La performance du marché canadien décortiquée

Publié le 09/12/2016 à 09:38

La performance du marché canadien décortiquée

Publié le 09/12/2016 à 09:38

Photo:123rf

Je me fie peu aux indices boursiers dans la gestion de portefeuille. J’ai toujours été d’avis que, à long terme, la sélection de titres de qualité primait sur tout le reste. Les critères utilisés par Standard & Poor’s pour déterminer quels titres font partie de l’indice S&P/TSX sont fondés sur la taille d’une entreprise et sur leurs volumes transactionnels.

Je préfère me concentrer sur les facteurs susceptibles de se traduire par des rendements attrayants à long terme; à cet égard, la capitalisation ou le volume d’un titre sont à mon avis des critères très secondaires. Qu’un titre fasse partie d’un indice boursier n’est pas une raison valable de l’acheter.

Cela dit, j’aime bien à l’occasion analyser l’indice canadien afin de me faire une idée de la performance générale du marché, des secteurs qui font bien et de ceux qui tirent de la patte. J’aime bien aussi savoir quels sont les titres qui ont le mieux performé et ceux qui ont connu les plus fortes baisses. Je viens de me prêter à cet exercice alors que le moment s’y prête plutôt bien, à quelques semaines de la fin de 2016 et en plein dans la période des pertes fiscales. Voici donc ce que je constate en examinant la performance et la composition du S&P/TSX depuis le début de 2016 jusqu’au 2 décembre 2016:

- Le marché canadien a particulièrement bien fait avec un rendement de 15,7% depuis le début de l’année ou de 18,9% pour le TSX Total, lequel inclut les dividendes. C’est sensiblement mieux que le marché américain: pour la même période, le Dow Jones Industrial Average est en hausse de 10,0%, le S&P 500, de 7,2%, le Nasdaq, de 5,0% et le Russell 2000 (un indice de plus petites sociétés), de 15,7%. Après un début d’année particulièrement difficile, qui aurait pu croire que nous connaîtrions une telle année de rendements boursiers!

-Quatre secteurs (sur 11) du marché canadien ont particulièrement bien fait: les matériaux, avec une hausse de 40,7%, l’énergie (29,4%), l’industriel (20,9%) et les financières (15,7%).

- Incidemment, ces quatre secteurs sont les plus importants de l’indice canadien et représentent à eux-seuls 77,1% de l’indice: les financières, à 34,6% de l’indice, l’énergie à 21,4%, les matériaux à 12,1% et les industriels à 9,0%.

- Très peu de titres de l’indice canadien ont subi des baisses en 2016. Sur les 246 titres qui le composent, 47 titres ont subi des baisses en 2016, soit près de 1 titre sur 5 (19,1%). Mais seulement 16 titres (6,5%) ont subi des baisses de 15% ou plus.

- Comme la période des pertes fiscales bat son plein, les titres qui ont perdu le plus de valeur en 2016 pourraient subir des pressions accrues d’ici la fin de 2016. Les 16 titres de l’indice canadien qui ont perdu au moins 15 % de leur valeur sont les suivants:

  • Valeant Parmaceuticals – 85,4%
  • Corporation DH – 42,0%
  • Prometic Lifesciences – 31,3%
  • Enghouse Systems – 29,0%
  • Empire – 28,6%
  • Canfor – 27,9%
  • Martinrea International – 27,2%
  • Cameco – 26,7%
  • Linamar – 26,7%
  • Just Energy – 24,8%
  • Colliers International – 22,2%
  • Blackberry – 21,7%
  • MacDonald Dettwiler – 20,5%
  • DHX Media – 19,7%
  • Western Forest Products – 18,1%
  • Hudson’s Bay – 17,7%

- Les secteurs et sous-secteurs qui ont connu une année difficile sont ceux des produits pharmaceutiques, avec une baisse de – 83,9% (le secteur ne compte que Valeant et Prometic), des équipements informatiques (– 21,7%), des équipements de communications (– 9,3%), des produits forestiers et du papier (– 8,9%), des produits de consommation durables et vêtements (– 6,9%), des marchés des capitaux (– 5,0%), des pièces automobiles (– 4,8%) et des sociétés financières diversifiées (– 4,0%).

Comme je l’ai dit plus haut, je regarde rarement la composition de l’indice canadien. Par contre, ma fibre «contrarian» me pousse à identifier régulièrement les secteurs ou les titres qui performent le moins bien. C’est souvent parmi ceux-ci qu’on peut dénicher des occasions intéressantes. J’ajouterais toutefois un gros bémol: ces titres qui ont le plus baissé ne sont pas toujours des achats intéressants. Il importe de s’assurer que ces sociétés ont des modèles d’affaires attrayants, qu’elles sont en bonne santé financière et que leur titre est évalué raisonnablement. Dans bien des cas, les baisses de ces titres sont entièrement justifiées!

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est président et chef des placements chez COTE 100, une boutique de gestion de portefeuille. Il est également éditeur de la Lettre financière par COTE 100, publiée mensuellement depuis 1988.

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
Sujets liés

Bourse

Blogues similaires

Bourse: d'excellents rendements grâce aux «5 magnifiques»

BALADO. Microsoft, Nvidia, Amazon, Alphabet et Meta Platforms ont généré 40% des gains du S&P 500 au premier trimestre.

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

La baisse du PIB par habitant ne doit pas inquiéter, mais...

25/03/2024 | Pierre Cléroux

EXPERT. Depuis 2020, soit au début de la pandémie, le PIB par habitant a diminué de 1,3% par année au Canada.