L'humilité est essentielle en Bourse

Publié le 13/04/2018 à 13:58

L'humilité est essentielle en Bourse

Publié le 13/04/2018 à 13:58

Photo:123rf

Si vous voulez une bonne leçon d’humilité, je connais peu de domaines aussi efficaces que la Bourse. Peu d’endroits vous remettront les deux pieds sur terre aussi sûrement.

Même les plus grands investisseurs ont connu et connaîtront des échecs et des périodes difficiles. J’ai en tête l’exemple de Bill Miller, un investisseur «valeur» bien connu des milieux financiers. Pendant 15 années consécutives, de 1991 à 2005, le portefeuille géré par Miller chez Legg Mason (Value Trust) a surpassé le S&P 500. Quand on pense qu’environ un gestionnaire sur quatre réussit à battre le marché chaque année, réussir à le faire 15 ans de suite relève de l’exploit. Il y a plus de 10 ans, Miller était considéré comme l’un des plus grands, sinon le plus grand, gestionnaire de sa génération.

Mais lorsque la crise financière de 2008-2009 est survenue, le portefeuille de Miller, largement investi dans des titres bancaires, a écopé lourdement. En 2008, il accusait une baisse de 55%. Les investisseurs de son fonds ont quitté le bateau en grand nombre et ses actifs ont fondu, passant de 20 G$ en 2007 à 2,4 G$ en 2011, année où Miller a quitté Legg Mason pour lancer sa propre firme, Miller Value Partners.

Fidèle à son habitude d’investir dans les titres de sociétés les plus controversés, il a fortement investi dans plusieurs titres de sociétés financières lorsque les problèmes du marché immobilier ont commencé à faire surface aux États-Unis, quelque temps avant la crise financière. Pire, il a continué à acheter des titres tels qu’American International Group (AIG), Wachovia, Bear Stearn et Freddie Mac. On connaît la suite…

Devant une telle situation, je ne peux m’empêcher de me rappeler cette citation de Warren Buffett: «Au fil des ans, de nombreuses personnes très intelligentes ont appris à la dure qu’une série de rendements impressionnants multipliés par un seul zéro égale toujours zéro.»

Considérant sa feuille de route exceptionnelle, Miller aurait-il été trop sûr de lui-même, voire trop arrogant?

L’humilité est une qualité essentielle pour réussir en Bourse à long terme. Ceux qui y réussissent pendant un certain temps ont souvent tendance à se laisser emporter par des excès de confiance qui les mènent à prendre des risques indus. À terme, cela ne peut que mener au désastre.

Comment un investisseur trop confiant risque-t-il de commettre de coûteuses erreurs?

Il pourrait en venir à croire qu’il peut prévoir les fluctuations boursières.

Il pourrait en venir à croire qu’il peut identifier les secteurs qui procureront les meilleurs rendements au cours des prochains mois.

Il pourrait investir une proportion trop importante de son portefeuille dans un titre ou dans les titres d’un même secteur. N’est-ce pas le péché commis par Miller en investissant lourdement dans tant de titres du secteur bancaire au cours des années précédant la crise financière?

Il pourrait en venir à croire qu’il a trouvé une méthode infaillible de faire de l’argent en Bourse.

Il pourrait en venir à vouloir amplifier ou accélérer ses rendements en utilisant l’effet de levier, la dette, pour investir.

Avant d’être forcé de revenir sur terre de la manière la plus douloureuse (comme Miller), l'investisseur devrait apprendre à se poser une question fondamentale concernant ses investissements et son portefeuille: et si j’avais tort?

Car tôt ou tard, tous les investisseurs, même les meilleurs, se trompent. La Bourse est un jeu de probabilités – personne n’a raison à tout coup. Pour réussir, il s’agit d'avoir raison un peu plus souvent qu'on a tort et de s’assurer que nos erreurs ne nous coûtent pas trop cher.

Êtes-vous coupable d’excès de confiance?

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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