La missive annuelle de Buffett

Publié le 12/03/2016 à 08:26

La missive annuelle de Buffett

Publié le 12/03/2016 à 08:26

Warren Buffett. (Photo: Bloomberg)

BLOGUE. Avez-vous lu la dernière lettre aux actionnaires de Warren Buffett? Chaque année, le rapport annuel de Berkshire Hathaway est une lecture à la fois enrichissante et divertissante.

Voici les principaux points que j'ai retenus de sa plus récente version :

- La valeur comptable de Berkshire Hathaway a augmenté de 6,4% en 2015, alors que le S&P 500 a offert un rendement de 1,4% incluant les dividendes. Encore plus intéressant, le titre de Berkshire Hathaway a perdu 12,5% de sa valeur en Bourse pendant l'année. De toute évidence, la performance du titre n'a pas suivi la performance économique de l'entreprise en 2015.

- Buffett mentionne que Berkshire Hathaway est aujourd'hui très différente de ce qu'elle était au cours des premières décennies. Avec le temps, la valeur des sociétés détenues et contrôlées par l'entreprise a pris le dessus sur celle de son portefeuille d'actions minoritaires. Puisque les règles comptables veulent que la valeur des investissements en actions de Berkshire soit celle du marché alors que seul le coût des entreprises qu'elle contrôle est comptabilisé, la valeur comptable de la société sous-estime de beaucoup sa véritable valeur. Comme l'écrit Buffett, «maintenant, la valeur intrinsèque de Berkshire Hathaway surpasse largement sa valeur comptable.»

- Les sociétés de Berkshire Hathaway ont affiché une bonne performance financière en 2015. Les cinq plus importantes entreprises du groupe, soit BNSF, Berkshire Hathaway Energy, Marmon, Lubrizol et Izcar ont collectivement enregistré des profits de 13,1 G$, en hausse de 650 M$ par rapport à 2014. Buffett et Charlie Munger prévoient que Berkshire Hathaway sera en mesure d'augmenter sa capacité de réaliser des profits normalisés chaque année dans le futur. Ce qui ne veut toutefois pas dire que les profits qu'elle déclarera augmenteront chaque année.

- Contrairement à ce que plusieurs politiciens martèlent, Buffett croit que les perspectives économiques à long terme des États-Unis sont très bonnes : «les bébés qui naissent aujourd'hui aux États-Unis sont la cohorte la plus chanceuse de l'histoire.» Même si la croissance économique est moins rapide que par le passé, selon Buffett, une croissance économique de 2% couplée à une croissance démographique annuelle d'environ 0,8% se traduira par un enrichissement annuel de 1,2% per capita. Avec les années, un tel taux d'enrichissement annuel se traduira par un enrichissement considérable de la population.

- Buffett invite les investisseurs à se méfier des sociétés qui publient des profits «pro forma». En particulier, il condamne celles qui excluent les dépenses associées à la rémunération provenant du versement d'options. «Si une rémunération n'est pas une dépense, qu'est-elle? Et si une dépense réelle et récurrente ne va pas dans l'état des résultats d'une entreprise, où diable devrait-elle aller?»

- Bien que les hausses de productivité soient souvent à l'origine d'importants bouleversements pour les travailleurs, Buffett affirme qu'elles sont la source d'un accroissement général de la prospérité à long terme et il illustre son point de vue à l'aide de quatre exemples concrets et percutants. Ainsi, en 1900, le secteur agricole étasunien comptait 11 M de travailleurs, soit 40% de la population active, qui produisaient 2,7 G de boisseaux («bushels») de maïs en exploitant une superficie de 90 M d'acres de terres agricoles. Aujourd'hui, le même secteur exploite 85 M d'acres pour produire de 13 à 14 G de boisseaux de maïs en mobilisant un effectif de seulement 3 M de personnes, soit environ 2% de la population américaine.

De tels gains de productivité se sont produits dans de nombreux secteurs de l'économie et il est inévitable que certaines des personnes qui perdent leur emploi lorsque leurs habilités sont remplacées par de nouvelles technologies ou par de nouvelles façons de faire aient de la difficulté à se replacer. Pour celles-ci, Buffett croit que «la solution consiste à prévoir une variété de filets sociaux visant à procurer une vie décente à tous ceux qui sont prêts à travailler mais dont les talents spécifiques sont peu valorisés en raison des forces du marché.»

- Pour ce qui concerne les changements climatiques, il écrit : «Il me paraît hautement probable que les changements climatiques posent un risque majeur pour la planète.» Il estime en outre qu'il serait irresponsable d'exiger une preuve à 100% de l'existence d'un danger imminent avant de tenter de remédier la situation.

Ce sont les points qui m'ont le plus marqué, mais, encore une fois, Buffett nous présente une lettre que tous les investisseurs et gens d'affaires devraient lire.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est président et chef des placements chez COTE 100, une boutique de gestion de portefeuilles. Il est également éditeur de la Lettre financière COTE 100, publiée depuis 1988.

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

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