiers depuis quelques années. L’indice VIX est une mesure de la volatilité du marché (plus il est élevé, plus la volatilité du marché est élevée). Il donne également une bonne indication du niveau de nervosité des investisseurs. Au cours des nombreux derniers mois, il se chiffrait à près de 10,0, son plus bas niveau depuis le début des années 1990. Or, il a littéralement explosé au cours des derniers jours pour atteindre plus de 37,0 lundi dernier (le 5 février). La dernière fois qu’il avait été aussi élevé remonte à septembre 2011 (près de 43,0) alors que le gouvernement américain n’avait pas réussi à relever le plafond de sa dette et que cette dernière avait été décotée par Standard & Poors. Incidemment, c’est aussi à cette époque que remontait la correction boursière précédant celle de 2016.

La volatilité, tout comme les corrections boursières, fait partie de la vie des investisseurs boursiers. Ce qui était anormal est qu’elle ait été si faible au cours des nombreux derniers mois, ce qui a fort probablement procuré un faux sentiment de confort à bien des investisseurs qui semblaient avoir oublié les risques inhérents à l’investissement boursier.

Je considère que la correction récente et le retour de la volatilité sont des cadeaux pour deux raisons:

Premièrement, une hausse du niveau de spéculation n’est jamais bienvenue pour des investisseurs «valeur» qui pensent à long terme comme nous. À mon avis, il devient alors plus difficile de surpasser les rendements des marchés lorsque ce sont les titres plus risqués qui attirent le plus l’attention des investisseurs.

Mais pour les investisseurs prudents, c’est typiquement dans des marchés baissiers ou plus difficiles qu’ils réussissent à surpasser sensiblement les marchés boursiers. Comme l’a déjà dit Warren Buffett, «c’est lorsque la marée redescend que l’on peut voir qui se baignait nu». Je me souviens pertinemment que nous avons connu nos meilleures années de performance relative pendant la crise de 2008-2009 et les quelques années qui l’ont suivie.

Deuxièmement, la volatilité accrue pourrait créer des occasions pour les investisseurs en quête d’aubaines. Nous avions justement beaucoup de difficultés à dénicher des occasions parmi les titres de sociétés de qualité au cours des nombreux derniers mois. Cette situation pourrait finalement être sur le point de changer.

Lors de corrections comme celle que nous traversons, j’estime également que l’investisseur qui pense à long terme a un avantage indéniable sur celui qui pense à court terme. Celui qui a un horizon de 10 ou 20 ans devant lui n’est pas inquiété outre mesure par une baisse de 10% des marchés. En revanche, pour celui qui vise à obtenir de forts rendements au cours des six prochains mois, la baisse récente est particulièrement difficile à avaler… surtout s’il a commencé à investir récemment.

Je crois aussi qu’il est beaucoup plus facile pour un investisseur qui a une bonne idée de la valeur des titres des sociétés qu’il ou elle détient dans son portefeuille de traverser les corrections de marché. Dans une telle situation, les prix de ses titres baissent, mais il sait que leur valeur ne change pas vraiment. De fait, c’est dans les corrections boursières qu’on se rend compte que la valeur et le cours d’un titre sont souvent deux notions distinctes.

C’est sur ces valeurs qu’il faut se concentrer et, si le marché fait tomber les prix sensiblement sous ces valeurs, ne pas avoir peur d’en profiter pour investir davantage. C’est dans ces moments que le rigoureux travail d’analyse effectué dans le passé pour construire son portefeuille prend toute sa valeur.

Une correction fait inévitablement baisser les prix de vos titres et la valeur de votre portefeuille, mais pour celui qui ne panique pas et qui reste calme, elle améliore aussi sensiblement les perspectives de rendements futurs de ce même portefeuille. Cette manière d’envisager une correction boursière la rend beaucoup moins préoccupante.

 

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
Sujets liés

Bourse

Blogues similaires

Immobilier: un marché qui vous empêche de dormir?

Édition de Mars 2024 | Denis Lalonde

BILLET. Selon la Banque Nationale, l’accessibilité au logement au 4e trimestre de 2023 s’est détériorée au Canada.

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

La baisse du PIB par habitant ne doit pas inquiéter, mais...

25/03/2024 | Pierre Cléroux

EXPERT. Depuis 2020, soit au début de la pandémie, le PIB par habitant a diminué de 1,3% par année au Canada.